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Palestine - 5 juin 2009
Par Christopher King
Christopher King est consultant et enseignant en management et marketing. Il est à la retraite et vit à Londres.
La recherche d’une solution de deux Etats entre Israël et la Palestine est une perte de temps. Un tel accord n’aura aucune validité, pour une raison simple : ce sera une solution imposée, c’est-à-dire un accord inéquitable entre une population assujettie et un occupant militaire. Il sera donc fondamentalement non viable selon n’importe quel critère de légalité ou de justice, et sujet à contestation à tout moment dans l’avenir.
Le mur à Jayyous, à 300m du village (photo Stop the Wall)
Il n’y aura aucune difficulté à prouver devant un tribunal international futur que l’occupation israélienne fut brutale, que des crimes de guerre ont été commis dans l’objectif de voler sans relâche la terre et les ressources en eau et, par des moyens inhumains, en violation avec les principes de Nuremberg, de forcer les Palestiniens à abandonner leur terre. Chaque Palestinien préparera son journal de témoignages directs et demandera à récupérer sa terre, partie de son héritage palestinien.
C’est pour cette raison que l’actuelle Autorité Palestinienne (AP) n’a pas le pouvoir de signer des accords valides avec Israël en matière de frontières, de ressources, de réfugiés et de droits.
Il y a aussi la question de la légitimité de l’AP sous domination Fatah. Le parti Fatah agit en tant qu’AP mais c’est le parti Hamas qui a gagné les élections démocratiques palestiniennes de 2006, avec 76 sièges parlementaires sur 132 et le droit de former le gouvernement. Les Etats Unis et Israël n’ont pas reconnu ce résultat parce que ce n’était pas celui qu’ils voulaient. Ils ont apporté leur soutien au parti perdant, le Fatah, qui n’a remporté que 43 sièges, pour qu’il soit au gouvernement. Le Fatah est maintenant de connivence avec les USA et Israël pour le pouvoir et l’argent, mais n’a pas de légitimité démocratique. La collaboration du Fatah avec les USA et Israël provoque la division du peuple palestinien, facilitant ainsi le vol des terres pendant que des crimes de guerre sont commis contre lui. L’actuelle AP ne peut signer aucun accord légitime au nom des Palestiniens.
Les souhaits des Etats Unis, d’Israël, de l’AP et même du Hamas sont donc non pertinents. Aucune des parties n’a le pouvoir de réaliser un accord incontestable alors qu’Israël occupe la terre palestinienne avec ses colonies et ses armées. Aucun tribunal impartial ne pourra statuer autrement.
Lorsque par exemple l’Allemagne nazie a occupé la France et annexé l’Alsace-Lorraine, le gouvernement fantoche français de Vichy a cédé une partie de la France à l’Italie et permis à l’Italie fasciste de Mussolini d’occuper la Corse sans opposition. Aucune de ces modifications de frontières n’a été maintenue après la défaite de l’Allemagne. De telles circonstances violent chaque principe pertinent du droit et chaque conception de la justice.
Le désir de la part de l’Amérique et de l’occupant israélien de conclure une paix durable en Palestine par tout accord qui entérine le vol de la terre palestinienne est donc vain. Leurs « feuilles de route » et conférences lancées à grand renfort de publicité ne sont que des exercices de relations publiques destinés à faire croire au monde que l’occupation israélienne des terres palestiniennes peut être légitimée par un accord camouflage. L’Amérique et Israël sont certainement conscients que les conditions d’occupation rendent impossible toute légitimité.
Le même principe s’applique à la terre sur laquelle se tient Israël. Il est absurde qu’Israël affirme qu’il est légitime que les Juifs viennent de partout dans le monde pour occuper la terre volée au peuple palestinien par le meurtre et le terrorisme, obligeant la population palestinienne à fuir ses terres comme des réfugiés. Les justifications que les Juifs occupaient ce territoire il y a deux mille ans et que Dieu leur a donné la terre sont absurdes et ne peuvent avoir aucune position en droit.
Tout groupe palestinien dissident peut donc à n’importe quel moment dans l’avenir soit prendre les armes soit intenter une action en justice contre l’entité se nommant elle-même Etat d’Israël qui, nonobstant la reconnaissance des Nations Unies, n’a aucun droit à la terre sur laquelle elle se tient. Les Nations Unies ont soit fait une erreur de droit en reconnaissant Israël, soit il est légitime que tout groupe de personnes occupe et se saisisse du territoire d’un autre peuple par les armes, le meurtre et le terrorisme, l’en expulse, et devienne le gouvernement internationalement reconnu de ce territoire. Il est clair que les Nations Unies ont fait une faute en loi internationale.
