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Bethléem - 24 mai 2008
Par Tamer Halaseh
Le mur de séparation a complètement bouleversé le tissu social de la communauté de Sawahreh puisque les familles sont maintenant séparées par un mur de béton de 8 mètres de haut.
Les enfants sont privés d'un environnement stable car ils doivent franchir des checkpoints de contrôle et trouver des petits passages dans le mur sans surveillance pour aller chaque jour à l’école.
Carte ARIJ : Les villages palestiniens au sud de Jérusalem séparés entre eux par le Mur d'Apartheid, les checkpoints et l'énorme colonie de Maale Adumin et le projet E1 (agrandir la carte)
La ville de Sawahreh Est se trouve à environ 4 km au sud-est de la ville de Jérusalem. C’est, en fait, une banlieue de Jérusalem. Pourtant, en 1967, lorsque l'occupation israélienne a divisé la Cisjordanie en districts administratifs, le village de Sawahreh-Est a été intégré au district de Bethléem.
Sawahreh-Est a une population de plus de 7000 habitants. Il y a deux écoles secondaires, une école de garçons et une école de filles, 2 jardins d'enfants, 3 centres de santé.
La ville a élu un conseil municipal, composé de 11 membres dont deux femmes. Selon des statistiques palestiniennes, Sawahreh Est a toujours été l’une des villes ayant un grand nombre de personnes alphabétisées, beaucoup de ses habitants sont titulaires d'un diplôme universitaire, et nombre d’entre eux travaillent comme enseignants, infirmières, médecins, ingénieurs, etc, ce qui permet d’assurer aussi bien les besoins locaux que régionaux.
Avant 1967, les habitants de Sawahreh vivaient dans une région qui s’étendait de Jérusalem à la Mer Morte. Ces terres représentaient environ 72 kilomètres² et aujourd’hui il reste moins de 10% en raison de la confiscation de terres pour des raisons de sécurité ainsi que pour les colonies et dernièrement, pour la construction du mur d'Apartheid.
Cette communauté a, par la suite, été divisée par l'occupation israélienne en trois parties :
Sawahreh-Est qui fait partie de la Cisjordanie et dont la population possède des cartes d'identité cisjordaniennes,
Sawahreh-Ouest connu également sous le nom de Jabal Al-Mukaber qui est devenu une banlieue de Jérusalem sous administration de la municipalité israélienne de Jérusalem qui a accordé à la population des papiers d’identité de Jérusalem,
et enfin, le quartier Sheikh Sa'ed qui se trouve entre Sawahreh Est et Ouest et fait partie de la Cisjordanie et dont la population possède des cartes d’identité cisjordaniennes.
Les habitants de Sawahreh dans ces trois parties dépendent quotidiennement de la ville de Jérusalem. Ce lien particulier est issu de siècles d’appartenance culturelle, sociale, économique et spirituelle à cette ville.
Les habitants de Sawahreh se considèrent comme appartenant à la ville de Jérusalem, le coeur de la Palestine. Toutefois, l'occupation israélienne a constamment tenté de couper ce lien. Ironiquement, ces tentatives ont augmenté pendant le processus de paix puisque les checkpoints sont devenus un aspect dominant dans la vie des Palestiniens.
Toutefois, la dernière initiative des autorités israéliennes, la construction du mur de séparation, a re-configuré l'ensemble du paysage palestinien et a porté atteinte à leur sens de l'espace. Cela a, en outre, des effets dévastateurs sur la structure sociale de la communauté palestinienne, son économie, sa culture et sur l'avenir de tout éventuel possible accord de paix.
La communauté de Sawahreh n'a pas échappé au Mur. Sawahreh-Est et Sheikh Sa'ed sont situés désormais du côté cisjordanien du Mur alors que Sawahreh-Ouest se retrouve de l’autre côté.
Différentes formes d'interactions sociales entre ces communautés ont mené à une fusion sociale de ces trois secteurs, ce qui leur a permis de surmonter les barrières politiques créées par l'occupation. Toutefois, ce nouveau défi physique semble être accablant.
Le mur de séparation a complètement bouleversé le tissu social de la communauté de Sawahreh puisque les familles sont maintenant séparées par un mur de béton de 8 mètres de haut.
Les enfants sont privés d'un environnement stable car ils doivent franchir des checkpoints de contrôle et trouver des petits passages dans le mur sans surveillance pour aller chaque jour à l’école.
