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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

La Résistance Non-Violente n'est pas Illégale : Human Rights Watch doit retirer sa déclaration

Par

Le Mouvement de Solidarité Internationale (ISM) applaudit la population de Jabalya pour son utilisation courageuse et efficace de la résistance non-violente, et nous exprimons notre pleine solidarité avec leurs actions, qui sont des initiatives positives dans la lutte pour la défense des droits des Palestiniens.
Nous notons avec déception que Human Rights Watch (HRW) a choisi de condamner ces actions, en suggérant qu'elles pourraient constituer un "crime de guerre".


Le dimanche 19 novembre, des centaines de civils palestiniens se sont entassés dans la maison où vivent la famille de Mohamed Baroud et plusieurs autres familles dans le camp de réfugiés de Jabalya dans la Bande de Gaza.

Les forces militaires israéliennes avaient averti que le bâtiment serait attaqué.

L'attaque israélienne a été annulée par cette action. Deux heures plus tard, la scène a été reproduite dans la maison de Mohamed Nawajeh, avec les mêmes résultats.

Le Mouvement de Solidarité Internationale (ISM) applaudit la population de Jabalya pour son utilisation courageuse et efficace de la résistance non-violente, et nous exprimons notre pleine solidarité avec leurs actions, qui sont des initiatives positives dans la lutte pour la défense des droits des Palestiniens.

Nous encourageons les volontaires internationaux à participer à ces actions, comme l'ont fait le Père Peter Dougherty et la SoeurMary Ellen Gundeck du Michigan Peace Team.

Nous notons avec déception que Human Rights Watch (HRW) a choisi de condamner ces actions, en suggérant qu'elles pourraient constituer un "crime de guerre".

Dans un communiqué de presse du 22 novembre 2006 intitulé, "TPO : Des civils ne doivent pas être utilisés pour protéger des maisons contre des attaques militaires" le responsable pour le Moyen-Orient de HRW, Sarah Leah Whitson, a déclaré : "Il n'y a aucune excuse pour appeler des civils à venir sur les lieux d'une attaque prévue. Que la maison soit une cible militaire légitime ou non, demander sciemment à des civils de venir s'y positionner est illégal."


Le communiqué de presse de HRW est réellement erroné, légalement, et moralement.

HRW a basé sa déclaration sur une information factuelle contestée. HRW a affirmé que : "Les groupes armés palestiniens" et Mohamed Baroud ont encouragé des civils à se réunir autour des maisons.

Cependant, alors que quelques articles de presse mentionnaient le rôle de Baroud, de nombreux autres témoignages de la presse et des participants à Gaza suggèrent que la mobilisation résultait des appels des responsables civils et d'une vague de colère populaire contre les démolitions de maisons par les Israéliens.


Pour prendre seulement un exemple, Eyad Bayary, un infirmier de l'hôpital de Jabalya qui était dans la maison de Baroud avec une vingtaine de ses voisins, a déclaré à l'ISM qu'il n'avait pas entendu l'appel de Baroud demandant aux gens de venir protéger sa maison.

Lui et ses voisins sont allés de leur plein gré soutenir Baroud et sa famille et protester contre le bombardement : "Je vis à côté de la maison de M. Baroud. Si sa maison est bombardée, au mieux ma maison sera endommagée. Mon épouse est dans son sixième mois de grossesse. Dieu interdit un bombardement de la maison voisine qui pourrait la mettre en danger ainsi que l'enfant qu'elle porte. Tous nos enfants auraient été affectés. Nous sommes allés dans la maison de la famille Baroud parce que nous étions effrayés et en colère. Personne ne nous a demandés de venir."


En plus de cette défaillance factuelle, nous croyons que la position de HRW reflète des erreurs sérieuses dans l'interprétation et l'application de la Loi Humanitaire Internationale (LHI), à deux égards fondamentaux :
• (1) la position de HRW rejette explicitement d'envisager la légitimité de la cible comme appropriée à une analyse légale ; et
• (2) la position de HRW place faussement le poids de la protection de la vie des civils sur la population qui est attaquée au lieu de la placer sur les belligérants portant l'attaque.


Selon HRW, "dans le cas où l'objet de l'attaque n'est pas une cible militaire légitime, appeler des civils sur les lieux viole la loi humanitaire internationale qui oblige les parties dans le conflit à prendre toutes les précautions possibles pour protéger des civils contre les effets de l'attaque."

