Bethléem - 6 mars 2004

Une sale guerre contre les prisonniers dans les prisons de l'occupation

Par Nadi al-Asir

Communiqué de Nadi al-Asir al-filistini (Club du prisonnier palestinien) du 6 mars 2004

Nadi al-asir al-filistini considère, face à cette dangereuse situation, que la révolte des prisonniers sera la bataille la plus sanglante pendant l'année 2004, car les prisonniers n'ont plus rien à perdre, sinon à défendre leur dignité, leurs droits essentiels, garantis par tous les traités et les accords internationaux.

Les pratiques israéliennes contre les 7500 prisonniers palestiniens qui se trouvent enfermés dans les prisons de l'occupation ne sont plus simplement des violations ou des pratiques excessives, de temps à autre, mais toutes les données et tous les témoignages indiquent que ce qui se passe actuellement dans les prisons israéliennes est une guerre organisée, intentionnelle, menée par le gouvernement de l'occupation et les directions pénitentiaires israéliennes contre les prisonniers palestiniens.

Depuis trois ans, le gouvernement israélien mène une bataille méthodique visant à détruire psychologiquement et physiquement les prisonniers, la prison étant devenue un cimetière et un sale outil pour démolir les prisonniers et détruire leur volonté et leurs principes nationaux.

Les prisonniers ont été soumis à des agressions physiques incessantes, où les coups, les bombes à gaz, les bombes sonores ont été utilisées, ils ont été soumis à des punitions collectives, à des mesures d'isolement, à des amendes, à des privations des visites. Les familles des prisonniers ont été interdites de visiter leurs parents et fils pendant de longues années, et les services de sécurité israéliens ont pris pour prétexte le solgan de « interdiction sécuritaire » pour empêcher les familles de visiter les leurs pour des raisons fausses et illogiques.

Les prisonniers vivent dans un isolement total du monde extérieur, le gouvernement israélien et ses officiers les traitent à leur guise, ils pratiquent contre eux des méthodes sadiques, immorales, qui violent tous les traités et tous les accords internationaux, ainsi que toutes les coutumes humaines. Les témoignages des prisonniers expriment des vérités cruelles, qui indiquent qu'ils ont été violés, torturés, humiliés, que des moyens vils ont été utilisés en permanence contre eux. La négligence médicale est devenue une arme utilisée par Israël pour tuer le prisonnier, en le laissant en proie à la maladie et à la mort lente. Des centaines de prisonniers souffrent de graves maladies, de blessures profondes, de handicaps, et leur vie est en danger.

La prison israélienne a été dépouillée des nécessités premières pour une vie humaine. Le repas donné aux prisonniers est de très mauvaise qualité, il est donné en faible quantité, les prisonniers souffrent du froid, ils sont malades pendant l'hiver parce qu'ils manquent de vêtements et de couvertures. Les prisonniers vivent dans des cellules et des pièces surpeuplées, pleines d'insectes et de rats, les produits d'entretien manquent et les prisonniers sont privés des rayons du soleil et de l'air.

Le gouvernement de Sharon a dépassé toutes les lignes rouges dans son comportement avec les prisonniers palestiniens. Toutes les considérations juridiques et humaines ont été balayées,

Plus de 30 prisonniers ont été déportés dans la bande de Gaza, en trois ans, et plus de 80 maisons appartenant aux prisonniers ont été démolies en mesure de punition collective.
Plus de 2000 enfants mineurs ont été arrêtés, et 1500 femmes.
Plus de 5000 Palestiniens ont été mis en détention administrative, 200 détenus administratifs ont eu leur détention prolongée trois fois de suite, et certains en sont à leur septième renouvellement.
20 prisonniers sont en isolement, et 150 prisonniers sont en isolement collectif.

Face à cette guerre incessante, le baril de poudre dans les prisons risque d'exploser à tout instant.

La situation indique une montée de la colère et un bouillonnement à large échelle qui peut exploser dans chaque prison.

Nadi al-asir al-filistini considère, face à cette dangereuse situation, que la révolte des prisonniers sera la bataille la plus sanglante pendant l'année 2004, car les prisonniers n'ont plus rien à perdre, sinon à défendre leur dignité, leurs droits essentiels, garantis par tous les traités et les accords internationaux.



Face à cette situation, Nadi al-asir al-filistini lance cet appel et demande :

1 - la constitution d'un haut comité par les institutions nationales, juridiques et les forces politiques pour proposer un programme d'action pouvant protéger les prisonniers et soumettre leur question de façon sérieuse aux instances locales et internationales.

2 - Appel à assurer les moyens sérieux pour suivre la question des prisonniers à l'intérieur des prisons, face aux arrestations quotidiennes, et notamment en augmentant le nombre des avocats palestiniens, pour couvrir tous les besoins des prisonniers, par les visites et les défenses devant les tribunaux israéliens.

3 - Appel au conseil législatif palestinien à émettre une loi pour protéger les droits des prisonniers, de leurs familles, sur les plans économique, moral, médical et éducatif.

4 - Appel au conseil des ministres palestinien à augmenter les rétributions mensuelles des prisonniers, qui ne suffisent plus à cause de la situation économique et parce que les prisonniers sont contraints de tout acheter, de leur propre argent.

5 - Appel au conseil des ministres palestinien à soumettre la question des prisonniers ainsi que les crimes qu'ils subissent au conseil de sécurité de l'ONU, de réclamer à Israël le respect des principes des droits de l'homme, appeler le conseil de sécurité à envoyer un comité d'enquête dans les prisons israéliennes.

6 - Nadi al-asir al-filistini considère que la question des prisonniers ne doit plus être traitée par le biais des dénonciations des violations, mais de la considérer comme une question politique, en premier lieu, et qu'il est nécessaire de la traiter à ce niveau, de la soulever dans ces termes dans les instances locales et internationales, et que cela est plus nécessaire que jamais. Car la vie de milliers de Palestiniens est menacée de destruction, et qu'elle est en danger imminent.



Liberté pour tous les prisonniers