C’est une illusion de croire que l’entité israélienne puisse parvenir à la légitimité et à la paix par les moyens qu’elle a utilisés jusqu’à aujourd’hui, et encore moins légitimer le vol des terres en dehors des frontières reconnues par l’ONU. C’est la raison pour laquelle elle a été forcée d’amasser un arsenal nucléaire et de perpétrer des crimes de guerre tant dans le passé, comme à Deir Yassin, qu’aujourd’hui à Gaza où la population vit dans des conditions de camp de concentration dictées par l’armée israélienne. Armes nucléaires, chars et avions de chasse n’ont rien à voir avec la légitimité et ne peuvent pas se substituer à elle. Les hommes savent, dans leurs cœurs et leurs esprits, ce qui est bien et juste. Plus il est nécessaire d’employer la violence, plus il est évident qu’il y a injustice.
Alors que j’écris, je note qu’Israël est sur le point de voter des lois qui criminalisent “de nier qu’Israël est un Etat juif et démocratique”, d’observer le jour de l’indépendance d’Israël comme un jour de deuil et exigent un serment de loyauté et de volonté à faire son service militaire pour recevoir une carte d’identité d’Israël. Il est évident que ceci vise à se débarrasser des citoyens palestiniens d’Israël et de supprimer toute contestation intérieure sur la nature de cette entité illégale. Si ces lois passent, Israël sera entré de façon décisive dans la mentalité “laager” caractéristique du régime d’apartheid d’Afrique du Sud où j’ai vécu quelques temps. Malheureusement, le cas d’Israël est pire. Le racisme d’Afrique du Sud était basé seulement sur la couleur de la peau ; celui d’Israël est basé sur l’exclusivité d’un petit groupe ethnique combiné avec l’élément explosif de la religion.
Les gens à l’extérieur de l’Afrique du Sud n’ont jamais réellement compris son apartheid. Moi non plus, jusqu’à ce que j’y vive. Je présume que le monde ne comprend pas la nature d’Israël en dépit des articles des médias. L’apartheid m’était désagréable en tant que blanc ; j’ai du mal à imaginer ce que cela a dû être pour les noirs et les indiens d’Asie, qui étaient eux aussi classés comme noirs. Mais au moins le gouvernement sud-africain n’a pas régulièrement assassiné les leaders noirs à coup de missiles, n’a pas bombardé au hasard, n’a pas interdit l’eau, la nourriture, l’électricité et autres matériaux aux noirs, ni ne les a terrorisés par des vols d’avions chasseurs à basse altitude, ni bombardés au phosphore blanc, ni déraciné leurs vergers, démoli leurs maisons au bulldozer, ainsi de suite. On pourrait dire que c’était un régime relativement “léger”, et pourtant, il a scandalisé le monde entier. On n’a pas encore compris ce qu’est Israël.
Israël s’est maintenant engagé dans une course de violence et d’inhumanité toujours croissantes contre les Palestiniens qu’avec une logique invertie et perverse, il accuse de ses propres crimes. Bien que les Palestiniens n’aient été en mesure que de résister faiblement aux crimes israéliens, ça ne sera pas forcément toujours le cas. L’Amérique implose. Dans dix, cinquante ou cent ans, quand l’Amérique ne sera plus capable de soutenir l’existence illégale et l’occupation de la terre d’autrui par Israël, ou quand sa nature intrinsèquement brutale sera plus largement reconnue, les choses pourraient être bien différentes. S’étant saisi de son territoire par la violence, Israël n’a pas d’autre option que de s’y maintenir par la violence et des lois scandaleuses.
Les Israéliens et leurs partisans ne devraient pas perdre de vue que ce n’est pas en Israël que les Juifs, depuis 1945, ont vécu dans la paix et la prospérité, mais en vivant comme des citoyens égaux dans d’autres pays, en particulier en Europe et aux USA. C’est le concept d’ « Etat Juif » imposé par la violence qui est erroné. Le seul avenir sûr, pacifique et légitime pour les Israéliens est d’accepter la solution à un Etat, avec le droit au retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants. Rien d’autre ne marchera.
