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Etats-Unis - 17 décembre 2012
Par Badia Benjelloun
Il est une contrée où se décident les destinées des peuples du monde, c’est un pays puissant qui aime à se donner comme exemple à imiter par le reste du monde.
Ce pays aime l’ordre.
Il le prise tellement qu’il emprisonne tous ceux qu’il considère comme dérangeants.
Entre 1970 et 2005, sa population carcérale s’est accrue de 700%.
Actuellement, elle représente plus de deux millions de personnes sous les barreaux et cinq millions sont en ‘liberté surveillée’, probatoire ou conditionnelle.
Ce pays est vraiment le champion incontesté dans cette discipline, car pour moins de 5% de la population du globe, il détient plus du quart des prisonniers dans le monde et cela dans des conditions de surpopulation incompatibles avec la dignité humaine.
Une année de prisonnier coûte six fois celle d’un étudiant.
Les ressources allouées pour le système carcéral représentent souvent une part plus importante du budget que celle consacrée à l’enseignement supérieur, en Californie 11% contre 7,5 % accordés à l’éducation.
Cette tendance s’aggrave comme en Arizona où les fonds dédiés aux prisons a augmenté de 75% tandis que ceux versés pour l’éducation a décliné de 11%.
Cette contrée, qui voit le nombre de ses actifs sans emploi grimper depuis 2008 sans discontinuer, occupe utilement ses détenus à travailler pour moins d’un dollar (60 cents, oui vous avez bien lu) par jour pour différentes compagnies. McDonald’s fait ainsi fabriquer ses uniformes et certains ustensiles en plastique, d’autres secteurs d’activité aussi variés que les télécommunications, le textile comme la coupe et la couture des jeans, l’assurance y ont recours.
Le complexe industriel pénitentiaire est assuré de ne pas manquer de bras.
Il est alimenté par une source inépuisable qui est la prohibition. 50% des occupants des prisons fédérales et 20% des prisons des états provinciaux sont détenus pour commerce illicite de drogue. Ce pourcentage serait considérablement plus élevé si on devait tenir compte des crimes et délits accomplis pour obtenir de la drogue.
"Sur les livres et les barreaux : entre 1987 et 2007, les dépenses de l'Etat fédéral pour le secteur pénitentiaire ont augmenté six fois plus que celles pour l'enseignement."
Deux boucles à rétroaction positive se signalent dans cette production de mise à l’ombre.
Plus l’économie génère de chômeurs, plus de délits se commettent et un nombre grandissant de prisonniers travaillent quasi-gratuitement, renforçant le nombre d’inoccupés ‘libres’.
Plus la répression de l’usage de la drogue et de son commerce est rigoureuse, plus le prix de celle-ci s’élève et plus les toxicomanes seront induits à commettre des délits pour s’en procurer et se feront incarcérer.
Cette contrée, dont les responsables s’imaginent que le reste du monde envie ou hait leur système, vient de révéler au monde un autre de ses mécanismes.
La banque britannique HSBC (dont l’existence remonte à la période où le soleil ne se couchait pas sur l’Empire Britannique qui possédait des comptoirs à Hong Kong et à Shangaï) a été invitée à payer une amende de 1,9 milliards de dollars au Trésor étasunien. HSBC avait continué ses transactions financières avec l’Iran malgré l’interdiction des US(a) qui ont condamné ce pays à être banni du commerce mondial.
Mais surtout, HSBC a recyclé de l’argent des narcotrafiquants mexicains pour au moins 7 milliards de dollars.
Aucun dirigeant de cette institution financière ne sera jugé.
La banque ne sera pas frappée d’interdiction d’exercer.
Cette amende est la bienvenue pour renflouer un Trésor qui ne parvient plus à placer ses bons chez les Chinois alors que dans le même temps, la dette fédérale atteint les 100% du PIB même si celle-ci n’est pas chère à financer.
L’appareil répressif ne se montre diligent qu’avec les usagers et les petits trafiquants.
Les facilitateurs de l’importation massive sont considérés comme essentiels à l’économie mondiale et ne peuvent donc être punis ni mis dans l’incapacité de poursuivre leur négoce.
Se dessinent les frontières des zones de non-droit où ne pénètrent ni juge d’instruction, ni meutes de policiers à la gâchette facile avec armes de poing et menottes.
HSBC avait nommé en janvier 2012 Stuart Levey, l’architecte des sanctions contre l’Iran, comme responsable de son département juridique. La transnationale avait alors intégré à temps un agent modulateur orientant vers l’atténuation de la punition financière qui allait retomber sur elle. Stuart Levey avait servi le Trésor entre 2004 et 2011 comme sous-secrétaire au terrorisme et au renseignement financiers avec le zèle inlassable d’un sioniste. Il fut largement félicité par l’American Jewish Committee en 2009 pour avoir perduré dans sa fonction après l’élection d’Obama. Il a pu avoir accès et consulter la base des données de SWIFT, système de compensation interbancaire, comme l’autorisait à le faire la modification survenue au lendemain du 11 septembre et exercer son rôle de gendarme financier du monde.
Voici donc le conte nouveau pour Noël.
Il sera offert dans les étrennes pour les enfants petits et grands qui se rangent le soir venu dans des boîtes empilées faites pour dormir loin des centres urbains, dans des lieux de bannissement. Il les édifiera sur le montant à partir duquel le dealer de cannabis ou de cocaïne ne risque pas de se faire poursuivre ni enfermer.
Un petit voile a été levé sur la responsabilité des services de renseignement étasuniens qui se sont adonnés au trafic de drogue pour déstabiliser tout l’arrière-pays à son midi. Il achèvera de déciller la caillera et complètera en appendice l’enseignement qui lui sera délivré par les éducateurs commis dans les ZEP.
L’exemplaire contrée a magnifié sa puissance en fournissant au monde des fictions sur son origine. Chaque enfant a rêvé être un garçon vacher poursuivant à cheval le natif amérindien et l’abattant de son bâton à feu car il ne peut être que le méchant. Le défilement de plusieurs dizaines d'images à la seconde fascine et suggestionne, véritable narcolepsie.
Quelle légende fondatrice peut-elle être maintenant formulée pour que soit attractive, pour un enfant de ZEP, la tuerie de cibles lointaines, sans nom et sans visage, par drone interposé ?
Badia Benjelloun
15 décembre 2012
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Badia Benjelloun
17 décembre 2012