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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Soutenir la cause palestinienne maintenant plus que jamais !

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Nous avons tous vu les images d'affrontements entre les militants du Fatah et du Hamas et surtout, nous avons vu les images des victimes. Peut-être que ces affrontements se poursuivront dans les semaines à venir en Cisjordanie, mais, évidemment, nous ne le souhaitons pas du tout.

Pour la plupart d'entre nous, ces affrontements sont décourageants vu l'occupation israélienne et ses ravages depuis 1948 et il est désolant de comptabiliser les Palestiniens morts dans des accrochages fratricides, en plus des combats avec l'armée israélienne.

Il est important, dans ce contexte, de comprendre pourquoi certains militants palestiniens en sont arrivés là. Il est important de rappeler qu'il y a un an, se tenaient les élections législatives issues du processus d'Oslo qui ont vu la victoire du Hamas.

Le Fatah, qui est la plus grande organisation palestinienne, a subi un désaveu massif et sans précédant. Certes, la corruption et le clientélisme ont joué un rôle prépondérant, mais c'est surtout la nouvelle ligne politique du Fatah – apparue après l'invasion du Liban en 1982 et reprise par toutes les organisations membres de l'OLP lors du conseil national palestinien qui s'est tenu à Alger en 1988, qui a conduit au refus par le peuple palestinien du lamentable processus de « paix » et surtout du fameux compromis « historique » accordé aux Israéliens – c'est-à-dire l'abandon de plus de 78 % du territoire national historique.

De plus, l'abandon par le Fatah de la lutte armée au profit des négociations a fait basculer le peuple palestinien qui a voté massivement pour le Hamas, car le maintien au pouvoir du Ftah dans cette situation aurait été à l'encontre du projet national de libération. Cela aurait signifié l'abandon par ce peuple sous occupation de son droit à la résistance, qui reste la pierre angulaire de son projet national de libération en recomposition.

Le Hamas, tout en posant la question de la corruption au sein de l'autorité palestinienne et du Fatah qui la dirigeait, affirmait aussi qu'il continuerait sa résistance et qu'il ne reconnaîtrait jamais l'Etat d'Israël et surtout pas la légitimité de l'occupation de la Palestine par cet Etat depuis 1948. Il a refusé le fameux « compromis historique », dont certains en France, au sein du mouvement de « solidarité » se vantent, car il représente l'acceptation de la légitimité de l'occupation israélienne sur la majorité de la terre de Palestine.

Au delà du Hamas, cette question reste au cœur du conflit israélo-palestinien et le peuple palestinien y a répondu et y répond tous les jours par sa résistance passive ou active contre l'occupation.

Au sein du Fatah, les causes de la défaite n'ont pas été tirées et aucun bilan des années au pouvoir n'a été réalisé et les responsables sont restés en place. Par exemple, plus d'un milliard de dollars, selon des rapports de l'autorité palestinienne, ont été détournés mais aucun responsable condamné.

Beaucoup de cadres du Fatah sont partis, ce qui a laissé ce courant "négociateur" majoritaire. C'est dans ce contexte que sont intervenues, par la voix d'Abou Mazen, la remise en cause des résultats des élections et la victoire du Hamas et la proposition de tenir de nouvelles élections dans les territoires occupés en 1967.

C'est à partir de là que les affrontements ont commencé entre le Fatah et le Hamas avec l'intervention en sous main de collaborateurs et d'agents du renseignement israéliens.

De plus, depuis l'élection du 25 janvier 2006, Israël monte au créneau avec les impérialistes américains, anglais et français déclarant qu'ils n'ont plus d'interlocuteurs, comme certains l'avaient fait pour Yasser Arafat. Dès lors, un blocus économique et financier renforcé est imposé aux Palestiniens afin qu'ils abandonnent leur résistance à Israël et surtout qu'ils reconnaissent définitivement la légitimité du fait colonial sioniste sur l'ensemble de la terre historique, la Palestine.

Loin de se contenter du blocus économique et financier, les impérialistes et Israël veulent éradiquer la résistance palestinienne dans son ensemble et ses organisations par les arrestations d'élus, les bombardements, les assassinats de militants, les massacres, les check-points.

Il ne s'agit pas d'une guerre civile, comme certains veulent nous le faire croire, ou parce que les jeunes palestiniens ont subi une violence israélienne qu'ils reproduisent entre eux, comme l'affirment d'autres...

La réalité, pour ceux qui on suivi l'histoire des mouvements palestiniens, c'est que les affrontements entre le Fatah et le Hamas ont commencé depuis pratiquement l'apparition du Hamas en 1988. Vous remarquerez que si la création du Hamas se situe en 1988, c'est aussi l'année de l'initiative de « paix palestinienne prise cette même année lors du conseil national à Alger ».

Depuis 1988, deux projets politiques de libération de la Palestine se côtoient. L'un avec une concession historique et la proposition de la création de deux Etats et l'autre, qui ne reconnaît pas la légitimité de l'Etat d'Israël et revendique un seul Etat islamique sur le territoire historique de la Palestine. Le Fatah n'a jamais accepté ce nouveau projet politique. Il faut rappeler aussi que certains cadres du Fatah, déçus de leur organisation, ont rejoint le Hamas à ce moment-là.

