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Europe - 25 février 2008
Par Palestine Info
L'envoyé du Centre Palestinien d'Informations (CPI) a rencontré Amin Rachid, président du « Comité Européen contre le blocus de Gaza », pour parler du siège, de ses conséquences inhumaines et des réactions suscitées. Entretien exclusif.
La bande de Gaza vit toujours sous un blocus inhumain et suffoquant. Et l'Europe a connu ces derniers jours une vague de solidarité avec sa population. Beaucoup sont sortis manifester dans les rues. D'autres ont éteint les lumières de leurs domiciles, églises, mosquées, syndicats... Contre les positions officielles, les appels à briser cet injuste siège s'y succèdent.
Le « Comité Européen contre le blocus de Gaza » a joué un rôle important pour la coordination des efforts destinés à briser le blocus. Il a beaucoup travaillé pour contacter des responsables européens pour les mettre au courant des conséquences du siège.
L'envoyé de notre Centre Palestinien d'Informations (CPI) a rencontré Amin Rachid, président du « Comité Européen contre le blocus de Gaza », pour parler du siège, de ses conséquences inhumaines et des réactions suscitées.
Des extraits de l’interview ont été traduits de l'arabe par nos soins et sont publiés en deux épisodes. En voici le premier, à la veille de la journée internationale de solidarité avec Gaza, demain, le samedi 23 février :
Le blocus en Europe
CPI : Voudriez-vous nous parler en quelques mots de cette politique de blocus pratiquée contre Gaza ?
Abou Rachid : Notre comité considère cette politique comme un nettoyage ethnique pratiquée systématiquement mais lentement contre les habitants de la bande de Gaza. Une violation continuelle de leur droit à une vie normale. Une destruction systématique de toutes les raisons de vivre, de tout espoir à un avenir sûr.
Nous continuons donc à condamner catégoriquement cette politique qui ne fait que s'intensifier, de jour en jour.
Nous ne faisons qu'attirer l'attention sur l'aspect inhumain et immoral de cette politique. Une politique qui vient à l'encontre de la loi humaine internationale et des conventions des droits de l'homme.
CPI : Quel est le message du « Comité Européen contre le blocus de Gaza » ?
Abou Rachid : Il n'est plus un secret pour personne que cette politique, en intensification perpétuelle, donne des résultats humanitaires catastrophiques, notamment parmi les malades. Il n'est alors pas acceptable de rester passif devant ces violations, sans intervenir pour les arrêter. Cela est notre message.
A plusieurs reprises, nous avons dit que le monde libre ne peut pas rester si passif devant tant de violations, tellement dangereuses. Des violations du droit de vie. Des violations de la loi humaine internationale.
Généralement, nous appelons continuellement les Européens à intervenir, en usant de leur influence au Moyen-Orient, pour mettre fin aux souffrances du peuple palestinien. Pour stopper les politiques injustes, les agressions, les massacres israéliens...
En Europe, les appels pour détruire le mur discriminatoire continuent. Ce mur condamné mondialement est installé par les autorités sionistes sur des territoires palestiniens. Il a divisé la Cisjordanie en des cantons isolés. Il rend impossible la vie de millions de Palestiniens. Et les barrages militaires israéliens sont là pour entraver leurs mouvements et pour les humilier quotidiennement.
Les passages
CPI : Des appels particuliers sont-ils lancés ?
Abou Rachid : En plus de ce qui vient d’être dit, nous appelons à mettre un terme à la cette politique de blocus injuste et inhumaine. Cette politique est incarnée par des sanctions collectives. Elle vient contre les droits de l'homme les plus élémentaires. Elle cause une mort lente à un grand nombre de malades et de faibles. Elle démolit les sources de vie des Palestiniens de la Bande, déjà tellement limitées.
Dans ce contexte, nous appelons à ouvrir les points du passages de la bande de Gaza, à mettre fin à toutes ces tragédies humaines causées par cette fermeture. Il faut commencer par ouvrir les passages aux mouvements de personnes, des malades, des cas humains particuliers, pour la nourriture, le carburant...
CPI : Quant au passage de Rafah ?
Abou Rachid : Nos appels se concentrent sur la nécessité d'ouvrir le passage de Rafah, ouverture unique vers le monde extérieur. Sa fermeture, nous la considérons comme une pratique dangereuse de sanctions collectives. On ne doit rester silencieux vis-à-vis d’elle.
Bien évidemment, nous attirons l'attention de chaque parti sur ses responsabilités. En particulier, le gouvernement égyptien... En fait, la fermeture du point de Rafah, l'unique passage vers le monde extérieur, reflète la vérité du blocus imposé sur les habitants de la bande de Gaza. Souvenez-vous du cas des milliers de Palestiniens suspendus sur les deux côtés du passage pendant plusieurs mois durant. Parmi eux se trouvaient des centaines de malades, d’étudiants, d’étudiantes...
Le 23 février
CPI : Avez-vous des contacts avec le Comité populaire (de Gaza) pour faire face au blocus ?
