Grande Bretagne - 25 février 2006

Quel crime a commis Ken Livingstone ? En soutien à mon maire.

Par Gilad Atzmon

Ken Livingstone a été suspendu hier pour un mois avec plein salaire de son poste de maire de Londres pour avoir comparé un reporter juif avec un gardien de camp de concentration nazi. Une fois de plus, certaines libertés humaines fondamentales sont sacrifiées au nom de la dignité juive.
Et la question qui doit être posée est pourquoi renonçons-nous à nos droits élémentaires si facilement ?

Pourquoi un chien de garde gouvernemental britannique suspend-il notre adorable maire de Londres simplement parce qu¹il a heurté la sensibilité d¹un journaliste, qui se trouve être juif ?

Le maire a été absolument correct en exprimant sa réaction face à cet outrage : "Cette décision atteint le coeur même de la démocratie. Des politiciens élus ne devraient pouvoir être destitués que pas les électeurs ou pour avoir violé la loi."

Et il a ajouté : "Trois membres d¹un organisme que personne n¹a élu ne devraient pas être autorisés à passer par-dessus la tête de millions d¹électeurs londoniens."

Mon très cher maire, vous avez sans doute raison, ces trois individus n¹expriment pas la volonté du peuple. La démocratie britannique vient de prendre une terrible claque. Mais c¹est que - et vous devez l¹avoir compris, désormais - les intérêts et sensibilités juifs sont extrajudiciaires.
Mieux, ils sont au-delà de tout ordre démocratique reconnu.

Apparemment, le maire fait fort bien son boulot. Les Londoniens l¹aiment bien, ils l¹ont réélu pour un second mandat et le rééliront sans doute pour un troisième. Non seulement cela, mais le maire est absolument grandiose dans son travail et il est un magnifique éducateur.

À une époque où le Premier Ministre Blair fait son maximum pour transformer le soi-disant "clash des cultures" en guerre mondiale, c¹est le maire Livingstone qui répand un message de paix et d¹espoir.

Il y a quelques mois, quand Londres a été frappée par une vague dévastatrice de terreur, c¹est Livingstone qui s¹est dresé, diffusant un message de réconciliation et d¹amour.

De toute apparence, Ken Livingstone est l¹unique politicien britannique qui ait réussi à intérioriser le sens réel de la multiethnicité et du puralisme culturel. Étant ce qu¹il est et disant ce qu¹il dit, le maire s¹est donc fait de nombreux ennemis dans l¹obscurcissement accéléré de la politique britannique.

Pourtant, le maire jouit du soutien populaire. Je suis totalemnt convaincu que les Londoniens vont poser les questions nécessaires : pourquoi exactement notre maire a-t-il été suspendu ?

A-t-il commis un délit ? Si oui, en quoi consisait-il exactement ?

Ceux des Londoniens qui sont encore capables d¹une pensée idéologique critique sont en droit de se demander pourquoi nous sommes en train de jeter aux orties nos fameuses valeurs démocratiques pour un journaliste grossier et idiot qui se trouvait être juif.


Certains de mes alliés intellectuels vont proclamer que ce récent acte non-démocratique au coeur de la démocratie brtannique prouve sans aucun doute que le "pouvoir juif" est en train de prendre le dessus. J¹ai mes doutes là-dessus.

Je ne suis pas convaincu que la Grande-Bretagne est dirigée par des Juifs, pas pour l¹instant du moins. Mais je crois que le fait de prendre la défense de Juifs et des intérêts juifs est quelque chose que l¹establishment britannique s¹impose de lui-même.

J¹ai tendance à croire que les actes pro-juifs dont nous avons été les témoins hier à Londres, et la semaine dernière en Autriche [la condamnation de David Irving à 3 ans de prison, NDT] ne sont pas tout à fait l¹expression d¹un quelconque philosémitisme authentique.

De fait, ce pourrait même être l¹exact contraire. Ces actes visent à camoufler un sévère antagonisme.

Plus les Ocidentaux ordinaires désapprouvent la colonisation de la Palestine par l¹État juif, plus ils éprouvent de mépris pour le Sionisme, plus ils remettent en cause le discours historique officiel du sionisme et plus ils se sentent coupables pour leur mépris.
Dans une certaine mesure, plus nous haîssons intimement et plus nous soutenons et sympathisons extérieurement.

Le soutien apporté aux intérêts juifs vise à camoufler un embarras grandissant.
Ce modèle était plutôt évident dans l¹Allemagne pré-nazie. Au cas où on voudrait vraiment apprendre du passé, il y a là une leçon historique claire.

Alors que les leaders britaniques juifs se plaignent généralement de l¹émergence de l¹antisémitisme dans le royaume, je leur suggèrerais d¹être doublement inquiets de leur plus récente victoire.



Déclaration de Ken Livingstone au ledemain de l'affaire : "Il s'agit d'Israël : rien à voir avec l'antisémitisme"


* Traduit de l¹anglais par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pur la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette traduction est en Copyleft.

Source : http://www.counterpunch.org/

Traduction : Fausto Giudice*