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Gaza -

Comment se prépare-t-on à un crime de guerre ?

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Alors que la guerre à Gaza, où je vis, entre dans sa troisième semaine, le nombre de civils tués continue d'augmenter. Il n'y a aucun endroit en sécurité à Gaza. Les avions de guerre israéliens ont bombardé -et continuent de bombarder-les maisons, les immeubles ministériels, les immeubles municipaux, les mosquées, les écoles, les universités et les institutions caritatives dans toute la Bande de Gaza densément peuplée. Chaque jour à Gaza est plus douloureux et plus déchirant que le précédent. Tout le monde est terrorisé et traumatisé par les bombardements sans fin.

Comment se prépare-t-on à un crime de guerre ?


Gaza ville, 13 janvier 2009 (Wissam Nassar/MaanImages)

Ce qui arrive à Gaza est catastrophique au-delà des mots et il est très difficile de faire sens à la situation actuelle ou de faire des prédictions. Les attaques israéliennes sur Gaza sont croissantes, et la marine israélienne est en train de bombarder depuis la mer, les avions F-16 et les hélicoptères Apache bombardent depuis le ciel, et les tanks bombardent depuis le sol... où se cacher ?!

Depuis le début de l'offensive israélienne sur Gaza, les avions de guerre israéliens ont bombardé et bombardé tous les endroits près de notre maison, vraiment près de notre maison. Avec chaque bombardement, nous sentons notre maison secouée comme un prunier et les fenêtres se brisent, sans parler de notre peur absolue et de notre horreur.

Nous n'avons pas eu d'électricité depuis 17 jours maintenant, mais c'est une chose dont nous avons l'habitude, désormais, depuis l'agression israélienne, il y a près de18 mois, nous vivions avec seulement quatre à six heures d'électricité par jour, souvent seulement après 3 heures du matin.

Notre maison comporte trois étages. Je vis avec mes parents et ma tante au rez-de-chaussée, et mes deux frères mariés vivent avec leurs familles dans les étages au-dessus. Nous devons laisser les fenêtres ouvertes toute la journée et la nuit pour empêcher que les bombardements ne les brisent, même si nous sommes en hiver et que cette année est extrêmement froide.

Nous avons 13 jeunes enfants à la maison, et toute ma famille, dont mes frères et leurs familles, restent avec nous dans une pièce surpeuplée au rez-de-chaussée, dans le noir et le froid, à chercher un abri. Nous préférons mourir tous ensemble si un missile nous atteint. Mes jeunes neveux et nièces ont très peur tout le temps et ne dorment pas bien. Ils refusent d'aller aux toilettes tout seuls, nous faisons des tours pour les accompagner. Les bombardements continuent, nuit et jour, et nous n'arrêtons pas d'avoir peur. Nous peinons à trouver le sommeil.

Nous sommes aussi sujets à des pressions psychologiques alors que nous continuons à entendre qu'un ami, un parent ou un voisin ont été tués ou blessés. Il n'y a nulle part où se cacher à l'abri des bombardements dans tout Gaza parce que les avions de guerre israéliens visent tous les secteurs.

Comme si les bombardements n'étaient pas suffisants, nous recevons aussi chaque jour des appels téléphoniques enregistrés par l'armée israélienne pour nous intimider et nous terroriser. Dans ces appels enregistrés, l'armée nous demande de suivre leurs instructions et d'obéir à leurs ordres pour notre propre sécurité. Ils disent aussi qu'ils ne nous visent pas, mais qu'ils visent les militants du Hamas seulement.

L'armée nous demande aussi de rester loin des éléments du Hamas et d'éviter d'avoir à faire avec eux ou de les aider et l'appel nous prévient de ne pas les laisser utiliser nos maisons ou les zones résidentielles. L'armée dit aussi dans un de ces appels enregistrés que « ce n'est pas un cauchemar, c'est l'enfer que les dirigeants du Hamas vous apportent, » ce qui ne nous permet pas de savoir si nous sommes visés ou pas. Dans le dernier appel enregistré ce soir, ils disent qu'ils vont augmenter les opérations militaires à Gaza et que nous devrions nous préparer et continuer de suivre leurs instructions et d'obéir à leurs ordres. Comment quelqu'un se prépare-t-il à être une victime de crime de guerre ?

