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ISM France - Archives 2001-2021

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Jérusalem -

Bienvenue dans le « merveilleux nouveau monde de l’apartheid » !

Par

Welcome to “Atarot’s new Brave Apartheid World”!

Nous sommes, entre Qalandiya et A Ram, 3 kilomètres au sud de Ramallah, pas loin des touristes et croyants qui déambulent pour les fêtes à Jérusalem.
Il y a un an, ce merveilleux endroit n’existait pas. Un va-et-vient perpétuel de bulldozers démolissait le paysage aux pieds des morceaux de murs et des tours militaires, et le transformait en un gigantesque chantier brouillant, poussiéreux, un no man’s land pierreux où cependant quelques Palestiniens vendaient encore des fruits ou du café, s’abritant du vent derrière des blocs de béton.

Bienvenue dans le « merveilleux nouveau monde de l’apartheid » !

Avril 2006, l’endroit n’est plus du tout reconnaissable, à part les tours et le sinistre mur gris. Israël l’a radicalement transformé en y construisant un « terminal » (on est au bord Sud du bantoustan de Ramallah).

Dès l’entrée, un panneau indique une « zone de parking pour les bus et les transports publics ». La très grande aire de stationnement entourée de projecteurs est pratiquement vide lorsque nous passons. Plus loin, un bâtiment qui ressemble à un hangar avec des portes métalliques, des grillages… A côté d’une peinture représentant un paysage idyllique mais sans être humain (une grand route avec des bandes de circulation, des arbres), se trouvent trois panneaux en anglais, en hébreu et en arabe.

Nous lisons …le titre : "Welcome to « Atarot » check point".
"- Vous entrez dans une zone militaire dont le but est de faciliter votre transit. Pour éviter d’attendre inutilement, lisez d’abord ces instructions et ensuite obéissez à celles-ci.

- N’entrez pas en portant des articles métalliques ou des objets que les autorités ont interdits.

- Préparez vos papiers pour l’inspection.

- Vos documents doivent être présentés à chaque point d’inspection.

- Retirez vos vestes.

- Les personnes qui refusent de suivre les instructions ou les inspecteurs ne seront pas autorisées à achever leur transit.

- Nous vous souhaitons un transit plaisant et en toute sécurité. "


Mot de la fin : "Puissiez vous aller en paix et revenir en paix ! " (sic).

En suivant quelques Palestiniens, essentiellement des hommes, nous pénétrons dans cet endroit lugubre. A peine entrées, nous avons l’impression d’être piégées dans une trappe. Le couloir est divisé en plusieurs rangées avec des portes métalliques, des cameras de surveillance un peu partout. Le lieu est sombre malgré l’éclairage blafard ; des hurlements sauvages retentissent : une femme pousse des cris métalliques qui semblent sortir des murs, rebondir et se multiplier en s’amplifiant. Les Palestiniens, immobiles, silencieux, rangés en files, tentent d’obéir aux injonctions contradictoires de la soldate invisible, ils sont traités comme du bétail, contrairement à ce qui est indiqué sur le panneau de bienvenue : « Avancez ! Reculez ! Arrêtez ! … Oui !!! vous, NON , VOUS !!!!! … Obéissez !!! AVANCEZ !!!!! »

Pétrifiées, nous assistons choquées à cette violente scène d’humiliation : les Palestiniens doivent avancer un à un, se diriger, en suivant les ordres, vers un des détecteurs de métaux, retirer leur veste, montrer leurs papiers. Quand ils arrivent devant une cabine vitrée où sont enfermés les chefs israéliens armés, ils doivent présenter leurs papiers à travers la vitre. Enfin, ils peuvent sortir en passant par un étranglement fermé sur toute sa hauteur par des barres de tourniquets (on imagine combien cela doit retarder le passage quand il y a plus de monde dans le hangar de tri !).

A la sortie, un panneau signale le souci écologique de l’occupant : « Keep this terminal clean » puis c’est la lumière du jour et un rond-point, au pied du mur, et encore un panneau : « Ralentissez pour l’inspection, obéissez aux instructions des soldats ».
Les ordres pleuvent, il fait très gris et ici on n’entend pas le silence des pantoufles …

La scène à laquelle nous avons participé se répète depuis l’ouverture du check point moderne d’Atarot en début avril 2006 or elle se déroule, faut-il le préciser, dans les territoires illégalement occupés depuis 1967 par Israël. Atarot est situé à l’Est de la Ligne Verte et ici Israël empêche les Palestiniens de circuler entre chez eux et chez eux.

