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Israël - 1 juillet 2004
Par Human Rights Association
L’ampleur de ce phénomène a été mise en évidence par un sondage, publié le 21 juin dernier, par le Centre des Etudes de Sécurité Nationale de l’Université de Haïfa
En mai dernier, quand le ministre des Infrastructures nationales de l’époque, Avigdor Lieberman, proposa le transfert de 90 % des citoyens arabes d’Israël, y inclus les footballeurs de l’équipe qui a décroché la coupe nationale – les Bnei Sakhnin – en Cisjordanie ou ailleurs, on aurait pu aisément attribuer ses observations au rabâchage aigri d’un extrémiste de droite, aux marges de l’opinion publique israélienne.
Mais ce n’était pas un paria politique qui s’exprimait là. Lieberman, c’était un membre important du cabinet israélien, et il dirigeait des services du gouvernement, des emplois et disposait d’un budget conséquent.
De plus, lorsque des ministres tels un Lieberman, ou d’autres responsables, non-ministres, du gouvernement, abusent de leur pouvoir afin de préconiser des politiques racistes tel le « transfert » de population et se rendent responsables de pratiques discriminatoires, ces idées et ces actions acquièrent un air de normalité, et les citoyens moyens sont mûrs pour leur emboîter le pas.
L’ampleur de ce phénomène a été mise en évidence par un sondage, publié le 21 juin dernier, par le Centre des Etudes de Sécurité Nationale de l’Université de Haïfa, qui a établi qu’une majorité des juifs israéliens (63,7 % des 1 016 personnes interrogées) pensent que le gouvernement devrait encourager les citoyens arabes d’Israël à émigrer hors du pays.
Chiffre frappant, à comparer aux 57 % relevés en 2003 par l’Israëli Democracy Index, publié par l’Institut de la Démocratie Israélienne l’année dernière, la même question ayant été posée à des juifs israéliens. L’Association Arabe pour les Droits de l’Homme [Arab Association for Human Rights – HRA] pense que ces statistiques révèlent une tendance préoccupante, s’assimilant à la montée d’une culture du racisme dans la société politique israélienne, laquelle s’exprime quotidiennement par des occurrences de discrimination publique allant des agressions physiques contre des citoyens appartenant à des minorités ethniques, jusqu’à la discrimination à l’emploi à l’encontre de citoyens appartenant à ces minorités, en passant par leur non-admission dans des lieux publics.
Dans un article [1] publié le mardi 22 juin par le quotidien israélien Ha’aretz et intitulé "Sondage : 64 % des juifs israéliens soutiennent des mesures incitant les Arabes à partir" [Poll : 64 % of Israëli Jews Support Encouraging Arabs to Leave], la Dr. Dafna Kaneti-Nissim a exposé son interprétation des résultats de ce sondage : « Le sondage est une illustration d’un phénomène repéré et documenté dans le monde entier, qui fait que des gens qui se sentent menacés ont tendance à développer une forme d’hostilité envers les minorités vivant parmi eux » (citation indirecte extraite d’Ha’aretz).
"L’opinion publique (israélienne) a tendance à identifier la minorité arabe israélienne avec la menace terroriste" (citation directe de Mme Dafna Kaneti-Nissim).
C’est là sans doute une évaluation pertinente des peurs ressenties par les juifs israéliens, mais cette évaluation ne remonte pas à la source de ces peurs, ce qui incite les lecteurs (de l’article) à accepter cette montée de l’extrémisme avec une certaine résignation, voire une certaine complaisance.
Pourtant, dans une société où la majorité considère qu’une minorité ethnique représente une menace, il est du devoir des pouvoirs publics de prendre des mesures proactives visant à protéger cette minorité contre toute discrimination et tous abus, et à promouvoir la participation, la compréhension mutuelle et la tolérance parmi toutes les composantes nationales, raciales ou ethniques [2].
D’après la Convention Internationale pour l’Elimination de Toutes les Formes de Racisme [International Convention on the Elimination of All Forms of Racial Discrimination (CERD)], qu’Israël a ratifiée le 3 janvier 1979, Israël est tenu pour responsable "de l’adoption immédiate des mesures positives à même d’éradiquer toute incitation, ou de tous agissements, ressortissant à la discrimination (raciale) [3].
De plus, en signant la CERD, Israël s’engageait à « ce qu’il soit interdit aux autorités, ou aux institutions, publiques, nationales ou locales, de promouvoir la discrimination raciale ou d’y inciter." [4]
Pour HRA, Israël ne tient pas ses engagements, ce qui a notamment pour effet l’augmentation de l’extrémisme, qui a atteint un tel niveau que, d’après le nouveau sondage, 45,3 % des juifs israéliens soutiennent la suppression du droit de vote des citoyens (israéliens) arabes, ainsi que leur droit à occuper des fonctions électives (politiques).
Au lieu d’assumer leur responsabilité en promouvant les droits civils des citoyens minoritaires, beaucoup d’hommes politiques israéliens alimentent les peurs de la population juive, en présentant les citoyens palestiniens arabes d’Israël sous les traits d’ennemis ou de « terroristes », et ils utilisent même cette incitation à des fins électorales.
Cette stratégie est sans doute efficace, lorsqu’on constate qu’un quart des répondants au sondage du Centre des Etudes de Sécurité Nationale (Haïfa) ont dit qu’ils "envisageraient de voter pour un parti ultra-nationaliste tel le parti interdit Kach, si ce parti présentait un candidat aux prochaines élections".
Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une violation des droits humains de citoyens minoritaires, ainsi que du droit international.
Afin de contrer cette droitisation des attitudes politiques parmi les membres de la majorité juive en Israël, le HRA pense que le gouvernement doit adopter – et faire appliquer – des lois sanctionnant l’incitation à la discrimination raciale, comportant notamment le projet (qu’il a proposé) d’une loi visant à lutter contre les incitations aux pressions censées encourager les Arabes israéliens à quitter le pays.
Le HRA pense, également, que le gouvernement doit prendre des mesures positives afin de maîtriser l’extrémisme, au moyen d’une éducation aux droits de l’homme, s’adressant en particulier à la jeunesse juive d’Israël.
D’après l’édition 2004 du Israëli Democracy Index, au chapitre intitulé "Evaluer les attitudes de la jeunesse en matière de démocratie" : "les jeunes juifs sont plus favorables au "transfert" que les juifs adultes. Seule, une minorité de 46 % des jeunes juifs soutiennent l’égalité des droits pour les citoyens arabes [5] ». Cela signifie que l’Etat doit prendre des mesures immédiates et de grande portée afin de contenir la croissance prévisible de la radicalisation et du racisme dans les attitudes des citoyens de la majorité (juive).
[1] : http://www.haaretz.com/
[2] : Article 13 de la Convention Internationale sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels.
[3] : Article 4.
[4] : Ibidem.
[5] : http://www.idi.org.il/
[Pour plus d’information, veuillez nous contacter directement :
Muhammad Zeidan, Director
Arab Association for Human Rights (HRA)
PO Box 215, Nazareth 16101, Israël
• telephone: +972 (0)4 6561923
• fax: +972 (0)4 6564934
• email: mzeidan@arabhra.org; hra1@arabhra.org]
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