Les jeunes et les vieux rencontrent tous des difficultés pour accéder aux services de base tels que les services sanitaires, sociaux, économiques, éducatifs.
Même les morts n'ont pas échappé au Mur : le seul cimetière, où sont enterrés les morts de ces trois communautés depuis des générations, est situé à Sawahreh-Ouest et est maintenant inaccessible, donc une autre «destination finale» va devoir être trouvée !
Le mur a clairement violé la vie quotidienne et les droits humanitaires de base de cette communauté.
Historiquement, ce qui est maintenant connu sous le nom de Sawahreh-Est a toujours été une communauté rurale dont le style de vie était principalement basé sur l'agriculture et l’élevage.
On estime maintenant que la population de Sawahreh-Est est composée d'environ 10.000 personnes dont à peu près 2000 Bédouins sédentaires.
Toutefois, cette communauté est de plus en plus forcée d’abandonner son mode de vie traditionnel.
L'occupation israélienne a déjà confisqué la plupart des terres appartenant à cette communauté. Deux importantes colonies sont maintenant installées sur ses terres : Ma'ale Adumim et Kidar. Le reste des terres a été confisqué pour des raisons de sécurité.
Par conséquent, l'agriculture a diminué de façon spectaculaire et l’élevage ne semble plus possible en raison du manque d’espace pour le pâturage. Cela a forcé les habitants à se transformer en main-d'œuvre bon marché, ce qui a encore aggravé la situation économique avec les bouclages incessants et les restrictions à la libre circulation. Selon des études, le taux de chômage a atteint le chiffre saisissant de 65%.
Pourtant, l'avidité de l'occupation n’est jamais assouvie. Israël a encore rogné la surface de Sawahreh-Est en installant des checkpoints permanents et en construisant le mur dl'apartheid.
Sawahreh-Est, comme la plupart de la Cisjordanie , est assiégée. Ce siège a pour but de déshumaniser et humilier la population, et ainsi, de la priver de tout espoir d’avenir. Pourtant, la communauté de Sawahreh-Est ne perd pas espoir et est toujours déterminée à utiliser toutes ses ressources disponibles et à faire tous les efforts possibles pour assurer les besoins minimum d’un avenir stable pour les prochaines générations.
La construction du Mur autour de Jérusalem est presque terminée et la fermeture totale de la ville est devenue un fait accompli. Le Mur isole complètement Jérusalem-Est des autres parties du territoire Palestinien. Des postes frontières ont été installés dans le Mur. Ces postes sont semblables à des points de passage frontaliers.
Beaucoup d’habitants de Jérusalem vivant de l’autre côté du Mur possèdent des propriétés et des terrains à Sawahreh-Est et inversement. Le mur sépare les communautés palestiniennes et les familles et conduit à la fragmentation de la société palestinienne.
Plus de 100000 Palestiniens, détenteurs de cartes d'identité bleues israéliennes, vivent maintenant à l’extérieur du mur et sont menacés de perdre leurs papiers d'identité de Jérusalem et, par conséquent, d'être interdits d’entrer à Jérusalem. Pire encore, le mur sépare des familles et il y a de nombreux exemples où une partie de la famille vit du côté israélien du Mur et l’autre partie du côté cisjordanien.
Le mur empêche également les Palestiniens de se rendre dans leurs lieux saints à Jérusalem, ou d'accéder aux services de santé ou d'éducation fournis par les institutions palestiniennes à Jérusalem-Est, de l’autre côté du Mur.
En outre, en 2006, l'armée israélienne a remplacé le checkpoint de cheikh Sa'ed par une clôture qui sépare l'Est et l'Ouest de Sawahreh et enferme les 1500 personnes qui vivent dans la zone de Sheikh Sa'ed, privant ainsi la communauté de Sawahreh-Est de son propre cimetière, qui se trouve à l'intérieur du Mur.
D’autre part, quatre autres villages près d'Abu Dis et de Sawahreh ont également été coupés les uns des autres.
En Octobre 2007, l'armée israélienne a ordonné la confiscation de nouvelles terres à Abu Dis, (1500 donums appartenant aux villages d'Abu Dis, de Bethany et de Sawahreh), afin de poursuivre le travail sur le projet E1, ce qui permettra de relier la colonie de Maale Adumim à Jérusalem.
Ce projet brisera la contiguïté de la Cisjordanie et entourera Jérusalem-Est de colonies juives, et mettre fin à toute possibilité d’avoir Jérusalem-Est comme la capitale d'un futur Etat palestinien.
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