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ISM France - Archives 2001-2021

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Tulkarem -

Nazleh Issa : Ce trou dans le mur est notre source de revenu maintenant

Par

> phglatif@yahoo.com

Ce reportage a été effectué par Abdul-Latif M. Khaled du Palestinian Hydrology Group de Jayyous

Pendant les discussions avec les gens, un homme nommé Basem Hussein est venu et s’est installé au pied de mur et a commencé à appeler quelqu'un de l'autre côté, puis j’ai vu un paquet d'oignons verts sortir d'un trou de 6 cm en bas du mur. Il y a environ 16 trous, qui sont fait pour drainer l'eau.
Je me suis demandé ce que j'avais vu, et je lui ai demandé de me l’expliquer. Il a dit : "mon frère et sa famille vivent de l'autre côté, et je les appelais pour qu’ils m'apportent des oignons".

Nazleh Issa : Ce trou dans le mur est notre source de revenu maintenant


Basem Hussein : "chaque jour, je lui achète des légumes qui peuvent passer par ce trou." - Photo : Abdul-Latif M. Khaled

Quand quelqu'un regarde un film tragique pour la première fois, il se sent surpris et triste, et quand il regarde le même film pour la deuxième fois, il devient moins surpris et ainsi de suite. Cependant, la tragédie du mur est réelle, ses impacts se renouvellent quotidiennement, les douleurs et les larmes sont vraies.

En plus d'un an et demi à observer les effets du mur, chaque fois que je visite un nouvel endroit ou bien le même, je remarque que d’horribles actions ont lieu, comme si je voyais ou entendais l'histoire du mur pour la première fois.

D'un côté, le mur détériore l'économie, l'environnement, la santé, et l'éducation, et de l'autre, l'état social et la physiologie des personnes.

Quand vous voyez la catastrophe humaine, et que vous écoutez les histoires des gens, vous ressentez l'oppression sur des personnes innocentes, le tourment de l'esprit, vous ne pouvez rien dire, vous bégayez, et votre esprit s’agite.

Dans chaque endroit que le mur traverse, il y a des centaines d'histoires, qui montrent la douleur et la souffrance de la population.


Baqa Sharqiya est un village qui est, avec deux autres communautés, paralysé entre deux murs depuis quatre mois. Il y a deux semaines, les autorités israéliennes ont pris une décision pour démanteler l’un des deux murs (8 kms de la barrière).

Maintenant Baqa Sharqiya et les deux communautés ont été reliées au reste des villes et des villages de la région de Tulkarem.

Pour la première fois, je suis allé visiter un des projets que met en place le Palestinian Hydrology Group. Cependant, des changements dramatiques se sont produits après que les Israéliens aient construit le mur en béton.

Plus de trois cents magasins sont fermés sur les 400 magasins qui se trouvaient à Baqa Sharqiya.

Le mur en béton a stoppé les clients Arabes Israéliens qui venaient à Baqa pour faire des achats ou pour l’entretien de leurs véhicules.

J'ai continué la visite avec le maire de Baqa jusqu’à Nazleh Issa, un village à côté de Baqa.

A l'entrée de Nazleh, j'ai vu un tas de gravats énorme du marché et des bâtiments détruits. A cet endroit, le mur a dévasté plus de 200 magasins et a démoli 6 bâtiments résidentiels. Là, le chauffeur a montré l’emplacement exact où se situait son garage.

Maintenant, tout est détruit, mais c’est resté pour toujours dans la mémoire des gens. Il y a quelques gosses qui viennent encore sur le site et grimpent sur les amas de béton et d'acier. La scène est bien plus douloureuse qu’à l’époque où la destruction s'est produite.

Nous avons continué notre tour à l’intérieur de Nazleh et à un moment, nous nous sommes arrêtés devant le mur en béton de 8 mètres de haut.

C’est comme un épouvantail dans un film effrayant, c’est comme si je le voyais pour la première fois; bien que j'aie raconté des milliers de fois l'histoire de mur. Je suis sorti de la voiture, mais je ne sais pas par où commencer : prendre des photos, interviewer des personnes, ou libérer la désolation qui m’envahit.

