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Naplouse -

Etre un militant international dans un camp de réfugiés sous invasion

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Le dernier jour de l'invasion, les gens des Nations Unies se sont enfin décidés à se montrer. Mais ils ont refusé d'entrer dans le camp – trop dangereux, ont-ils dit.
Ce sont pourtant eux qui ont la mission de s'occuper du camp, et si quelqu'un devait être là pour améliorer les conditions de vie des gens dans le camp occupé, cela aurait dû être eux.
Mais c'était nous. Nous étions les seuls internationaux à l'intérieur du camp.

Etre un militant international dans un camp de réfugiés sous invasion


Photo ISM : Constat des destructions dans le camp de réfugiés d'Al-Ayn à Naplouse après le siège de 4 jours des Forces d'Occupation Israélienne


Il peut être dur d'être un militant des droits de l'homme dans des circonstances normales. Et cela peut même être encore plus difficile pendant le Ramadan !


Je n'avais pas l'intention de jeûner, mais cela peut être terriblement difficile de ne pas le faire. Boire de l'eau en cachette, derrière un groupe de gens des Nations Unies pendant que tout le monde regarde ailleurs est une manière de faire.

Pourtant le meilleur exemple, c'est hier, quelque part dans un camp de réfugiés envahi, en Palestine, lorsque je mangeais une banane dans la salle de bains d'une des familles que nous essayions d'aider.

Les derniers jours constituent la plus grande expérience que j'ai jamais vécue. J'étais prête à aller à Hébron, mercredi dernier, lorsqu'on m'a informée que la ville était déclarée "zone militaire fermée". Pour un international, cela signifie être arrêté, et il y a vraiment de meilleures raisons d'être arrêté dans ce pays.

Parce que le camp de réfugiés d' Al-Ayn, à Naplouse, un morceau de terre aussi grand que deux terrains de football et foyer de 6.000 personnes, était sous occupation, j'ai décidé d'y aller. Réflexion faite, je ne me considérais pas comme quelqu'un de courageux.

Avec deux autres militants et une équipe médicale bénévole palestinienne, nous avons décidé de rentrer en douce dans le camp.

L'équipe palestinienne y allait apporter de la nourriture, des médicaments et autre ravitaillement à ceux qui en avaient besoin, après plus de deux jours sous couvre feu, et ils souhaitaient notre présence pour éviter le harcèlement des soldats israéliens.

Nous sommes passées par les ruelles bondées, allant d'une maison à l'autre, en criant : "Bénévoles, internationaux, ne tirez pas", chaque fois nous tournions à un coin de rue. Le secteur tout entier était plein de soldats qui s'emparaient des maisons des familles, dont beaucoup avaient des enfants petits.

Nous sommes allés dans une maison qui hébergeait 50 personnes, dont un très grand nombre d'enfants. Nous leur avons parlé, leur avons donné les provisions et je n'oublierai pas la joie sur leurs visages lorsque je leur ai donné les bananes qui me restaient.

Une demi-heure plus tard, il y eut une énorme explosion à l'intérieur du camp. Une fumée noire, épaisse, mélangée à toutes sortes de débris brûlés volait dans l'air. C'était la maison d'une famille qui venait d'être démolie, parce qu'un des habitants se trouvait être le cousin des hommes "recherchés".

Une autre famille nous a demandé de faire sortir une étudiante de 20 ans, de Tulkarem. Elle était venue rendre visite à des amis lorsque le camp a été envahi et depuis lors, elle n'était pas autorisée à partir. Nous lui avons passé un de nos gilets fluorescents et elle s'est jointe à notre groupe pour pouvoir quitter le camp et rentrer chez elle.

Alors que nous passions devant les mêmes soldats pour la troisième fois, cette fois, rien à faire. Il n'était pas question de sortir, et aucun moyen pour les convaincre du contraire. Notre frustration était de plus en plus grande, surtout lorsque nous avons vu nos amis, juste en dehors du camp, chargés de pain et dans l'impossibilité d'entrer.

Tout ce que nous voulions, c'est prendre ce pain et le donner à la maison la plus proche, pour que la famille continue à le passer dans le camp à ceux qui en avaient besoin.

Les soldats n'étaient évidemment pas du tout d'accord. Marchant dans les ruelles, nous pouvions constater clairement qu'ils étaient très nerveux, surveillant l'endroit où ils étaient, et par le fait que nous les distrayions de leur boulot. Ils ont continué à nous répéter que nous n'étions pas en sécurité, et qu'ils ne voulaient pas que nous prenions une balle par accident.

Finalement, ils nous ont forcés à partir avec une bombe assourdissante, ma première expérience désagréable. Je peux vous dire que c'est vraiment assourdissant ! Nous n'avons pas eu d'autre choix que de partir.

Le dernier jour de l'invasion, les gens des Nations Unies se sont enfin décidés à se montrer. Mais ils ont refusé d'entrer dans le camp – trop dangereux, ont-ils dit.

Ce sont pourtant eux qui ont la mission de s'occuper du camp, et si quelqu'un devait être là pour améliorer les conditions de vie des gens dans le camp occupé, cela aurait dû être eux. Mais c'était nous. Nous étions les seuls internationaux à l'intérieur du camp.

Vers 5h du matin, les soldats sont partis, mission accomplie ou non. Ils ont emmené deux des sept hommes "recherchés", laissant derrière eux une vie encore plus merdique pour les gens du camp. Un soldat israélien a été tué, mais 3 Palestiniens sont morts, dont un garçon de 16 ans et un handicapé de 38 ans. Ils ne menaçaient personne, mais ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment.

Aujourd'hui, marcher dans les gravats des maisons démolies m'a fait penser à un film de guerre. Aller dans les maisons détruites m'a rappelé la réalité inhumaine et brutale. Je n'arrêtais pas de me demander comment j'arriverais à raconter tout ça à d'autres. J'y étais, mais c'est complètement surréaliste.

On apprend toujours quelque chose sur soi même ; à aucun moment je n'ai eu peur. Peut-être c'est parce que j'ai du cran, ou parce que la situation était tout simplement trop irréelle pour moi, je ne sais pas, mais c'est quand même très désagréable de voir l'énorme fusil d'un soldat israélien pointer sur soi.

Je suppose que je peux me compter maintenant parmi les courageux, mais mon plus grand honneur a été d'être renommée par les équipes médicales, lorsque je les ai revues après avoir quitté le camp. Je porte mon nouveau nom avec fierté – Falastiin. Même si je dois bien admettre qu'après, j'avais les genoux qui tremblaient.

Voir les photos du camp après l'invasion de l'occupant.

Plus d'informations sur l'invasion et le siège du camp d'Al-Ayn à Naplouse .

Source : ISM

Traduction : MR pour ISM

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