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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Un plan de désengagement de la bande de Gaza et non un retrait

Par

Ecrivain Palestinien vivant à Khan Younes

Personne n'ignore la signification de l'appelation répétée par les Israéliens à propos du plan de désengagement de la bande de Gaza. Les médias israéliens n'ont jamais évoqué une seule fois le retrait, que les Arabes pourtant répètent consciemment, dans leurs médias. Il est clair que l'appelation indique une planification stratégique israélienne pour la région, une tactique politique pour la réaliser.
Est-ce que les Arabes ont leur planification et leurs tactiques ?
Ou serait-ce une ruse politique arabo-palestinienne pour répondre au plan de désengagement tel qu'il est, et dans son état ?

Est-ce que cette réponse sert la cause palestinienne ou bien n'est-ce qu'un moyen de tromper l'opinion arabo-palestinienne, lui donnant l'illusion d'un avenir qui pourrait être pire que l'occupation directe actuelle ?


L'insistance israélienne à répéter le terme de désengagement de la bande de Gaza peut évoquer le refus d'abandonner totalement la maîtrise du cours des choses dans la bande de Gaza, mais Israël cherche à ce que cela se passe sans qu'il y ait de friction quotidienne directe avec les citoyens.

Cela pourra être réalisé pour Israël en s'éloignant du lieu où il n'y a plus de possibilité pour qu'un soldat israélien se déplace sans provoquer un massacre, en se contentant de l'administrer en le maîtrisant de loin (le remote control) alors que l'insistance palestinienne sur le terme retrait de la bande de Gaza affirme la volonté palestinienne à vouloir totalement contrêler toute parcelle de terre d'où se retirerait Israël, même si la terre de Gaza représente 4% de la Palestine, et la proclamation d'un Etat indépendant souverain, en attendant la libération des terres de la Cisjordanie que les Juifs n'ont pas encore dominées.


Le désengagement, selon la conception israélienne, signifie une solution unilatérale qui assure la poursuite de la domination sur la bande de Gaza, avec une minimisation des pertes politiques et militaires que pourraient subir les Israéliens. Il s'agit d'un plan israélien qui a été retiré des tiroirs et il ne s'agit pas d'une réaction non étudiée, dépourvue de dimensions politiques, de résolutions stratégiques du conflit avec les Palestiniens.

Israël a réussi, et notamment Sharon, à mettre à profit les changements politiques sur la scène internationale, à utiliser l'effort international pour le faire passer et le vendre sur la scène arabe.

C'est ce qu'a confirmé . Ahmad Qorei dans un discours devant les conseils municipaux élus à Ramallah, le 26 juillet dernier, en disant : "Je ne vous cache pas que le Quartet qui a été constitué par une décision internationale et dont les prérogatives sont soutenues par une décision du conseil de sécu rité pour exécuter le plan de route, c'est lui-même qui a fait pression sur nous pour que nous acceptions le plan de retrait unilatéral", ce qui veut dire : la direction palestinienne réalise l'erreur de se comporter avec le plan de désengagement, mais elle y est obligée en l'absence d'alternatives à cet interdit.

C'est ce qui nous permet de dire que toute rencontre entre des dirigeants de l'Autorité palestinienne et les Israéliens en vue de la coordination, se fait sous la pression, par le choix de la nécessité, et que c'est dans ce cadre qu'a eu lieu la rencontre entre M. Muhammad Dahlan, le ministre des questions civiles et M. Sha'oul Mofaz, le ministre sioniste de la guerre, le mardi dernier 26 juillet, et la coordination sur les futures mesures qui s'est établie en vue de la réussite de plan israélien de désengagement de la bande de Gaza, et même de confirmer cette réussite.


C'est ce qui peut être considéré comme une erreur tactique palestinienne consistant à faire semblant de croire, et faire croire à la société arabe et palestinienne que ce qui va se réaliser, c'est le retrait israélien de la bande de Gaza comme un pas vers l'application de la feuille de route.


Les médias ont dévoilé les sujets discutés entre les deux ministres, le palestinien Dahlan et l'Israélien Mofaz.
Tous confirment que les choses entre les deux vont selon la vision israélienne du désengagement, et non selon la logique palestinienne du retrait, c'est-à-dire le désengagement et non le retrait de la bande de Gaza, car le retrait peut se dérouler sans coordination, alors que le désengagement a besoin d'une coordination, et nécessite un accord sur quelques questions qui confirment la conception israélienne du désengagement.