Rappelons aussi que depuis 1988, le Fatah a désarmé au fur et à mesure son organisation en passant par différentes étapes dont la dissolution de son organisation en Jordanie en 1991, fait totalement aberrant pour un mouvement de libération. Le désarmement des groupes du Fatah en Palestine à la fin de la 1ère Intifada, et après la signature des accords d'Oslo en 1993, le début de programme de normalisation avec des organisations israéliennes pour la « paix ». Puis, la dernière étape fut quand le Fatah a considéré, au début de la seconde Intifada, certains groupes des martyrs d'Al Aqsa comme ne faisant plus partie du Fatah (je vous renvoie au journal le Monde qui en a assez parlé).

Toute cette période de désarmement et de dissolution de l'organisation a assommé en premier lieu certains cadres du Fatah qui ont voté Hamas lors des élections en janvier 2006 et, pour certains, ont aidé des membres du Hamas à infiltrer des postes au sein de services de renseignements tenus par le Fatah.

Rappelons aussi qu'en 2004, certains groupes du Fatah se sont accrochés militairement afin de s'assurer le contrôle de certains secteurs ou certains services de l'autorité. Le Fatah se disloquait et il continue aujourd'hui. Rappelons que ce mouvement n'a pas tenu de congrès depuis déjà plusieurs années et surtout pas après la perte des élections de l'année dernière. C'est dire le chaos qui règne en son sein. Des dérives collaborationnistes, avec à leur tête Mohamed Dahlan, et mafieuses ont vu le jour.

D'un autre coté les organisations de gauche palestiniennes (parti communiste, front populaire et front démocratique) ont perdu de leur influence et beaucoup de leurs cadres car elles ont soutenu et soutiennent toujours le processus palestinien de 1988 et Oslo…

A partir de 1988, le Hamas avait un boulevard devant lui. Il a créé des organisations caritatives, économiques, et il a construit son organisation politico-militaire qui lui a donné une légitimé certaine en Palestine.

Aujourd'hui, le Hamas contrôle totalement la Bande de Gaza que les Israéliens menacent d'envahir de nouveau. L'ancien gouvernement a été dissout par Abou Mazen qui en a constitué un autre « de crise » que les Américains, Israël et l'Europe se sont empressés de reconnaître et d'annoncer le déblocage de fonds financiers d'aides. Par contre, Le Hamas et la bande de Gaza sont assujettis à un blocus économique et militaire imperméable.

Sur le plan politique, nous constatons que depuis l'entrée du Hamas au conseil législatif issu du processus d'Oslo qu'il avait toujours refusé, il a, par la voix d'Ismaïl Hanyé et de Khaled Mechaal, accepté le processus des deux Etats qu'il avait toujours refusé et accepté, par les accords de la Mecque, de « respecter » tous les accords antérieurs signés par Yasser Arafat et Abou Mazen.

De plus, Ismaïl Hanyé et Khaled Mechaal n'ont eu de cesse de déclarer, après la dissolution du gouvernement d'union nationale, d'un coté que cette dissolution était illégitime – comme la constitution du nouveau gouvernement – mais qu'ils reconnaissaient la légitimité de l'Autorité palestinienne et de son président Abou Mazen.

Il est clair qu'il y a une contradiction politique et sécuritaire flagrante entre ce que déclarait le Hamas avant ces élections (janvier 2006) et la situation d'aujourd'hui et il y a une question tout aussi contradictoire concernant les déclarations sur la légitimité d'Abou Mazen et de l'Autorité et la prise de contrôle totale de Gaza.

Le Hamas s'est suicidé politiquement en faisant le choix d'entrer dans le jeu du parlement et du gouvernement sous occupation selon Oslo et il a cédé à la provocation des combats inter-palestiniens ou, si on doit être précis, du « non combat », car selon les sources à Gaza, trois jours avant la prise de Gaza, les forces de Dahlan et d'Abou Mazen avaient déjà disparu. Ne restaient en place que certains postes de sous-fifres.

Les Saoudiens, les Jordaniens et les Américains lui ont tendu une perche pour s'isoler et se pendre, Israël va finir le travail. Et encore une fois, la population palestinienne va en payer le prix.

Les derniers combats internes vont laisser des traces profondes au sein des Palestiniens, surtout que des crimes ont été commis des deux côtés, et il faudra attendre que le bilan se fasse pour en voir l'ampleur.

Le peuple palestinien en tirera les conclusions surtout politiques pour la continuation de sa lutte jusqu'à la libération de sa terre de l'Etat sioniste, le retour des réfugiés dans leurs foyers d'origines et son autodétermination.

Pour l'heure, nous devons ici en France continuer notre soutien à la juste cause du peuple palestinien qui en a besoin maintenant plus qu'hier face aux tentatives de liquidation en Palestine, au Liban – camp de réfugiés de Nahr Al Bared par les plans américano-franco-israélo-saoudiens,…

Walid Atallah, militant palestinien

Paris, le 19 juin 2007

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