Abou Rachid : Le Comité populaire fait des efforts formidables. En parlant directement du terrain, ses appels sont plus efficaces. Nous répondons présents à la campagne de solidarité avec les Palestiniens de Gaza. Le jour du 23 février sera un jour de manifestations, de rassemblements pour pousser vers un bris du blocus. A cette occasion, j'aimerais marquer l'impression que des Européens m'avaient faite. Ils se considèrent comme les porte-parole de Gaza. Cette affaire est importante ; elle poussera l’affaire vers l'avant, si Dieu le veut.
CPI : Qu'attendez-vous dudit jour ?
Abou Rachid : Il est prévu que des manifestations et des rassemblements soient organisés partout en Europe, en solidarité avec Gaza. Le samedi 23 février sera un jour de solidarité sans précédent avec le peuple palestinien assiégé. Les places et les rues seront une extension de la bande de Gaza.
Parallèlement, les décideurs, les parlementaires, les institutions de la société civile européenne seront aussi contactés. Quant aux membres du parlement européen, il y a une campagne pour les mettre au courant de la tragédie quotidienne causée par le blocus immoral imposé sur la bande de Gaza.
Suite de l'entretien exclusif
La position officielle
CPI : Et pour ce qui est des positions officielles ?
Abou Rachid : Notre message est clair. La position européenne ne doit pas être complice avec la politique de blocus, directement ou non. Les Européens ont une grande influence dans la région (le Moyen-Orient). Ils ont alors des responsabilités humaines et morales. Ils ont des obligations concernant les droits de l'homme. Ils doivent donc intervenir de façon urgente et pratiquer des pressions nécessaires contre l'injuste blocus...
Notre comité continue à mettre les établissements européens devant leurs responsabilités face à la politique de blocus adoptée par le gouvernement de l'occupation. Nous leur indiquons comment la bande de Gaza, où habitent un million et demi d'âmes, s'est transformée en une vraie grande prison. Personne ne peut en sortir. Même les gens gravement malades. Même les jeunes dont les études sont à l'étranger. Sans parler des journalistes, des hommes d'affaires, des gens travaillant dans les ONG. Nous crions que rien n'y arrive. Même pas les médicaments et les équipements médicaux, même pas la nourriture, les aides humanitaires, le carburant...
Nous sommes devant des réalités catastrophiques. Le blocus laisse des conséquences catastrophiques sur tous les domaines de la vie : la santé, la nourriture, l'éducation, l'aide humanitaire... Il paralyse les domaines industriels et économiques. Le chômage, déjà tant grave, est arrivé à des niveaux parmi les plus élevés du monde.
Les Européens et le blocus
CPI : Hormis la position officielle, constatez-vous des réactions concrètes et positives aux appels à lever le siège ?
Abou Rachid : Laissez-moi vous dire que dans les dernières semaines, les pays européens ont connu un fort élan de solidarité pour briser le blocus...
Innombrables sont les mouvements de solidarité. Mieux encore, ces mouvements dépassent la simple solidarité. Les gens disent désormais : ça suffit, arrêtez le crime quotidien perpétré par l'occupation israélienne ; soutenez le peuple palestinien.
Dès que les frontières de Rafah avaient été ouvertes, des Européens ont déferlé vers Gaza. Ce sont nos amis, députés du parlement européen, représentants des associations humanitaires et juridiques... Beaucoup de ceux qui avaient entendu parlé de la plus grande prison du monde. Ils sont venus pour confirmer que tous leurs sentiments sont avec Gaza et que l'injuste blocus doit être brisé par la volonté des gens libres...
Beaucoup d'Européens ont éteint la lumière, en solidarité avec Gaza que l'occupation israélienne avait voulu plonger dans le noir. Cette activité symbolique lancée par le « comité européen pour lever le blocus de Gaza » a connu un grand succès, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Europe... Des millions de gens ressentent la souffrance de l'homme palestinien dont l'occupation israélienne veut entamer la volonté.
Agression en escalade
CPI : En plus du blocus, le peuple palestinien n'est-il pas le sujet d'une attaque plus vaste ?
Abou Rachid : C'est exact. Nous avons, à plusieurs reprises, appelé à obliger le gouvernement de l'occupation à ce qu'il arrête ses agressions perpétuelles, ses invasions répétées, ses crimes, ses assassinats... Nous appelons aussi à présenter les responsables israéliens devant la justice pour répondre aux crimes commis...
CPI : Un dernier mot ?
Abou Rachid : Nous continuons à demander aux défenseurs de la liberté, de la justice, des droits de l'homme de crier haut et fort leur refus du blocus injuste…
Nous informons le peuple palestinien, si patient, que nous, en Europe, nous faisons de la question du blocus notre priorité. Nous en faisons une obligation. C'est un devoir qui doit être assumé par les gens de bonne conscience, ayant des principes, par les défenseurs de la justice, de la liberté et de la dignité humaine, partout dans le monde.
Source : Palestine Info
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