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Gaza - 21 janvier 2007
Par John Pilger
John Pilger est un journaliste australien renommé et réalisateur de films documentaires basé au Royaume-Uni.
La statistique que je trouve personnellement insupportable, c'est celle-ci : 99.4% des enfants que nous avons étudiés souffrent de traumatisme. Quand vous regardez les taux d'exposition au traumatisme vous comprenez pourquoi : 99.2% de leurs maisons ont été bombardées ; 97.5% ont été exposés au gaz lacrymogène ; 96.6% ont été témoins de tirs ; 95.8% ont été témoins des bombardements et des enterrements; près d'un quart d'entre eux ont eu des membres de leurs familles blessés ou tués."
Photo Maan News : Des enfants à Gaza observent un cortège funèbre
Un génocide engloutit la population de Gaza tandis qu'un silence engloutit ses spectateurs.
"Environ 1.4 million de personnes, dont une majorité d'enfants, sont entassés dans l'une des régions les plus massivement peuplées au monde, sans liberté de mouvement, sans endroit où courir et sans espace où se cacher", écrivaient l'ancien responsable des affaires humanitaires des Nations-Unies, Jan Egeland, et Jan Eliasson, à l'époque ministre suédois des Affaires Etrangères, dans le Le Figaro.
Ils décrivaient un peuple "vivant dans une cage", coupé du monde par la terre, la mer et le ciel, sans énergie fiable et peu d'eau, et torturé par la faim, les maladies et les attaques incessantes des troupes et des avions israéliens.
Egeland et Eliasson ont écrit ceci il y a quatre mois afin d'essayer de briser le silence en Europe, dont l'alliance obéissante avec les Etats-Unis et Israël cherchait à renverser le résultat démocratique qui a amené au pouvoir le Hamas lors des élections palestiniennes de l'année dernière.
L'horreur à Gaza a depuis empiré : une famille de 18 personnes est morte sous une bombe américano-israélienne de 500 Kg ; des femmes non armées ont été fauchées par des balles tirées a bout portant.
Le Dr David Halpin, l'un des quelques Britanniques à briser ce qu'il appelle "ce siège médiéval", a rapporté le meurtre de 57 enfants par l'artillerie, des roquettes et de petits armes et a montré les preuves que les civils étaient les véritables cibles d'Israël, comme au Liban l'été dernier.
Une amie à Gaza, le Dr Mona El-Farra, a envoyé ce mail : "Je vois les effets des implacables bangs supersoniques (une punition collective de l'Armée de l'Air israélienne) et de l'artillerie sur ma fille de 13 ans. La nuit, elle tremble de peur. Puis toutes les deux, nous finissons par nous tapir sur le plancher. J'essaye de faire en sorte qu'elle se sente en sécurité, mais quand les bombes retentissent, je recule et je crie…"
Quand je suis allé dernièrement à Gaza, le Dr Khalid Dahlan, un psychiatre, m'a montré les résultats d'une étude remarquable.
"La statistique que je trouve personnellement insupportable," dit-il, "c'est que 99.4% des enfants que nous avons étudiés souffrent de traumatisme.
Quand vous regardez les taux d'exposition au traumatisme vous comprenez pourquoi :
99.2% de leurs maisons ont été bombardées ;
97.5% ont été exposés au gaz lacrymogène ;
96.6% ont été témoins de tirs ;
95.8% ont été témoins des bombardements et des enterrements;
près d'un quart d'entre eux ont eu des membres de leurs familles blessés ou tués."
Dahlan m'a invité à visiter l'une de ses cliniques. Il y avait 30 enfants, tous traumatisés.
Il leur a donné à chacun un crayon et un papier et il leur a demandé de dessiner. Ils ont dessiné des images d'actes grotesques de terreur et des femmes en larmes.
L'excuse pour la dernière terreur israélienne était la capture en juin dernier d'un soldat israélien, un membre d'une occupation illégale, par la résistance palestinienne.
C'était l'information des médias.
Le kidnapping quelques jours plus tôt par Israël de deux Palestiniens - deux sur les milliers de pris depuis des années - n'a pas été annoncé.
Un historien et deux journalistes étrangers ont dit la vérité au sujet de Gaza. Tous les trois sont Israéliens. Ils sont fréquemment qualifiés de traîtres.
L'historien Ilan Pappe a expliqué que "la politique de génocide (à Gaza) n'est pas élaborée dans le vide" mais elle fait partie du nettoyage ethnique historique et délibéré du Sionisme.
Gideon Levy et Amira Hass sont des journalistes du quotidien israélien Haaretz.
En novembre, Levy a décrit comment la population de Gaza commençaient à mourir de faim :
"Il y a des milliers de personnes blessées, handicapées et choquées par les bombardements, incapables de recevoir de traitement…. Les ombres d'êtres humains errent parmi les ruines…. Ils savent seulement que l'armée israélienne reviendra et ils savent ce que cela signifiera pour eux : plus d'emprisonnement dans leurs maisons pendant des semaines, plus de mort et de destruction dans des proportions monstrueuses."
Hass, qui a vécu à Gaza, la décrit comme une prison qui fait honte à son peuple.
Elle se rappelle comment sa mère, Hannah, avait marché d'un train de bétail pour aller jusqu'au camp de concentration nazi à Bergen-Belsen un jour d'été en 1944.
"(Elle) a vu ces femmes allemandes regarder les prisonniers, juste regarder," écrit-elle. "Cette image a été très formatrice dans mon éducation, cet "ignoble regard de côté"."
Regarder de côté, c'est ce que font ceux d'entre nous qui se terrent dans le silence par crainte d'être traités d'anti-sémites.
Regarder de côté, c'est ce que font trop de juifs occidentaux, alors que ces juifs qui honorent les traditions humanitaires du judaïsme et disent : "Pas en notre Nom !" sont injuriés comme "s'auto-méprisant".
Regarder de côté, c'est ce que fait presque l'ensemble du Congrès américain, esclave ou intimidé par un "lobby" sioniste vicieux.
Regarder de côté, c'est ce que font les journalistes "équitables", quand ils prennent pour excuse l'anarchie comme source des atrocités israéliennes et qu'ils suppriment les mutations historiques de la résistance palestinienne, telle que la reconnaissance implicite d'Israël par le Hamas.
La population de Gaza hurle en demandant mieux.
Source : http://www.maannews.net/
Traduction : MG pour ISM
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