C'est ce que confirment les déclarations du ministre des affaires civiles, M. Muhammad Dahlan, quand il a dit : "la construction du port sera à sa place actuelle", indiquant par là qu'Israël a accepté que les techniciens et équipes poursuivent leur activité.

Si la rencontre entre les deux avait pour sujet le retrait de la bande de Gaza, il n'aurait pas été nécessaire d'aborder la construction du port qui est une affaire purement palestinienne, Israël n'ayant rien à y voir, ni de près ni de loin.

Est-ce qu'un Palestinien pourrait-il intervenir à propos de l'activité du port de Haïfa, par exemple (bien que le port de Haïfa soit, en fin de compte, un port palestinien, ndlt) ?


M. Dahlan a ajouté ce qui confirme que la rencontre avec les Israéliens se déroule selon la conception du désengagement et non du retrait, il dit : "Nous avons abordé la discussion à propos des autorisations de visite des investisseurs et des cas humanitaires venant de l'extérieur, le changement d'adresse entre la Cisjordanie et Gaza, et toutes les questions liées à la vie quotidienne de notre peuple palestinien, le retour des fonctionnaires de l'Autorité qui ont été expulsés aux barrages sur ordre israélien, au cours de l'Intifada, que ce soit le barrage de Rafah avec l'Egypte ou le barrage d'al-Karameh, avec la Jordanie, et cela dans les plus brefs délais".


Il faut remarquer à ce propos que ces questions sont des questions entièrement palestiniennes qu'il ne faut pas discuter avec Sha'oul Mofaz, s'il s'agissait du retrait de Gaza. Mais la discussion de ces sujets confirme la poursuite de l'intervention israélienne dans les affaires internes palestiniennes, et la négation de l'indépendance de la décision palestinienne, après le désengagement.


M. Dahlan ajoute : "Nous avons reçu quelques accords en ce qui concerne des questions importantes, pour régler les cas des citoyens venus en visite vers les régions de l'Autorité, et qui ne sont pas sortis, clarifiant : nous allons mettre en place un mécanisme avec le coordinateur Michelik"


Ce qui signifie que la domination israélienne se poursuit dans toute son étendue, sur toute la vie dans la bande de Gaza, après le désengagement : le séjour ou non séjour de tout citoyen palestinien dans la bande de Gaza est lié à l'accord israélien. La remise de l'identité palestinienne est conditionné par le fait d'avoir eu l'identité israélienne, ou par l'accord israélien de lui donner une identité.

Le droit des Palestiniens à retourner dans la bande de Gaza est rattaché à la coordination avec la partie israélienne.

Tout ce qui précède est en contradiction avec l'idée du retrait israélien de la bande de Gaza, et renforce au contraire la domination israélienne sur cette partie de la Palestine.

Ceci est également confirmé par l'accord palestinien sur la présence d'observateurs étrangers sur le point de passage entre la bande de Gaza et la République arabe d'Egypte, qui auraient la responsabilité de contrêler les identités de ceux qui y viennent, comme ils contrêleront tout corps ou produit de ravitaillement arrivant à la bande.



La différence est grande entre le retrait de la bande de Gaza et le désengagement de la bande de Gaza. Et l'implication palestinienne devra être en fonction de l'appelation.

Si Israël exécute le retrait total, l'Autorité Palestinienne aura l'entière responsabilité de l'administration des moindres détails, ce qui reste entièrement différent de l'implication palestinienne en cas d'accord sur le plan de désengagement qui fait porter à Israël la responsabilité de toute violation de la stabilité de la vie sociale palestinienne. C'est ce qui se passera immédiatement après le désengagement.

Pourquoi la direction politique palestinienne refuse-t-elle d'appeler les choses par leur nom ?

Quel préjudice supportera la direction politique palestinienne si elle déclare clairement que ce qu'Israël est en train d'exécuter c'est un désengagement sécuritaire unilatéral, qui est la conséquence de développements sur le terrain à Gaza, après qu'il soit devenu impossible d'assurer la sécurité des colons et des soldats israéliens ?


Pourquoi la direction politique palestinienne n'est-elle pas claire avec son peuple vis-à-vis de l'appelation israélienne du plan de désengagement, ce qui lui évitera de se retrouver devant dans une impasse avec un non retrait israélien, des conséquences attendues par le peuple arabe palestinien de ce retrait illusoire, ce que la direction politique ne pourra pas assumer.



Source : www.amin.org

Traduction : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine

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