LHI donne clairement à la cible une légitimité essentielle dans la détermination de la légalité face à une conduite illégale.
L'article 51 (7) du Protocole I de la Convention de Genève, déclare que "Les Parties au conflit ne doivent pas diriger les mouvements de la population civile ou des personnes civiles pour tenter de mettre des objectifs militaires à l'abri des attaques ou de couvrir des opérations militaires."

L'article 52 du même protocole précise qu'une maison civile est un objet civil et non un objectif militaire. Même si Mohamed Baroud et Mohamed Nawajeh sont des commandants militaires, leurs familles, les maisons de leur famille et les maisons d'autres familles dans les mêmes bâtiments ne sont pas des objectifs militaires.


Par conséquent, l'interdiction de la Convention de Genève sur l'utilisation des civils pour protéger des objectifs militaires ne s'applique pas au rassemblement volontaire de civils palestiniens pour protéger des objets civils comme les maisons de Baroud et de Nawajeh contre une attaque israélienne à venir.

Par contre, le ciblage de ces maisons par Israël constitue une violation des nombreuses dispositions d'LHI qui proscrivent des attaques contre des biens civils, et de l'article 33 de la Quatrième Convention de Genève, interdisant strictement la destruction des biens comme punition collective.


Tandis qu'LHI fixe des obligations sur toutes les parties d'un conflit pour prendre "toutes les précautions possibles" afin de protéger des civils contre les effets d'une attaque, HRW ne cite pas le texte sur lequel il s'appuie pour son affirmation qu'encourager des civils afin de défendre leurs maisons des frappes militaires constitue une violation de cet impératif.

En fait, l'article 57 du Protocole I, concernant des précautions dans une attaque, fixe spécifiquement l'obligation de protéger des civils sur "ceux qui projettent ou décident d'une attaque". (Protocole I, art 57 (2) (a)).

En outre, fournir un avertissement n'affranchit pas Israël de sa responsabilité à ne pas attaquer des objetifs civils, et ne rend pas les objetifs civils des cibles militaires légitimes.

L'erreur d'interprétation par HRW de la Loi Humanitaire Internationale est bien plus évidente quand nous voyons que les déclarations de HRW disant que "les civils ne doivent pas être utilisés pour protéger des maisons contre des attaques militaires illégales" et que "demander sciemment à des civils de venir s'y positionner est illégal" interdiraient de nombreuses formes totalement légitimes de résistance non-violente dans la lutte des populations occupées.

La Quatrième Convention de Genève et ses protocoles additionnels n'ont été jamais prévus pour permettre à un agresseur de choisir ses cibles à volonté, tout en portant la responsabilité sur les victimes civiles afin qu'ils s'en écartent. Ces lois n'ont pas été non plus créées pour empêcher des civils d'exercer leur droit de défendre leurs biens.

La condamnation des efforts non-violents des civils pour empêcher la destruction des maisons civiles représente également une erreur de jugement moral de la part de HRW.

Condamner de cette façon des actions non-violentes, c'est confondre la résistance civile avec l'utilisation de force "des boucliers humains" par ses combattants militaires, comme celles documentées par l'organisation des droits de l'homme israélienne, B' Tselem, dans son rapport "Boucliers Humains" de novembre 2002.

Le rapport décrit la capture de civils palestiniens par l'armée israélienne en les forçant à marcher devant des soldats et en les plaçant parfois sur les capots de leurs véhicules pour décourager des attaques contre leur personnel militaire.


Ces actions militaires israéliennes sont clairement des crimes de guerre (bien que HRW ne les ait pas nommés en tant que tels dans son rapport d'avril 2002, "In a Dark Hour: The Use of Civilians during IDF Arrest Operations").

C'est une erreur d'étendre ce principe à la participation volontaire courageuse des individus sans armes dans des actions non-violentes de masse pour défendre leurs droits de l'homme.

En condamnant de cette façon la résistance civile non-violente, HRW met en danger ceux qui la pratiquent, et ébranle le travail d'autres groupes des droits de l'homme et la crédibilité de Human Rights Watch.

L'ISM invite HRW à revenir sur son communiqué de presse du 22 novembre et à reconnaitre le courage et la légitimité des actions de la communauté palestinienne à Jabalya.


Source : http://www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM

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