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Naplouse - 29 janvier 2004
Par Mohammad Ismail
Mardi 16 Décembre au matin, les habitants de Balata se sont réveillés dans le sifflement des balles, le bombardement de missiles et le bruit de la pluie qui tombe sur les toits de zinc qui couvrent la plupart des maisons du camp.
Et jusqu'à la fin de cette campagne militaire contre Balata, les habitants du camp se demanderont toujours si cela mettra un terme définitif à leur douleur et à leur souffrance, ou si cela ne sera qu'un signe avant-coureur d'une campagne qui pourrait être encore plus féroce et violente.
Les Forces d’Occupation détiennent des Palestiniens dans le camp de réfugiés de Balata, près de Naplouse lors de l’opération "Eaux Stagnantes"
Photo : AP Photo Majdi Mohammed 20 Dec. 2003
Le soleil se lève rarement sur ce camp sans apporter une nouvelle catastrophe. Les blessures qui se rouvrent sans cessent et une souffrance constante sont devenues les caractéristiques permanentes du camp de réfugiés de Balata près de Naplouse.
Mardi 16 Décembre au matin, les habitants de Balata se sont réveillés dans le sifflement des balles, le bombardement de missiles et le bruit de la pluie qui tombe sur les toits de zinc qui couvrent la plupart des maisons du camp.
Un peu plus tard, les hauts-parleurs des jeeps de l'armée israélienne annonçaient un couvre-feu dans Balata.
Ainsi débuta la nouvelle opération contre le camp, baptisée "Eaux Stagnantes": une série d'attaques sauvages contre les réfugiés.
Fermeture des entrées du camp
L'aspect psychologique de la nouvelle attaque de l'armée israélienne sur le camp est la tentative de le transformer en une vaste prison qui enferme tous ses habitants.
L'armée israélienne a donc entouré le camp de barrières et de barbelés, a creusé des tranchées sur ses côtés ouest et est, supprimant ainsi toute possibilité d'accès aux zones autour du camp qui comportaient encore des traces de vie.
Le camp ne pouvait donc recevoir aucune aide alimentaire, ni lait pour les bébés, ni médicaments.
Par exemple, les deux enfants de Nidal' Ata Hanoun, souffrent de Thalassémie(maladie du sang) et devaient être conduits rapidement à l'hôpital pour une transfusion sanguine.
Le blocus de l'armée israélienne et le bloquage de toute les entrées ont failli causé la mort de ces deux enfants.
Les habitants du camp ont accusé les forces d'occupation de tenter de les tuer tous par une politique de mort lente.
Démolition de maisons
Depuis le début de la campagne contre le camp de Balata aucune maison n'a été épargnée par les fouilles et les dévastations. 45 maisons ont été partiellement détruites : les dégâts vont de portes plastiquées aux trous creusés dans les murs pour passer d'une maison à l'autre, à la destruction de meubles.
Deux maisons ont été totalement démolies par l'armée israélienne sous prétexte que deux de leurs occupants étaient recherchés.
Mahmood Abdel-Hafidh, le propriétaire de l'une de ces deux maisons, a raconté qu'il avait été réveillé à 2h15 du matin par des coups violents frappés à sa porte.
Quand il a ouvert la porte, un grand nombre de soldats israéliens se trouvaient là. Ils l'ont obligé à quitter sa maison de trois étages avec les dix membres de sa famille, et à se rendre dans une maison voisine.
Là, il s'est retrouvé avec 40 autres personnes qui étaient ses voisins.
Un peu plus tard il a entendu une explosion et les gens lui ont dit : puisse Dieu la remplacer par quelque chose de mieux. Mr. Abdel-Hafidi n'a pas pu contrôler son émotion quand il a appris la nouvelle car sa maison était le fruit de 25 années de dur labeur !
Mr Daoud Abu Hamdan n'a pas subi un meilleur sort: sa maison de deux étages a été démolie et réduite à un tas de gravats en quelques secondes.
