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Israël - 29 janvier 2004
Par Aluf Benn
La Feuille de Route est morte, Sharon a reçu la liberté d'action qu'il voulait. Mais le problème réel se situe ailleurs. La désintégration de l’Autorité Palestinienne, qui s'est transformée en mécanisme inutile pour la distribution de salaires, présente un défi pour Israel.
La "Feuille de Route" pour résoudre le conflit Israélo-Palestinien est morte jeudi dernier.
L'enterrement a eu lieu dans le bureau de Condoleezza Rice à la Maison Blanche, lors d’une conversation agréable entre le Conseiller de la Sécurité Nationale américain et ses collaborateurs et ; du côté israélien, le Chef du bureau du Premier Ministre Dov Weisglass, l'ambassadeur aux Etats-Unis Danny Ayalon et le conseiller de la politique étrangère du Premier Ministre, Shalom Tourgeman.
La Feuille de Route a eu une courte vie, qui a été court-circuitée peu de temps après qu'elle ait été établie.
A sa place, la "vision de Bush" est revenue dans le discours diplomatique, tout comme l’objectif politique d'Israël et des Etats-Unis.
Le public a peut-être de la difficulté à distinguer les concepts, mais pour le Premier Ministre Ariel Sharon la mort de la Feuille de Route est une grande victoire politique.
Le plan pour un accord international imposé a été déjà enlevé de sa route, le processus politique a été gelé jusqu'au départ du Président de l’Autorité Palestinienne, Yasser Arafat, et Israël apprécie sa liberté d'action.
Sharon avait parlé de plusieurs mois d'attente, durant lesquels il essayerait de mettre en application la Feuille de Route, avant qu'il l'abandonne et passe à un désengagement unilatéral.
Mais la période d'attente s'est rigoureusement raccourcie, et Washington est prêt maintenant pour entendre parler des étapes de désengagement, à condition qu'ils conviennent à la vision de Bush.
Dans son discours de juin 2002, le Président George W. Bush avait demandé un changement de direction comme condition pour l'indépendance palestinienne. Israël s’était réjoui de la lettre publique de renvoi de Yasser Arafat.
Il était moins enthousiaste au sujet de la Feuille de Route, qui a été conçue pour traduire la vision en un plan d'action acceptable pour les Etats-Unis et l'Europe.
La Feuille de Route demandait que les choses s’apaisent, avant d’établir un Etat palestinien dans les frontières provisoires jusqu'à la fin 2003, et un accord définitif d'ici 2005.
Ses demandes aux deux parties étaient "équilibrées" et détaillées, en d'autres termes, moins faciles pour Israël que la vision globale de Bush, qui s'était concentrée sur des demandes faites aux Palestiniens.
Sharon a utilisé des tactiques évasives et de retard, et a présenté des réserves fermes au sujet de la Feuille de Route, tout en faisant attention à éviter un conflit avec l'administration américaine. Après la guerre de l'Irak, il a dû subir une pression américaine et a réussi à obtenir l’approbation de la Feuille de Route, de façon conditionnelle, par le gouvernement.
A partir de ce moment, Sharon l’a adopté verbalement, même s’il était réticent à sa mise en application. Son retrait de l’agenda et le retour du symbole de la "vision de Bush" sont très pratiques pour Israël.
Ils écartent les contacts politiques dans la région pour plus d'un an.
La tactique de Sharon a payé. Les Américains blâment les Palestiniens de l'échec. L'administration américaine est associée dans l'appréciation israélienne qu'il n'y a personne à qui parler du côté palestinien.
La semaine dernière, un Haut Fonctionnaire de la Maison Blanche a décrit Arafat comme Robert Mugabe, le gouverneur du Zimbabwe, qui a détruit son pays et n'a donné aucun espoir à sa population, par opposition au son voisin sud-africain Nelson Mandela.
Le Premier Ministre palestinien Ahmed Queria (Abu Ala) semble aux Américains comme un nul qui ne fait rien pour combattre la corruption qui s'est répandue parmi l’Autorité Palestinienne, par opposition à la vision de Bush d’une administration adéquate.
Dans une telle situation, ils ne s'attendent pas à ce qu'Israël mène des négociations avec l’Autorité Palestinienne.
L'administration américaine s'assure qu'Israël ne bloquera pas le futur établissement "d'un Etat palestinien viable" qui jouira "d’une contiguité territoriale."
Il est disposé à comprendre la barrière de séparation et accepterait même une importante augmentation de la construction dans les colonies, sans expansion de territoire.
Mais les Etats-Unis ne seront pas d'accord sur la "barrière orientale" de Sharon, qui enfermerait les Palestiniens dans un grand camp.
Il sera forcé de renoncer, s'il veut que son plan de désengagement se conforme à la vision de Bush d’une indépendance palestinienne.
La Feuille de Route est morte, Sharon a reçu la liberté d'action qu'il voulait. Mais le problème réel se situe ailleurs.
La désintégration de l’Autorité Palestinienne, qui s'est transformée en mécanisme inutile pour la distribution de salaires, présente un défi pour Israël.
Certains sont heureux au sujet du déclin d'Arafat et des institutions de Tunis et d'Oslo, et les autres craignent le retour d’une totale occupation des territoires, avec son coût économique et moral élevé.
Mais personne ne sait qui gouvernera du côté palestinien, et il est douteux que la solution se situe dans la nomination d’un médiateur par le Ministre de la Défense Shaul Mofaz pour s’occuper des plaintes palestiniennes, ou dans le désengagement unilatéral partiel prévu par Sharon.
Source : www.haaretz.com
Traduction : MG
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Aluf Benn
29 janvier 2004