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Europe - 12 février 2009
Par Guy Duplat
Une expo à Bruxelles par le Civa et La Cambre, sur l¹architecture moderniste à Tel Aviv, annulée pour des raisons politiques. Le débat est lancé. Le conflit israélo-palestinien s¹invite dans la politique culturelle belge.
Le 20 février prochain, le Civa et la Cambre architecture devaient inaugurer une expo patronnée par l¹Unesco aidée par le ministère israélien des affaires étrangères, et présenté déjà aux Etats-Unis, au Havre et à Vienne, consacrée à l¹architecture moderniste construite pendant les années 30 à Tel Aviv, sous mandat britannique, et classée comme patrimoine de l¹humanité.
Le Civa avait déjà publié un ouvrage sur ce sujet. La première femme architecte belge, Xenia Averbouch, participa à ces travaux à Tel Aviv. Mais les autorités de la Cambre Architecture, qui devait co-organiser l¹expodans l¹espace qui jouxte l¹école à la place Flagey, retirait ses billes. Patrick Burniat, au nom de l¹ISACF-La Cambre, écrivait : "Etant donné lescirconstances actuelles du conflit israélo-palestinien, La Cambre Architecture ne souhaite pas s¹associer à cette manifestation de quelquemanière que ce soit." La Cambre demandait au Civa de réfléchir " au maintien de cette manifestation et de la différer dans le temps dans la mesure où il ne nous semble pas acceptable éthiquement de mettre en valeur l'architecture d¹un pays qui, dans le même temps, s¹emploie à détruire systématiquement l¹infrastructure matérielle d¹un voisin, sans parler évidemment des victimes civiles. Il y aurait beaucoup de cynisme à maintenir cette exposition, d'autant que cette manifestation se fait avec l'appui des autorités qui mènent cette politique, laquelle rencontre l'opprobre de la communauté internationale". Jean-Louis Genard, le directeur de la Cambre Architecture, nous a précisé hier : "Il fallait décider début janvier, quelques jours à peine après le début de l¹invasion de Gaza, et cette exposition était portée par l¹ambassade israélienne. Si cela avait été plutôt une initiative d¹une université israélienne ou d'un centre d'architecture israélien, nous n¹aurions pas eu d¹objection."
Une carte blanche
Suite à ce courrier de La Cambre, la présidente du Civa, Marie Vahamme, convoquait un CA extraordinaire avec ce seul point à l¹ordre du jour. Les deux administrateurs présents, avec des procurations, décidaient la suspension sine die de l'expo. "Non pas, précise Marie Vanhamme, parce que nous pensons que cette exposition a perdu de son intérêt, non pas parce quela dramatisation récente du conflit israélo-palestinien la rendrait politiquement incorrecte, non pas parce que nous pensons qu¹organiser une telle exposition serait considéré comme une provocation au regard des pertes humaines et matérielles engendrées par la guerre, mais parce que nous pensons que les conditions d'appréciation sereine d¹un fait de culture que constitue toute exposition ne sont, dans le cas qui nous intéresse, plus réunies."
A coté de "la sérénité qui manquait", certains parlent aussi de la sécurité qui n¹était pas garantie dans un lieu avec une façade totalement vitrée. "Nous avons reçu des protestations basées pour l¹essentiel de la nécessité d¹appliquer à la culture une politique de boycott supposée contribuer à modifier la politique du gouvernement israélien. A l¹inverse, des voix se sont élevées pour exiger que nous maintenions cette exposition comme manifeste du droit à l¹histoire, du droit à l¹image d¹un Etat, continue la présidente du Civa. La virulence des réactions montre qu¹un débat doit être mené. Il concerne les rapports entre la diffusion de l¹architecture, de laculture en général et la politique, à l'heure où l¹attitude politiquement correcte se développe insidieusement, rendant sujette à caution chaque manifestation relative à l'architecture d¹un Etat dont la politique est contestée. Dès lors, un colloque se tiendra au Civa fin avril sur ces questions." Cette décision a suscité une "carte blanche" signée pas seulement par des membres de la communauté juive. "Comment ces responsables institutionnels peuvent-ils céder à la confusion entre une oeuvre, celle des bâtisseurs de la Ville Blanche au siècle passé, et une politique, celle de l'actuel gouvernement de l¹Etat d'Israël ? Une telle attitude est en fait symptomatique d¹une manière parfaitement déraisonnable de disqualifier, y compris dans le domaine de la culture, tout ce qui a trait, en particulier,à Israël. Une réaction aussi incohérente et brutale est inédite. S¹agit-il de motifs politiques ? Nous ne nous souvenons pas, et nous nous enréjouissons, que des expositions consacrées à des artistes russes n'aient jamais été annulées pour protester contre la violence en Tchétchénie, commed¹ailleurs en cas d'expos sur des artistes du Congo, Soudan, Sri Lanka, Myanmar, Haïti, ou Cuba malgré la répression des dissidents, sans parler dela Chine. Y a-t-il un traitement d¹exception pour Israël et les artistes israéliens ?"
Le débat culture et politique est posé. Les responsables d¹institutions peuvent-ils/doivent-ils rester "neutres" devant les événements à Gaza (La Cambre est très impliquée dans des accords de collaboration avec l'université Bir Zeit palestinienne) ? Mais s'ils réagissent, alors quid de l'expo qui a eu lieu au Civa sur les architectes de Shanghai, montrée en pleine répression au Tibet ? Quid du prochain Europalia Chine ? Peut-on séparer culture et politique ? Et si non, jusqu¹où aller ? Jusqu'au boycott ?
Source : La Libre Belgique
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