Transformations des constructions élevées en poste de surveillance.
Au cours de leur campagne dans le camp, les forces israéliennes ont transformé les buildings élevés en postes d'observation pour contrôler les mouvements des habitants.
Tous les habitants de ces maisons sont confinés dans une seule pièce et ne peuvent la quitter sous aucun prétexte, ce qui provoque de nombreux problèmes psychologiques chez les enfants.
Mr Ata Youssef, propriétaire d'une des maisons transformées en postes d'observation, a dit que les forces israéliennes l'ont obligé, lui et sa famille de 25 personnes, qui vivent dans une maison de trois étages, à rester dans une seule pièce et leur ont interdit de faire le moindre bruit.
Ils leur ont aussi interdit d'apporter de la nourriture de la cuisine ou d'aller dans la salle de bains sauf à certaines heures précises et accompagnés par des soldats. Ils interdisaient même aux enfants de pleurer et on ordonnait aux femmes de les faire taire !
Il a dit : " cela a duré quatre jours au cours desquels j'ai failli perdre la vie car je souffre d'hypertension et de risques de thrombose."
Profanation des mosquées
Au cours de leur campagne contre le camp de Balata, les forces israéliennes ont aussi attaqué des mosquées. Sheikh ‘Abdel-Rahman al-Jamal, Imam de la mosquée 'Abdel-Rahman a déclaré: “les forces israéliennes ont détruit certaines portes intérieures de la mosquée et ont emporté l'ordinateur qui était dans la bibliothèque de la mosquée ».
Il a aussi raconté que des soldats israéliens ont commencé à chanter dans la cour de la mosquée et ont utilisé des expressions qui tournaient les Musulmans en ridicule, en particulier au sujet des ablutions rituelles avant la prière.
Ils ont aussi endommagé le système de sonorisation des mosquées. Sheikh ‘Abdel-Rahman a déclaré, “la mosquée est attaquée à chaque attaque contre le camp, malgré l'absence de matériel déclaré illégal par les forces d'occupation.
Cela prouve que le but est l'humiliation de tous les Musulmans et la profanation de leurs lieux sacrés.
Education
La souffrance et les dégâts psychologiques infligés aux habitants du camp de Balata se sont étendus aux enfants des écoles et aux étudiants d'université, dont le nombre s'élève à 7,500.
Ceux-ci ont été totalement empêchés d'aller à l'école et à l'université que celles-ci soient à l'intérieur ou à l'extérieur du camp.
Les examens de fin de trimestre pour les écoles et les universités tombent au même moment et cette interruption met le futur de nombreux étudiants en danger, interrompt leur cursus scolaire, créant de futurs obstacles dans leur vie sociale.
Blackout sur les médias
Mr. Tayseer Nasrallah, membre du Conseil National Palestinien, a critiqué l'indifférence des media face à ce qui se passe dans le camp de Balata. Il a dit“ nous avons le sentiment d'un blackout sur les crimes et les atrocités commis par Israël dans le camp de Balata, blackout qui semble international."
Nasrallah a demandé aux media palestiniens et arabes de révéler la vérité sur ce qui se passe dans le camp, particulièrement puisque les forces d'occupation utilise le silence et le manque de couverture médiatique pour continuer à commettre de nouveaux crimes dans le camp.
Son point de vue est partagé par les membres du comité des services de la communauté qui a aussi vivement critiqué le manque de couverture médiatique, en particulier par les chaines satellitaires arabes.
Et jusqu'à la fin de cette campagne militaire contre Balata, les habitants du camp se demanderont toujours si cela mettra un terme définitif à leur douleur et à leur souffrance, ou si cela ne sera qu'un signe avant-coureur d'une campagne qui pourrait être encore plus féroce et violente.
Source : www.prc.org.uk
Traduction : Danielle Mourgue
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