La scène des maisons situées à 1,5 mètres du mur, les fils barbelés le long du mur, les gosses qui jouent dans l'ombre du mur, les cactus à côté des fils barbelés et devant les maisons.

Rien n'est plus douloureux que des gosses qui jouent, bougent et s'amusent dans l’innocence de l’enfance. Aujourd'hui, ils jouent et demain ils pleureront. Ils grandiront avec l’ombre terrible de ce mur en mémoire. J’aimerais qu'ils puissent rester gosses, et ressentir ce que je sens !

Dans la même crypte, il y a un bâtiment de trois étages et son côté ouest est utilisé en tant qu'élément du mur. Je suis allé chez le propriétaire de cette construction, et je lui ai demandé de me laisser aller sur le toit. Il m’a souhaité la bienvenue et m’a demandé si ce mur disparaîtra un jour, je lui a dit oui, exactement comme le mur-barrière parce que tous les deux sont inadmissibles

En quelques secondes, je suis monté sur le toit et j’ai commencé à prendre des photos de tous les côtés. La vue incarne la mentalité de la séparation et s'oppose à la pérennité normale et sociale.

Alors je suis allé écouter les histoires des gens qui racontent comment la nuit dernière, les soldats ont tiré beaucoup de gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes. Comment leurs gosses se sont réveillés effrayés au milieu de la nuit.

Ces gens n'ont même pas une nuit entière pour rêver ou d’espoir pour demain.

Le mur sépare Nazleh des sources de revenu de la clientèle à l'intérieur des frontières de 1948, et les familles les unes des autres. Une distance de moins de 10 mètres entre Nazleh et la maison à l'intérieur des frontières de 1948 devient aussi loin que tout autre point à atteindre.

Pendant les discussions avec les gens, un homme nommé Basem Hussein est venu et s’est installé au pied de mur et a commencé à appeler quelqu'un de l'autre côté, puis j’ai vu un paquet d'oignons verts sortir d'un trou de 6 cm en bas du mur. Il y a environ 16 trous, qui sont fait pour drainer l'eau.

Je me suis demandé ce que j'avais vu, et je lui ai demandé de me l’expliquer. Il a dit : "Mon frère et sa famille vivent de l'autre côté, et je les appelais pour qu’ils m'apportent des oignons".

Alors je lui ai demandé : "C''est quoi votre travail ?"

Il m’a expliqué : "Avant ce mur, j'avais un magasin de légumes et je vendais des légumes aux gens qui sont maintenant de l’autre côté du mur. J'ai cinq enfants, et quand ils ont construit ce mur, j'ai perdu toute ressource et il n’y a plus de marché ici.
Par conséquent, maintenant je laisse mon fils ainé vivre là, et chaque jour, je lui achète des légumes qui peuvent passer par ce trou. De sorte qu’il vende ces légumes sur un chariot, et c’est comme cela que nous nous débrouillons pour vivre grâce à ce trou. Ce trou dans le mur est notre source de revenu maintenant
".

J'étais choqué, et je bafouillais pour lui poser d’autres questions et j’ai demandé au conducteur de m'emmener hors du village.

Dans ces moments, la vie devient aussi petite que ce trou; la vie devient tellement sombre que je ne vois aucune lumière sauf celle qui sort de ce trou.

Lors de mon retour vers Jayyous, le mur et les checkpoints ont voyagé avec moi, parce sur 45 km, vous voyez la destruction et le sabotage. J’ai réalisé que je savais peu de choses au sujet du mur et de ses conséquences; qu’il devait y avoir des milliers d'histoires, qui sont enterrées à la base du mur.

Ma destination finale est Jayyous où le mur écrase ma poitrine, mais aujourd'hui mon irritation concerne ces familles, et ces gosses de Nazleh et Baqa.

Source : www.womenspeacepalestine.org

Traduction : MG - ISM-France

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