Envoyer cet article
Cisjordanie - 24 mai 2008
Par Benjamin Barthe
Dans les salons du fastueux hôtel Jacir de Bethléem, théâtre depuis le mercredi 21 mai et jusqu'à vendredi d'une conférence internationale pour l'investissement en Palestine, les déboires de la société Wataniya alimentent les discussions.
Cette compagnie de télécommunications qatarie a engagé 650 millions de dollars pour développer le second réseau de téléphonie mobile palestinien. Une mise qui fait d'elle le deuxième plus gros investisseur privé des territoires occupés, avec 2.500 emplois, directs et indirects, à la clé.
Or, plus d'un an après avoir obtenu le feu vert de l'Autorité palestinienne, Wataniya n'est toujours pas présente sur le marché, car Israël, qui occupe non seulement la terre mais aussi les ondes, rechigne à lui attribuer une fréquence d'émission. "La Palestine est le seul endroit au monde où l'autorité qui donne les licences n'est pas la même que celle qui donne les fréquences", résume sur un ton fataliste Maxim Sansour, le responsable de la communication de Wataniya. "Nous dépensons 500 000 dollars par mois depuis un an mais pas un seul shekel (monnaie israélienne) n'est rentré dans nos caisses."
L'histoire est emblématique du casse-tête que pose l'occupation israélienne aux investisseurs privés. Arguant de la présence du Hamas au sein du gouvernement palestinien, le ministère de la communication israélien a d'abord refusé de négocier sur l'attribution de la fréquence pendant quatre mois. Le dossier a finalement été ouvert en décembre 2007, six mois après la mise en place du gouvernement de Salam Fayyad, le chouchou de la communauté internationale. "J'ai participé à cinq réunions durant lesquelles les Israéliens ont passé leur temps à soulever des obstacles d'ordre sécuritaire ou juridique", soupire Souleiman Zoheiri, le ministre adjoint des télécommunications palestinien, avant d'ajouter : "Ils traînent les pieds pour des raisons politiques et surtout commerciales, car l'arrivée de Wataniya va faire de l'ombre aux opérateurs israéliens qui émettent illégalement en Cisjordanie ."
"ON VERRA ÇA PLUS TARD"
Moshé Galili, directeur général adjoint du ministère des télécommunications israélien, récuse l'accusation. "Le spectre pour les ondes GSM est particulièrement encombré, dit-il, en passant sous silence le fait que l'armée israélienne y dispose de la plupart des fréquences. Il faut faire de la place pour le nouvel arrivant et tout cela prend du temps."
Anxieux à l'idée que les déconvenues de Wataniya ne ternissent l'impact de la conférence sur l'investissement sur laquelle il table pour rehausser le maigre bilan de sa mission, Tony Blair, l'envoyé spécial du Quartet (Etats-Unis, Union européenne, Russie et Nations unies), a finalement obtenu la semaine dernière un accord de principe d'Israël pour la délivrance d'une fréquence. "Nous l'avons confirmé par écrit à nos homologues palestiniens, dit M. Galili. Nous devrions trouver une solution d'ici quelques semaines." Allan Richardson, le patron écossais de Wataniya, se garde de pavoiser : "C'est un progrès, mais nous ne ferons la fête que lorsque nous aurons la garantie, noir sur blanc, que la fréquence a été libérée."
La prudence n'est pas de trop. Qu'il s'agisse de pièces de rechange bloquées à la douane pendant des mois ou bien de l'interdiction de planter des antennes relais à proximité des colonies, le développement des télécoms palestiniens est entravé en permanence par la chape bureaucratico-sécuritaire qui pèse sur les territoires occupés. "C'est comme pour la levée des points de contrôle, dit Sam Bahour, l'un des experts du secteur. A la communauté internationale, les Israéliens disent "oui" et à nous, ils disent : "On verra ça plus tard"."
Dans son bureau qui domine les toits de Ramallah, M. Richardson refuse de baisser les bras. L'assise financière de Wataniya lui permet d'attendre. Il sait qu'à terme, le faible taux de pénétration du portable en Palestine (33 %) garantit de juteux profits à sa compagnie. Mais le parcours d'obstacles qu'il a rencontré ne laisse pas de l'étonner. "Par rapport à l'Irak et à l'Afghanistan où j'ai également travaillé, la Palestine est de loin le marché le plus compliqué."
Source : Le Monde
Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.
L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.
7 novembre 2021
Le Philistin bientôt dans votre ville avec vos commandes de produits palestiniens20 octobre 2021
Jihad islamique : "La Palestine et Jérusalem ne seront pas libérées sans unité".16 octobre 2021
Le Hamas présente les 3 étapes de la réforme suite à la visite du Caire5 octobre 2021
Soutien à la résistance palestinienne30 septembre 2021
APPEL AU MOIS INTERNATIONAL D’ACTIONS POUR LA LIBERATION DE GEORGES ABDALLAH du 24 septembre au 23 octobre 202129 septembre 2021
La haute cour israélienne reporte de six mois l'évacuation de Khan al-Ahmar26 septembre 2021
Les forces d’occupation abattent quatre Palestiniens lors de raids menés à l'aube16 septembre 2021
Le Jihad islamique prêt à participer aux actions des prisonniers15 septembre 2021
"Fedayin", le film sur le parcours de résistant de Georges Abdallah, à Bordeaux le 21 septembre 202114 septembre 2021
L'AP fait marche arrière sur le transfert des fonds du Qatar à GazaCisjordanie
Benjamin Barthe
24 mai 2008