Il y a maintenant la possibilité que ceux de la diaspora juive qui soutiennent Israël soient considérés comme corrompant les gouvernements des pays où ils vivent pour qu’ils soutiennent Israël. Il y a de bonnes raisons de penser que c’est ce qui s’est passé aux USA et au Royaume-Uni dans le cas de la guerre contre l’Irak. Il est de notoriété publique que l’American Israël Public Affairs Committee (AIPAC ), avec les membres juifs de l’administration Bush, ont influencé le déclenchement de l’invasion en Irak. Même chose pour les membres juifs du Parlement au Royaume-Uni, et en particulier des individus aux ancêtres juifs dans le gouvernement Blair : Michael Levy, le voyageur de commerce de Blair ; Peter Mandleson, le plus proche conseiller de Blair ; Jack Straw, le secrétaire aux affaires étrangères de Blair qui a soutenu la guerre aux Nations Unies et Peter Goldsmith, l’avocat de la couronne qui a mensongèrement déclaré légale l’invasion de l’Irak. Il y a de bonnes raisons d’accuser Goldsmith et Straw, ainsi que Blair, de crimes de guerre et espérons que cela sera fait en temps voulu.
Cette situation d’allégeances partagées des Juifs a été prévue il y a deux cents ans.
A Paris, en 1807, Napoléon Bonaparte a convoqué le Sanhédrin, une Cour juive, pour une cérémonie établissant les droits de la communauté juive comme pleins citoyens français. Il a aussi donné la pleine citoyenneté aux Juifs de tous les pays qu’il avait conquis. En échange, cependant, Napoléon a demandé aux Juifs d’abandonner la juridiction rabbinique dans les affaires juives civiles et judiciaires, qui deviendraient la prérogative de l’Etat français. Il a aussi demandé aux Juifs d’abandonner leur vœu de nationalité séparée, en particulier en Palestine. Les Juifs ont donné ces assurances. Dorénavant, la France seule aura l’allégeance de ces Juifs qui étaient ses citoyens (Sachar HM : A history of Israël ; Knopf, 2003, p. 3).
Ce fut la condition implicite sur laquelle les Juifs de toute l’Europe, y compris en Grande Bretagne, ont depuis l’époque été considérés comme des citoyens pleins et égaux. Les Juifs sionistes ont par la suite ignoré ce facteur vital, l’effet corrosif que Napoléon, administrateur civil de génie, avait prévu.
S’il est avéré que les personnes juives en position d’influence ou d’autorité dans un gouvernement agissent dans l’intérêt d’Israël sur la base d’une religion et d’une ethnicité communes plutôt que sur les principes de la justice internationale et de l’intérêt de leur pays de citoyenneté résidentielle, le remède qui sera adopté est évident : les Juifs ne seront pas autorisés à tenir de telles positions.
Ce serait une démarche rétrograde et hautement indésirable ramenant à des relations médiévales entre les Juifs et les non-Juifs, avec les Juifs comme citoyens de seconde classe en qui on n’a plus confiance. Bien que ce soit de l’antisémitisme, ce serait la réponse inévitable. La démarche progressiste ne peut être pour Israël que d’accepter la solution à un seul Etat en Palestine dans lequel les Juifs et les Palestiniens vivraient avec des droits égaux selon le droit civil. Il y a de bonnes raisons de supposer que les Palestiniens accepteraient un seul Etat avec le droit au retour. C’est dans l’intérêt vital tant des Juifs de la diaspora que des Israéliens de soutenir cette solution.
Il est honteux que le Royaume Uni et l’Union Européenne suivent les Etats Unis dans leur soutien à l’annexion du territoire palestinien par Israël, leurs invasions d’autres territoires, en particulier en Irak et en Afghanistan, leurs attaques contre le Pakistan et sa déstabilisation, leurs provocations vis-à-vis de la Russie en la dépeignant comme agressive, leur agressivité contre l’Iran, dont ils convoitent le pétrole, leur confrontation dangereuse avec la Corée du Nord nucléaire et leur ingérence politique partout dans le monde.
Le Président Barack Obama poursuit cette même politique ; aussi la notion qu’il peut apporter une résolution pacifique en Palestine avec cette mentalité, tout en armant et en subventionnant Israël, est absurde. La demande d’Israël que les Palestiniens « reconnaissent Israël comme Etat juif » est tout aussi absurde et montre qu’Israël ne souhaite en aucun cas un accord, mais plutôt poursuivre son expansion coloniale et le vol de la terre palestinienne.
La solution de deux Etats en Palestine/Israël est morte avant que les négociations ne débutent pour toutes les raisons ci-dessus. Comme ne sera jamais accepté par l’ensemble des Palestiniens un quelconque règlement signé par l’Autorité Palestinienne illégitime et corrompue. Il serait à jamais sujet à contestation, tant légale qu’armée. Un accord juste à un seul Etat éliminerait la possibilité de contestations futures et offrirait une paix immédiate, ainsi qu’une future prospérité aux deux communautés. Une telle intégration a été le modèle de la prospérité et de l’harmonie juives avec les autres cultures partout dans le monde. Elle fonctionnerait parfaitement bien en Palestine.
Source : Redress
Traduction : MR pour ISM
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