Palestine - 6 mars 2004

Le Grand Moyen-Orient et le peuple Arabe

Par Ghassan Andoni

La population au Moyen-Orient, qui est désireuse d’une véritable démocratisation et de réformes, s’inquiète que les Américains pouraient avancer seulement sur des réformes culturelles et sécuritaires, un intérêt vital aux Américains et s'abstiendraient de s’investir dans des efforts nécessaires pour avancer vers plus de droits et de liberté pour les populations.
Les vraies réformes doivent satisfaire les besoins et les espoirs des peuples, la dictature peut être imposée, mais pas la démocratie.

Afin de tenter d'avancer rapidement sur l'aspect sécuritaire du « Grand Moyen-Orient » et leur projet de réformes dans la région, le n° 3 du Département d’Etat Américain, Marc a invité l'OTAN à jouer un rôle dans des réformes de sécurité.

La France et l'Allemagne soutiennent les réformes au Moyen-Orient, mais voudraient voir une approche européenne séparée et distincte.

"Nous ne pouvons pas dicter leur futur aux pays du Moyen-Orient" a dit le Ministre des Affaires Etrangères français, Dominique de Villepin, après des entretiens avec le Ministre des Affaires Etrangères Russe, Igor Ivanov et le Ministre de la Défense, Sergei Ivanov.

Villepin a également indiqué que le problème principal au Moyen-Orient était le conflit Israélo-Palestinien, ajoutant que la création d'un Etat palestinien était "une condition pour la stabilité dans la région."

Beaucoup d'inquiétudes ont été exprimées par les leaders Arabes sur le projet du Grand Moyen-Orient et ont mis en garde contre des tentatives de les imposer.

"Si le plan de réforme américain n'est pas étudié très soigneusement, nous pourrions plonger dans une spirale de violence et d’anarchie qui n’affectera pas que nous... et alors, ce sera au revoir à toute lueur vacillante de démocratie dans le monde Arabe," a expliqué le Président égyptien Husni Mubarak au quotidien romain La Republica.

Les leaders Arabes travaillent à un projet de réformes qu’ils présenteront au sommet qui se tiendra en Tunisie à la fin de ce mois. Le roi de Jordanie, Abdullah II, a dit mardi que les 22 membres de la Ligue Arabe présenteront leur projet de réformes au sommet du G8.

Alors que les nations au Moyen-Orient, qui ont souffert et souffrent toujours des systèmes actuels impuissants et non-démocratiques, sont désireuses de réformes politiques, économiques et sociales, les inquiétudes sur les réformes culturelles et sécuritaires sont nombreuses, non seulement parmi les élites au pouvoir, mais encore plus parmi la population.

Beaucoup voient dans cette tentative une manière d'intégrer Israël dans le Moyen-Orient sans résoudre le problème palestinien. D'autres, en particulier les Islamistes, qui représentent le noyau de l'opposition dans la plupart des pays du Moyen-Orient, sont également inquiets des réformes proposées qui, pour eux, ont pour but « d’occidentaliser » le Moyen-Orient, l’éloignant de sa culture et de ses racines Musulmanes Arabes.

Les Américains ont déjà décidé que les réformes au Moyen-Orient ne pouvaient pas attendre une solution à la crise Israélo-Palestinienne, augmentant ainsi le doute parmi les masses arabes sur leurs véritables intentions.

Les populations, au Moyen-Orient, partagent avec leurs leaders l'idée que sans solution appropriée à la question palestinienne, il est impossible d’apporter la stabilité à la région s’ils veulent prendre en compte de réelles réformes.
Les plus inquiets sur des réformes imposées sont les élites dirigeantes, ils voient toujours plus de démocratisation et de liberté comme une menace à la stabilité de leurs pays. L’avertissement de Mubarak « de plonger dans une spirale de violence et d’anarchie » est un exemple clair.

La plupart des régimes existants étaient des proches alliés des Etats-Unis, qui, par le passé, et aussi longtemps que ses intérêts étaient protégés, prêtaient une toute petite attention aux besoins de réforme.

La population au Moyen-Orient, qui est désireuse d’une véritable démocratisation et de réformes, s’inquiète que les Américains pouraient avancer seulement sur des réformes culturelles et sécuritaires, un intérêt vital aux Américains et s'abstiendraient de s’investir dans des efforts nécessaires pour avancer vers plus de droits et de liberté pour les populations.

Les vraies réformes doivent satisfaire les besoins et les espoirs des peuples, la dictature peut être imposée, mais pas la démocratie.

Il est vrai que sans stabilité, la démocratisation devient risquée, pourtant les nations qui se sont abstenues de prendre le risque, restent peu développées et souffrent davantage. Les Américains présentent leur plan de réforme, les élites dirigeantes Arabes présentent le leur, et les Européens en rédigent un autre.

Ce qui manque est un plan de réforme basé sur les intérêts des peuples du Moyen-Orient et non sur les besoins naissants des superpuissances.

Source : www.imemc.org

Traduction : MG