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Bilin - 31 août 2005
Par Andrew
Alors que les nombreux journalistes qui couvrent le désengagement d'Israel à Gaza menacent d'éclipser la population du secteur et le marchandage des colons avec leur compensation du gouvernement pour partir volontairement, Mohammed Khatib avec ses amis et voisins du village de Bil'in en Cisjordanie sont la cible des balles en caoutchouc et inhalent du gaz lacrymogène.
Pendant que l'Egypte se prépare à déployer ses propres soldats pour remplacer la présence israélienne le long de la frontière de Gaza, des centaines de villageois du village d'Azzoun en Cisjordanie ont commencé des manifestations populaires pour protester contre la construction du Mur d'Israël, qui confisquera environ 1200 dunums de terre du cêté Est de leur village.
Alors que les gens dans Gaza -- un endroit maintenu pendant des décennies dans un état de démolition permanente – sont devenus plus optimistes en voyant que l'exode des colons et des soldats israéliens n'était pas une autre promesse dans une longue liste de promesses vides, en Cisjordanie les gens se demandent quand viendra le retrait de leur propre terre.
J'étais récemment à Bil'in avec Khatib, sur la route principale menant aux champs du village et au chantier de construction du mur d'Israël qui les traverse.
A Bil'in, la barrière d'Israël coupera l'accès à environ 60% des terres du village.
La majeure partie de cette terre est utilisée pour les oliviers, qui sont la base de l'économie locale.
Khatib s'était couché tard la nuit précédente pour construire un modèle réduit d'une partie du mur d'Israël. Il y a accroché un figurine d'un villageois palestinien, sa tête coincée dans le mur comme si c'était une guillotine prête à la couper. Je pense le message qu'il essayait d'envoyer ne nécéssite pas d'autre explication.
Environ 100 Ã 150 villageois de Bil'in, 50 Israéliens et 20 étrangers comme moi, portaient cette maquette du mur en direction de la ligne des soldats qui gardent la construction de la barrière réelle et nous leur avons demandé l'autorisation de passer.
Leur réponse fut un nuage de gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes, des coups et des balles en caoutchouc, qui sont en vérité des balles en acier recouvertes d'un peu de caoutchouc.
Si un certaine genre de nouvelle paix émerge, pourquoi la terre en Cisjordanie est-elle confisquée ?
Pourquoi les colons s'y installent-ils toujours ?
Appelée "Barrière de Sécurité" par le gouvernement qui la construit, les habitants de Bil'in et de toute la Cisjordanie la surnomme "Barrière d'Annexion," en faisant référence aux expropriations de terres que génère son existence même.
Le terme "barrière" ne s'y applique très peu. Dans beaucoup d'endroits, la barrière se compose d'épaisses dalles de béton qui se terminent par des tours d'observation.
LÃ où elle est achevée, les soldats la garde pour protéger sa construction et patrouillent des deux cêtés.
Des soldats sont installés dans les tours construites dans le mur. Les hélicoptères Apache et les avions de combat la survole pour des incursions. Les colonies qui sont dans la même situation juridique que celles de Gaza resteront.
Cette barrière zigzaguera sur 650 km à travers la Cisjordanie , annexant la terre pour les colonies, qui doivent se développer.
Dans le bloc de colonies de Maaleh Adumim, la plus grande de Cisjordanie , le gouvernement israélien a commencé à construire 3.650 nouveaux logements. L'expansion se développe dans les mêmes proportions dans d'autres colonies près de Jérusalem-Est, formant un cercle qui s'étend et s'accroît tout autour de la ville et essayant ainsi de réfuter tous les revendications des Palestiniens que l'endroit qu'ils appellent "Al Quds" est encore à eux.
Le changement d'avis soudain d'Israël à Gaza est trompetté comme un solide pas en avant vers une certaine sorte de solution pacifique. Il est appelé "le début de la fin de l'occupation." Ainsi, le premier ministre Ariel Sharon -- même s'il a perdu un petit soutien parmi le contingent des colons – lui a créé des relations publiques tout à fait exceptionnelles.
Notre attention ainsi détournée, sommes avons tous regardé vers Gaza, avec le déluge d'histoires très tristes sur les colons qui partent et les photos des Palestiniens heureux qui agitent les drapeaux, et l'expansion rapide des structures permanentes en Cisjordanie et l'escalade de la violence contre des civils qui protestent ont été presque universellement ignorés.
Si la décision de retirer les colons de Gaza doit être dépeinte comme un acte historique pour la paix, alors les actions qui ont lieu en Cisjordanie devraient être vues comme un recul significatif aussi important sinon plus.
Si Gaza a obtenu un retrait, alors ce qui se passe en Cisjordanie peut être considéré comme une forme extrême d'engagement actif avec l'intention d'y rester, et le maintien d'une population asservie par une force militaire, pendant très longtemps.
En violant quotidiennement les Conventions de Genève -- qui interdisent aux gouvernements occupants de transférer une partie de leur population sur les terres détenues -- Israël tente de rendre permanente sa mainmise sur la Cisjordanie tout en transformant les communautés palestiniennes en des prisons à ciel ouvert à l'intérieur d'un labyrinthe de murs et de tours d'observation, et en coupant les habitants de leur famille, de leurs amis et de leurs terres agricoles qui sont leur moyen de subsistance.
Ici les gens observent, et l'hypocrisie ne passe pas inapperçue.
"Naturellement, je suis heureux quand on rend sa terre à un Palestiniens" m'a dit l'un des villageois de Bil'in. Son nom est Abdullah Abu-Rahme. Avec Khatib, Abu-Rahme est un organisateur de la résistance non-violente à Bil'in.
Quand j'ai parlé avec lui, Abu-Rahme venait juste d'être libéré après avoir passé trois semaines dans une prison militaire pour avoir participé Ã ce que nous décririons comme un sit-in chez eux.
"Mais cela est fait aux dépens de la Cisjordanie ," dit-il.
Comme condition pour sa libération, Abu-Rahme a reçu l'odre de rester à l'écart du chantier de la construction du mur et pour de ne pas s'engager dans les protestations publiques.
Quelle sera la taille de Bil'in et à quelle distance sera le mur de sa propre maison, cela ressemble un peu à une détention chez soi.
Il coordonne toujours les activistes depuis sa maison et regarde ce qui se passe à quelques blocs depuis le toit de sa maison.
"Ils partent de Gaza, mais nombreux viennent ici," dit Abu-Rahme. "Mon bonheur serait complet si on nous rendait aussi notre terre."
Depuis la position avantageuse ici en Cisjordanie , le retrait de Gaza, l'occupation, et l'ensemble du conflit semblent bien loin d'être terminés.
Source : www.contracostatimes.com
Traduction : MG pour ISM
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