Nous recevons aussi des appels des services secrets israéliens, en bon arabe, prétendant être de compatissants égyptiens, saoudiens, jordaniens, algériens, soudanais ou libanais. Après avoir exprimé l'horreur au sujet de la guerre israélienne et nous avoir questionnés au sujet de la sécurité de notre famille, l'interlocuteur nous questionne sur les conditions locales, si la famille soutient le Hamas et s'il y a des combattants dans l'immeuble ou le voisinage.

Pour ajouter l'insulte à l'injure, les avions de guerre lancent aussi des tracts en arabe sur toute la Bande de Gaza pour intimider et terroriser les Gazaouis encore davantage. Dans l'un de ces tracts, l'armée ordonne aux gens de quitter leurs secteurs immédiatement parce qu'ils prétendent qu'ils sont forcés de répondre immédiatement dans leur zone résidentielle à l'activité terroriste que des éléments terroristes sont en train de mener dans ces zones.

L'ironie est que les avions de guerre lancent de tels tracts partout dans Gaza, et tous ceux qui les lisent pensent que leurs secteurs sont visés. Cela a créé de l'hystérie collective. Et même s'ils sont terrorisés et intimidés et décident de suivre les ordres de l'armée israélienne et d'évacuer leurs secteurs, où peuvent-ils aller ? ON N'EST NULLE PART EN SECURITE A GAZA !

Nous sommes très inquietzs et nous avons peur. Personne n'a idée de ce qui va arriver dans les jours à venir. Nous vivons dans le sud ouest du camp de réfugiés de Jabaliya, ce qui nous place en première ligne si les forces terrestres israéliennes décident d'avancer, comme elles ont dit qu'elles le feraient hier. Mes sœurs vivent dans des camps de réfugiés autour de la ville de Gaza et je suis malade de peur pour elles aussi. Comme toutes les familles à Gaza, nous manquons aussi de nombreux produits de base tels que la nourriture, l'eau courante, l'électricité, le chauffage et le gaz de cuisine. Ces produits de base sont devenus un luxe pour nous, s'ils sont disponibles, sans oublier que les prix ont rapidement augmenté. Quand les épiceries peuvent ouvrir, quelques produits insignifiants sont disponibles, mais beaucoup de produits nécessaires ne le sont pas. Beaucoup de ce qui était disponible a été le plus vraisemblablement abîmé, étant donné les coupures totales d'électricité dans notre secteur depuis le début du bombardement il y a 17 jours.

Personne ici ne quitte la maison à moins que ce ne soit extrêmement urgent. La seule fois où j'ai quitté la maison depuis que tout a commencé était hier pour emmener mon neveu Mohammed à l'hôpital al-Shifa, qui est à 15 minutes à pied de notre maison. Nous sommes partis en espérant que quelques-uns de ses médicaments récemment prescrits après sa transplantation de moelle osseuse soient disponibles. Nous avons seulement eu trois des neuf médicaments nécessaires et seulement pour une semaine. Sur le chemin de l'hôpital, nous avons été témoins de scènes de destruction et de beaucoup d'immeubles endommagés partout. Certains immeubles sont totalement ravagés et ne peuvent pas être réparés.

Quand nous sommes arrivés à l'hôpital, nous avons vu beaucoup de femmes et d'enfants amenés dans la salle des urgences, si on peut encore l'appeler ainsi. Beaucoup de blessés avaient perdu un membre et beaucoup de morts étaient en morceaux, les parties de leur corps littéralement dans des boîtes. Ca m’a rendue encore plus malade que je ne l’étais déjà. Nous avons aussi vu des femmes et des hommes, des parents, se frappant le visage de douleur, en hurlant et gémissant. Certains d'entre eux s'effondraient sur le sol parce qu'ils venaient d'apprendre que leurs enfants étaient morts. Ce que j'ai entendu, c'est que la plupart des tués étaient des enfants et qu'il n'y avait pas assez de place pour les blessés. Scènes terrifiantes ! Ma vie s'est arrêtée à ce moment là.

Ce qui est en train d'arriver à Gaza est réellement un crime contre l'humanité. Si un porte-parole israélien ne croit pas cela, je lui demande de venir voir par lui-même.

En dépit de cette situation extrêmement difficile, nous tenons toujours, attendant la fin du siège et espérant qu'avec cela, les 41 ans d'occupation vont quitter nos vies une fois pour toutes.

Source : Electronic Initifada

Traduction : MM pour ISM

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