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Egypte - 5 juin 2009
Par IRIN
Le manque de structures de stockage adaptées dans les villes d’al-Arish et de Rafah, dans le nord-est de l’Egypte, est en partie responsable des goulets d’étranglement et de l’inefficacité de l’acheminement des aides alimentaires et autres dans la bande de Gaza, selon un ancien haut responsable des opérations humanitaires égyptiennes.
Photo Alain Couturier : Des sacs d’aide humanitaire, destinés à être acheminés à Gaza, sont laissés à l’air libre, au stade d’al-Arish
Le seul entrepôt en service, à l’heure actuelle, à Al-Arish, a été en partie loué au Programme alimentaire mondial (PAM), et seule une partie de l’espace disponible y a été allouée à la Société du Croissant-Rouge égyptien (SCRE), selon Ahmed Orabi, directeur des opérations humanitaires de l’organisme entre juin 2008 et avril 2009. Les dons d’aide alimentaire acheminés à al-Arish ne peuvent donc pas tous être entreposés convenablement, et cela a donné lieu à du gaspillage, a-t-il indiqué.
Pendant l’offensive israélienne (27 décembre 2008 - 18 janvier 2009), la ville côtière d’al-Arish est devenue une plate-forme de transit importante des dons d’aid84690e humanitaire envoyés à Gaza. La SCRE collabore étroitement avec le PAM pour faciliter le passage dans Gaza de la marchandise envoyée par les organismes des Nations Unies et les organisations non-gouvernementales (ONG).
Bekim Mahmuti, directeur logistique du programme du PAM dans les Territoires palestiniens occupés, a toutefois expliqué à IRIN que l’organisme n’avait rencontré aucun problème d’entreposage, ni d’accès à al-Arish. «Notre matériel d’aide a été acheté localement, en Egypte, et stocké dans notre entrepôt d’al-Arish. Il a pu être transporté à Gaza sans problème», a expliqué M. Mahmuti, depuis Jérusalem Est, ajoutant que le PAM n’avait plus de réserves d’aide alimentaire entreposées à al-Arish depuis la mi-mai.
D’autres raisons expliquent les retards et les difficultés rencontrées pour acheminer l’aide humanitaire à Gaza : la fermeture fréquente et imprévue du point de passage de Rafah, et les détours à faire pour transporter une partie de l’aide.
Une quantité importante de matériel d’aide (principalement envoyé par les pays arabes et musulmans) a en effet dû être acheminée par camion d’al-Arish à al-Ouja (à 50 kilomètres de Rafah, à la frontière israélo-égyptienne), et de là jusqu’au point de passage israélien de Kerem Shalom pour être transportée dans Gaza, selon l’édition de janvier 2009 du bulletin d’actualité humanitaire régional publié par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Kerem Shalom est devenu le principal point d’entrée de l’aide en provenance d’Israël, mais il n’a pas été conçu pour traiter de grandes quantités d’aide et les mesures de contrôle strictes, mises en place par Israël limitent la vitesse à laquelle les marchandises peuvent être traitées.
Rafah sert principalement à faire passer l’aide médicale, et Kerem Shalom traite l’aide alimentaire, ainsi que d’autres formes d’aide.
Documents incorrects
Le bulletin d’actualité publié par OCHA en janvier 2009 donne un aperçu des autres obstacles qui empêchent d’acheminer sans problèmes l’aide humanitaire à Gaza.
«Un grand nombre de dons sont arrivés à al-Arish sans les documents requis ou sans indication relative au consignataire. Cela a perturbé leur transfert à Gaza.
Le 31 janvier, 3 000 tonnes de matériel humanitaire, acheminées à Israël via al-Ouja, avaient ainsi été stockées au terminal de Kerem Shalom, faute d’une autorisation d’importation à Gaza.
Cette situation a incité les autorités frontalières d’al-Ouja à ne pas accepter les cargaisons humanitaires qui ne s’accompagnaient pas des documents requis. Nombre de camionneurs n’ont eu d’autre choix que de retourner à al-Arish et de décharger leurs marchandises au stade municipal. Par conséquent, selon les estimations, 12 000 tonnes de matériel humanitaire se sont accumulées au stade».
Ce mois-ci, un correspondant d’IRIN a en effet aperçu des sacs d’aide alimentaire entassés à terre, au stade principal d’al-Arish. Il s’agirait là des derniers sacs d’aide utilisable qui attendent encore d’être envoyés à Gaza.
Aide alimentaire jetée
Selon les estimations de M. Orabi, depuis la fin de l’offensive israélienne à Gaza, le 18 janvier 2009, 100 tonnes d’aide alimentaire destinées aux populations de Gaza ont dû être déversées dans des dépotoirs. N’ayant pas pu être entreposés, la plupart des vivres étaient restés sous la pluie et le soleil et s’étaient gâtés, a-t-il expliqué.
« L’aide a tout simplement été jetée dans une décharge et a très probablement été récupérée par des bédouins, qui l’ont utilisée pour nourrir leurs chèvres », a-t-il ajouté.
D’après Mahmoud Abul Magd, directeur du bureau de la SCRE à al-Arish, la plupart de l’aide jetée avait été acheminée par un convoi libyen.
Une centaine de camions chargés de matériel de secours, envoyé par la Libye, étaient arrivés à al-Arish pendant l’offensive israélienne, mais un grand nombre d’entre eux dépassaient le poids maximal autorisé et n’avaient donc pas reçu l’autorisation d’entrer dans Gaza. Une partie de l’aide avait alors été acheminée par le point de passage frontalier d’al-Ouja après avoir été reconditionnée de façon à respecter les normes de poids, a-t-il expliqué.
Toutefois, selon Abul Magd, le stock actuel de vivres et d’aide médicale inutilisés est « négligeable ».
Il sera sans doute difficile d’obtenir plus de précisions sur la situation, les journalistes n’ayant pas le droit de se rendre au port maritime d’al-Arish, ni à l’aéroport, où une quantité d’aide plus importante serait entreposée.
la/cb/nh
Source : http://www.irinnews.org/fr/
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