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Palestine - 27 avril 2009
Par Amira Hass
La séparation totale entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, est l'un des plus grands accomplissements de la politique israélienne, dont l'objectif est d'éviter une solution basée sur les décisions et les accords internationaux et de dicter un arrangement basé sur la supériorité militaire d'Israël.
Compte tenu de la rivalité criante entre les deux principaux mouvements qui se disputent la mainmise sur le simulacre de gouvernement palestinien, le Fatah et le Hamas, il est facile d'oublier les efforts qu'Israël a investi pour séparer les familles, l’économie, la culture et la société entre les deux parties d’Etat palestinien en devenir. Tout ce qui restait aux Palestiniens, c’était de couronner leur division par un double gouvernement.
Les restrictions aux déplacements des Palestiniens mis en place par Israël en Janvier 1991 a renversé un processus qui avait été lancé en Juin 1967. À l'époque, et pour la première fois depuis 1948, une grande des Palestiniens vivaient encore sur le territoire ouvert d'un seul pays – c’est sûr, un pays qui était occupé, mais il était néanmoins entier. Certes, il est apparu très vite trois catégories d’habitants palestiniens: des citoyens israéliens de troisième classe, des habitants d'Israël (Jérusalem) et des habitants du «territoire administré".
Pourtant, l'expérience de renouer d’anciens liens familiaux et sociaux et la création de nouveaux modes de développement social, culturel et d’amitiés économiques se sont révélés plus forts que les distinctions administratives. Le dynamisme, la créativité et l'optimisme de la première Intifada (1987-1992) doivent beaucoup à la réalité générée par cette libre circulation dans un seul pays.
Israël a mis fin à cette liberté de mouvement à la veille de la première guerre du Golfe. Depuis Janvier 1991, Israël a simplement mis au point par des moyens bureaucratiques et logistiques la division et la séparation, non seulement, des Palestiniens des territoires occupés avec leurs frères en Israël, mais aussi celle des résidents palestiniens de Jérusalem avec ceux du reste des territoires et celle des Gazaouis avec les Cisjordanie ns et les Jérusalémites. Les Juifs vivent sur ce même bout de terre avec un système supérieur et séparé de privilèges, de lois, de services, d’infrastructures physiques et de liberté de mouvement.
Un jour, quand les archives seront accessibles, nous saurons à quel point ce processus a été calculé et planifié. Pendant ce temps, nous ne pouvons pas ignorer le fait qu'il a commencé au moment où la Guerre Froide et l'Apartheid sud-africain s’achevaient et que la communauté internationale estimait que les conditions étaient réunies pour une solution à deux Etats entre les Israéliens et les Palestiniens basé sur les lignes de frontières du 4 Juin 1967.
En parallèle du processus d'Oslo, Israël a pris des mesures bureaucratiques qui ont rendu dérisoire la clause des Accords d'Oslo selon laquelle la Bande de Gaza et la Cisjordanie n’étaient qu’une seule unité territoriale. Les Gazaouis ont été interdits de vivre, d'étudier et de travailler en Cisjordanie sans l'autorisation d'Israël (qui a rarement été donnée, et uniquement à des candidats privilégiés).
Les Gazaouis ont également été interdits d'entrer en Cisjordanie par sa frontière avec la Jordanie. Les amis et les familles qui vivent seulement à 70 kilomètres les uns des autres sont interdits de se rencontrer par Israël. Aujourd'hui, un Palestinien né à Gaza, qui vit en Cisjordanie sans autorisation d'Israël est considéré comme une "présence illégale".
Le sournois désengagement unilatéral d’Israël de 2005 perpétue un processus qui a commencé en 1991: la bande de Gaza et la Cisjordanie relèvent de différents types d'administration, avec Israël présentant habilement la Bande de Gaza comme une entité indépendante qui n’est plus sous l'occupation. Au cours des dernières élections palestiniennes, le Hamas s’est montré plus convaincant que le Fatah quand il a attribué la «victoire» palestinienne et le retrait d'Israël à lui-même et à sa lutte armée. Puis il a eu ensuite la prise de contrôle de la bande de Gaza par les forces de sécurité du Hamas en Juin 2007 et la directive du président palestinien Mahmoud Abbas à des dizaines de milliers d'employés de l'Autorité Palestinienne de boycotter leurs lieux de travail dans la Bande de Gaza.
Lors des récentes discussions sur l’unité palestinienne, les questions de fond n'ont pas été abordées: Est-ce que le public de Cisjordanie et de Gaza a renoncé au lien entre les deux parties occupées en 1967 jusqu'à la lointaine réalisation du rêve d'un seul Etat?
La population palestinienne demandera-t’elle des comptes à ses dirigeants pour l'aide qu'ils ont apportée à Israël dans la séparation des deux territoires?
Est-ce que le lien avec le monde arabe et musulman est plus important pour le Hamas que le lien avec la Cisjordanie ?
Est-ce qu’une position honorifique au niveau international et les avantages d’une haute bureaucratie sont plus importants pour l'Autorité Palestinienne et l'Organisation de Libération de la Palestine que la population de Gaza?
La réponse doit aussi venir des Israéliens, et en particulier de ceux qui prétendent soutenir la paix. Avant la victoire électorale du Hamas en 2006, le centre du gouvernement de l'Autorité Palestinienne se trouvait dans la Bande de Gaza. Cela n'a pas empêché Israël de parfaire les conditions de séparation et de rupture qui ont transformé la Bande de Gaza en camp de détention qu’il est aujourd'hui, alors que la foule de pacifistes israéliens ne fait rien.
Même si un miracle se produisait au Caire et que les Palestiniens s’unissaient, le gouvernement israélien ne renoncera pas volontairement à son plus grand succès: la séparation de Gaza de la Cisjordanie . Cet accomplissement, qui ne fera qu’attiser le feu d'un conflit sanglant, est une catastrophe pour les deux peuples.
Source : http://www.dailystar.com.lb/
Traduction : MG pour ISM
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Néocolonialisme
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