De plus, l’aire d’influence d’Atarot, comme disent les géographes, est terriblement étendue. Lorsque, quelques jours plus tôt, nous avons voulu quitter le bantoustan Sud (fermé à Abou Dis et Bethléem) pour nous rendre dans le bantoustan Nord à Ramallah, le conducteur de taxi collectif qui avait un permis palestinien a fait tout un détour par la vallée du Jourdain en évitant le sinistre Atarot.

Nous avons aussi rencontré à Abou Dis, dans la partie volée grâce au Mur (le « bon côté »), une Palestinienne qui ne pouvait plus retourner chez elle, à Ramallah, après son travail, et qui, par conséquent restait dormir sur place entre ses journées. D’autres travailleurs nous ont dit la même chose. « Une manière de tuer le peuple palestinien en lui volant son temps ».

Le comble, c’est qu’ Atarot, ce magnifique endroit construit par l’occupant pour trier les Palestiniens (pardon pour « faciliter leur transit » !), se trouve près du futur tracé du tramway prévu, quant à lui, pour faciliter le transit des colons du « Grand Jérusalem » (Pisgaat Ze’ev, French Hill) vers Israël. Si ce n’est pas de l’apartheid !!! D’une part les colons s’installent partout illégalement dans Jérusalem- Est et ses alentours et on leur construit un tramway, d’autre part les Palestiniens sont chassés de leurs terres et on leur construit le centre de tri d’Atarot… Des cartes d’isochrones seraient très révélatrices du fait qu’il ne s’agit pas ici d’équidistance : on verrait à toute évidence la différence entre les trajets parcourus en un même temps par les super colons en tramway et par les Palestiniens « en transit » par le checkpoint nouvelle mode de Atarot…

Le but est clair : arriver par toute une série de réglementations basées sur les discriminations et la construction du Mur à l’aboutissement du plan sioniste (« le plus de terres possible pour les juifs avec le moins de Palestiniens possible »).

Atarot se situe en territoire volé. Israël a annexé les terres volées aux Palestiniens de Jérusalem Est et des régions avoisinantes en étendant de manière unilatérale ses frontières. Il a inventé pour y parvenir un nouveau concept, celui de Municipalité du « Grand Jérusalem » et il a fait garder la nouvelle frontière par une « police des frontières », ces jeeps ultra-mobiles et omniprésentes autour de Jérusalem.

Pour corser le tout, Israël a attribué des cartes d’identité différentes aux Palestiniens de Cisjordanie et aux Palestiniens de Jérusalem-Est annexée si bien que les Palestiniens de Cisjordanie ne peuvent plus aller à l’école ou à l’hôpital ou encore rendre visite à leur famille ou travailler à Jérusalem sans avoir reçu un permis de l’occupant. Enfin, le Mur a instauré deux catégories de paysage palestinien : d’un côté les territoires palestiniens enfermés, de l’autre, les territoires palestiniens volés …Et puis, cerise sur le gâteau, cet acte de générosité : Israël construit des terminaux pour faciliter le transit des Palestiniens et contrôler les papiers comme dans tout poste frontière qui se respecte… !?!

Il est évident, une fois encore, que ce qui prime aux yeux des dirigeants de ce monde, ce n’est pas l’Avis de la Cour Internationale de Justice et le droit international mais bien l’argent .La diplomatie française n’a d’ailleurs pas épargné son énergie pour défendre le projet du tramway illégal remporté par Connex-Alstom …
Quand au terminal de Atarot, dont le coût s’élève à plus de 6 millions d’euros, il matérialise parfaitement l’avancement du projet défendu par la Banque Mondiale dans son récent rapport « Stagnation ou renaissance » (voir www.association-belgo-palestinienne.be) : aménager des parcs industriels, des sweat shops, des terminaux, à la sortie du Mur pour fournir du travail à des Palestiniens sélectionnés, une solution « moderne » pour réduire les impacts de la prolétarisation des agriculteurs privés de leur terres et de leur eau. Pas étonnant dès lors que l’UE et les autres membres du Quartette et de la Communauté Internationale laissent faire en "observant" (sic).

Quant à nous, si nous n’acceptons pas que ce processus continue et si nous ne voulons pas que l’an prochain il y aie encore plus d’Erez et de parcs de la honte en Cisjordanie et dans Jérusalem Est, nous devons absolument exiger que nos gouvernements respectent l’Avis rendu par la Cour Internationale de Justice et que ni la Banque Mondiale ni les Etats membres ne financent des infrastructures destinées à pérenniser l’existence du mur illégal … C’est une des trois revendications de la Campagne européenne pour des sanction . A soutenir le plus possible et faire connaître autour de vous…car déjà Ehud Olmert prépare de nouvelles offres généreuses que les Palestiniens, bien sûr, ne pourront pas refuser …

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