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Gaza - 23 janvier 2009
Par Mousa Abu Marzook
Mousa Abu Marzook est chef adjoint du bureau politique du Hamas.
Les objectifs israéliens de la guerre contre Gaza ont été définis bien avant son lancement : chasser le mouvement et le gouvernement Hamas, réinstaller le leader du Fatah, Mahmoud Abbas à Gaza, et mettre fin à la résistance armée. Deux autres objectifs n’étaient pas annoncés. D’abord, restaurer la confiance vacillante du public israélien dans ses forces armées après leur défaite par le Hezbollah en 2006. Ensuite, rehausser le gouvernement de coalition aux prochaines élections.
En conséquence, nous déclarons qu’Israël a perdu, et perdu de façon décisive. Qu’a-t-il réussi ? Le meurtre d’un grand nombre de civils, enfants et femmes, et la destruction des maisons, des bâtiments ministériels et autres infrastructures avec les armes US de pointe, et autres produits chimiques et phosphoriques internationalement interdits. Près de 2.000 enfants ont été tués et blessés dans la poursuite désespérée de buts politiques.
Beaucoup d’organismes internationaux ont qualifié ces attaques de crimes de guerre, pourtant c’est à peine si nous avons entendu prononcer un mot de dénonciation par un quelconque dirigeant occidental. Quel message l’Union Européenne veut-elle adresser aux Palestiniens par ce silence honteux sur ces crimes, alors qu’elle parle sans cesse des droits de l’homme ?
Ces trois dernières semaines, et les 18 mois qui les ont précédées, ont à tout du moins prouvé que les Palestiniens ne peuvent être brisés par la famine, l’étranglement économique ou l’attaque brutale. Les dirigeants européens n’ont qu’une seule option : reconnaître le résultat du processus démocratique qu’ils avaient appelé de leurs vœux et soutenu.
L’attaque n’a réussi ni à miner ni à affaiblir le gouvernement dirigé par le Hamas, ni à retourner les Palestiniens contre le Hamas. Au contraire, le soutien public est plus fort que jamais, en Palestine et dans le monde entier. Les capacités militaires du Hamas n’ont pas non plus été amoindries.
Ceci explique la précipitation d’Israël à signer un accord si étrange avec les USA pour empêcher que des armes ne parviennent au Hamas. Il est voué à l’échec. Comme l’ont reconnu l’ancien chef d’Etat major israélien Moshe Ya’alon et Binyamin Netanyahu, les forces israéliennes n’ont pas atteint leurs objectifs.
Pourquoi Israël a-t-il droit à un flot continu des armes les plus léthales, dont des armes interdites, alors qu’on ne reconnaît pas aux mouvements de résistance nationale les moyens de se défendre ? Les lois internationales reconnaissent aux nations occupées le droit de résister à leur occupant, et c’est un droit que nous voulons exercer pleinement.
Israël doit accepter la réalité, à savoir qu’il est incapable de briser la résistance palestinienne. De la même manière, l’Europe doit accepter que ramener Abbas sur un char israélien n’est pas une option. Ni ne le sont les tentatives de gagner par la « diplomatie » ce que la puissance de l’armée israélienne n’a pas réussi à obtenir par la force.
Décider que toute l’aide pour la reconstruction de Gaza doit passer par le gouvernement illégal de Salam Fayyad suggère qu’il n’y a pas de fin à l’exploitation des Palestiniens par quelques parties. Nous ne cesserons jamais de prôner l’unité nationale, mais nous ne permettrons jamais qu’on y parvienne en compromettant les droits palestiniens.
Et nous disons au Président Obama : la vague d’espoir qu’a suscité votre élection a été grandement refroidie par votre silence sur le massacre de Gaza. Ceci a été aggravé par votre déclaration pré-électorale aux côtés des colons israéliens de Sderot.
Vous feriez bien de connaître l’histoire des lieux dont vous parlez. Sderot, qui est peut-être connue par certains comme une ville israélienne, a été construite sur les ruines de Najd, un village palestinien dévasté en mai 1948 par les bandes terroristes sionistes. Les villageois ont été expulsés de leurs lits et de leurs maisons, avec rien d’autres que les vêtements qu’ils portaient, faisant d’eux des réfugiés pour les 61 années à venir. Voilà l’histoire de Sderot.
Ce n’est jamais un bon début d'indifférencier le tyran et la victime, mais il y a toujours la place pour un regain d’optimisme. Vous ne pourrez démarrer une nouvelle relation avec le monde musulman que si vous décidez d’aborder avec impartialité la question des 6 millions de réfugiés palestiniens et la fin de l’occupation des terres palestiniennes.
Source : Guardian
Traduction : MR pour ISM
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Mousa Abu Marzook
23 janvier 2009