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Moyen Orient - 11 février 2007
Par Dr. Khaled M. Batarfi
De la galerie de presse du Congrès américain, j'ai écouté un président américain, George W. Bush, prononcer son discours de l'Etat d'Union, son troisième à la nation.
Pendant qu'il parlait, j'ai observé les réactions de ses auditeurs des deux côtés de l'île.
Les Démocrates et les Républicains montraient leur accord ou leur désaprobation avec le langage du corps : cela allait des ovations, aux hochements de tête et aux sourires affectés.
Le sujet le plus controversé, naturellement, était l'Irak. Les questions posées de nos jours incluent : À qui est-ce la faute ? Qui a voté pour la guerre et contre ?
Que faire à son sujet ?
Envoyer plus de troupes pacifira-t'il l'Irak et accélérera-t'il le retrait éventuel, ou compliquera-t'il le problème et augmentera-t'il les victimes et les dépenses américaines ?
Qui a voté pour et contre la résolution autorisant la guerre en Irak est appropriée pour trois raisons :
1. La victoire des Démocrate aux élections du Congrès en novembre a montré l'importance du sujet de l'Irak pour les électeurs, et à quel point le public est alarmé par la situation et à quel point il juge mauvaises les performances du gouvernement.
2. Une course plus tôt que d'habitude pour les élections présidentielles de 2008 fait apparaître des candidats diffusant des messages anti-escalade ou anti-guerre.
3. Le nouveau Congrès est de façon écrasante contre la décision de l'administration d'envoyer 21.500 troupes supplémentaires en Irak.
Comme je l'ai dit aux intellectuels que j'ai rencontrés lors d'une visite de presse de Washington organisée par l'Institut Démocratique National, le Discours de l'Etat d'Union ne devrait pas être confiné au public américain.
Le monde entier est intéressé par ce que l'empereur a à dire puisque l'Empire américain est le co-auteur de la carte géopolitique mondiale et de l'histoire moderne d'après la Seconde Guerre Mondiale, en particulier depuis qu'il est devenu le seul "acteur" du monde après la disparition soudaine de l'Union Soviétique.
Encore une fois, ce président de la police mondiale ne nous parle pas dans son discours le plus complet et le plus important de l'année.
Les Démocrates, aussi, échouent à répondre à nos inquiétudes. Dans sa réponse au discours de l'Etat d'Union, le Sénateur Jim Webb, qui a la crédibilité en tant que vétéran avec un fils soldat à Bagdad, a parlé avec éloquence sur la façon dont l'Amérique devrait retirer sa présence militaire en Irak au lieu de l'augmenter. Il a calculé les coûts humains et matériels. Mais ils étaient tous Américains.
Comme le président et presque tous les décideurs que j'ai lu et ai écouté pendant cette visite, ils ne pensaient qu'à leurs troupes et à leurs dollars.
Le silence assourdissant dans ce cirque sauvage et violent concerne les morts et les coûts irakiens. Des centaines de personnes sont tuées quotidiennement en raison de cette guerre inutile, des milliards de dollars en dommages collatéraux et en revenus sont perdus chaque semaine, et un pays entier glisse dans le tunnel moyen-âgeux de la guerre civile. Aucun politicien en Amérique ne semble s'inquiéter de ces pertes.
L'excuse que l'on m'a donnée ? Les Américains ne s'inquiètent pas ! Quand vous demandez quelles ont été les pertes lors de la guerre de Vietnam, ils répondent 50.000. Ce sont leurs morts mais aucune mention n'est faite aux trois millions de Vietnamiens tués par ces 50.000 hommes et leurs compagnons.
La plupart des Américains croient aujourd'hui que la guerre contre l'Irak était une erreur désastreuse. C'est à l'opposé de leur position avant et après la chute de Bagdad.
Même à ce moment-là, les victimes et les dommages collatéraux étaient énormes mais du côté irakien seulement.
Maintenant, après des années de répression, les Irakiens, comme les Vietnamiens et les Afghans avant eux, tournent leurs armes contre les envahisseurs. Oui, leurs pertes sont beaucoup plus grandes, mais au moins les occupants ressentent la pression, aussi.
Je suis toujours heureux quand les gens finalement reviennent à la raison, mais pourquoi maintenant et comment ?
Beaucoup d'Américains croient toujours la propagande américaine qu'ils ont envahi l'Irak pour rechercher et détruire des armes nucléaires, pour renverser un dictateur et pour propager la liberté et la démocratie.
Quand les choses ont tourné au vinaigre, ils ont cru que c'était la faute des autres : des voisins et des Irakiens.
"Nous ne savions pas que c'était une nation de tueurs." s'est plaint un ami américain.
"Votre peuple est habitué à s'entretuer depuis des siècles ! Nous sommes venus la main tendue et le coeur ouvert, mais vous ne méritez pas notre bonté ! Vous ne méritez pas notre aide ! Nous sommes pas d'ici."
Je rappelle à ces gens une vieille règle américaine : Si vous le cassez, vous êtes responsable !
Vous allez tirer dans un magasin de porcelaine, vous fixez la mangeoire, vous virez le personnel,vous insistez pour diriger les affaires à votre façon, mais quand tout va mal, vous blâmez tout et tout le monde sauf vous-même, puis vous courez !
L'Irak était en seul morceau avant que vous arriviez, Monsieur le Cowboy.
Les Sunnites, les Shiites, les Chrétiens et les Juifs vivaient côte à côte en harmonie depuis des siècles. Ce qui s'est passé pendant votre occupation est de votre responsabilité. L'empire Ottoman a régné sur l'Irak pendant 400 ans - en paix.
En quatre ans, vous êtes parvenus à le transformer en abattoir.
Donc, ne me dites pas maintenant que c'est "eux", parce que même si c'était le cas, selon les Conventions de Genève, c'est votre travail, en tant que puissance occupante, que de fournir la sécurité et de maintenir la loi et l'ordre dans les territoires sous votre domination - aucunes excuses ne sont admises.
Source : http://www.arabnews.com/
Traduction : MG pour ISM
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Dr. Khaled M. Batarfi
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