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Israël - 19 juillet 2007
Par Amira Hass
À la fin de la semaine, 256 familles fêteront la libération de prison de leurs proches et des mères sont déjà soulagées de savoir que la chasse à l'homme de leurs fils recherchés est terminée.
Dans les villes où vivent les hommes recherchés, il y a également un sentiment de soulagement : Les hommes armés - en particulier ceux du Fatah – se glorifiaient de leurs armes dans le contexte des jeux internes de pouvoir. Ils ont mis en danger leurs propres environnements plutôt que l'occupant israélien.
Photo : le Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, et le premier ministre israélien, Ehud Olmert
Nous pouvons mesurer à quel point ces gestes de bonne volonté renforceront le Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, non pas par les éloges que le premier ministre Ehud Olmert a reçu du Président américain George W. Bush, mais par la façon dont les gestes sont perçus dans la société palestinienne.
L'intensive campagne de relations publiques concernant les "gestes de bonne volonté" permet aux Palestiniens de renforcer leur opinion sur le fait qu'Israël achète à bas prix sa capacité à poursuivre sa politique d'occupation.
Après tout, il n'a pas l'intention de rendre la terre qu'il a volée aux Palestiniens.
Le réseau des barrages routiers et de routes séparées - qui détruit le tissu de la société palestinienne - ne sera pas enlevé, et le soldat de mauvaise humeur au barrage routier ne cessera pas de transformer chaque déplacement en calvaire.
Les Palestiniens sont suffisamment expérimentés pour savoir que tous les sourires échangés entre Abbas et Olmert n'arrêteront pas les bulldozers qui continuent à les emprisonner dans des enclaves parmi les blocs de colonies toujours en expansion.
Les déclarations de Saeb Erekat au sujet de l'adhésion "à un Etat dans les frontières de 1967" ne convainquent pas le public qu'un gouvernement dirigé par l'Organisation de Libération de la Palestine et le Fatah parviendra à faire ce qu'il n'a pas fait depuis 1994 : lutter contre le projet israélien d'occupation et de colonisation.
Le concept d'"amnistie" qui est utilisé afin de décrire l'accord pour arrêter la chasse aux hommes recherchés démontre dans quelle mesure Israël est retranché derrière sa position de domination.
Selon la loi, le président est autorisé à pardonner des "criminels".
Selon la loi, un "criminel", c'est quelqu'un qui a été jugé et condamné.
Il est vrai que le défunt Président Chaim Herzog avait pardonné des hauts responsables des services de sécurité du Shin Bet avant d'être jugés pour le meurtre des hommes qui avaient détourné le bus no. 300, après que la Haute Cour de Justice ait décidé à sa majorité que le président d'Israël avait le même pouvoir de pardon que le roi d'Angleterre et le président des Etats-Unis.
Mais ici, c'est un "pardon" du Shin Bet et de l'armée sur le terrain.
La facilité avec laquelle le concept du "pardon" a été accepté dans les médias est une preuve supplémentaire de l'approbation rapide que les Israéliens accordent aux Forces de Défense Israélienne et à ses soldats pour qu'ils agissent comme procureur, juge et bourreau.
Est-ce que qu'elqu'un s'étonne du fait qu'ils ont reçu le pouvoir d'un roi d'Angleterre pour pardonner avant un procès ?
Même le destin des prisonniers qui vont être libérés dans le contexte des gestes de bonne volonté a été scellé avant même qu'ils soient jugés dans le grand show appelé "le tribunal de l'armée israélienne".
Un show, parce que la même institution militaire qui occupe et détruit et opprime la population civile est l'institution qui décide que s'opposer à l'occupation (même par les manifestations populaires et le jet de pierres) est un crime.
Ses juges sont fidèles à l'intérêt de la défense de l'occupant et du colon. Le geste de libération des prisonniers est donc une réparation très mineure face à une anomalie juridique substantielle.
Les Palestiniens ne peuvent pas oublier que des milliers de commandants et de soldats israéliens qui ont tué des femmes et des enfants, qui ont brisé des mains et des pieds et qui ont défendu le vol des terres avec leurs armes, sont toujours libres.
Si Olmert avait vraiment voulu renforcer Abbas, il aurait au moins dû accepter la demande faite par les représentants du Fatah depuis des années :
Montrer un certain degré d'égalité, libérer tout ceux qui ont été emprisonnés à vie pour des actions contre l'occupation, avant la signature des Accords d'Oslo.
Libérer ceux qui ont en prison depuis 20 à 30 ans, et ceux dont les chefs de l'époque font partie aujourd'hui des négociateurs.
Ne pas les avoir libérés après 1994 a été l'un des importants facteurs qui ont contribué à l'affaiblissement du statut de l'Autorité Palestinienne et du Fatah
Mais après tout, les "gestes" sont faits dans le concept de la suprématie israélienne, du jet de quelques miettes à Abbas en prévision de son obéissance et d'un grade de "bon comportement" convenant à un sujet fidèle.
Quand c'est le plan, c'est également une recette certaine pour affaiblir Abbas.
Source : http://www.haaretz.com
Traduction : MG pour ISM
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