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Qalqilia -

Face à face avec la résilience palestinienne : la Journée de l’Ane à Azzun

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Azzun est une ville palestinienne charmante, à 6 km de Qalqilya. C’est une des cités palestiniennes qui, à cause de la proximité de la ligne verte, est littéralement entourée et encerclée par la matrice israélienne de murs, de rocades et de colonies. Mais à Azzun, derrière la dureté de la vie quotidienne, il y a aussi des divertissements. Cette semaine, une Journée de l’Ane a été organisée par l’association palestinienne PARC. Ce fut une journée pleine de rire, de courses et de chutes comiques.

Face à face avec la résilience palestinienne : la Journée de l’Ane à Azzun


Cette semaine, une Journée de l’Ane a été organisée par l’association palestinienne PARC. Ce fut une journée pleine de rire, de courses et de chutes comiques.

Environ 8.000 habitants vivent dans le minuscule et vert village d’Azzun et la plupart sont des fermiers, car l’agriculture et l’élevage représentent près de 40% des ressources de la ville.

Le paysage est vert et luxuriant en ce jour de printemps, couvert d’immenses oliveraies et jusqu’à 80 serres où les tomates, les choux, les concombres et de poivrons. Grâce à cette production, Azzun fournit une part importante des besoins en légume de l’économie locale rurale et des marchés locaux dans les villages et cités voisins, en faisant un centre vital du réseau agricole.

Le village héberge également une coopérative d’huile d’olive qui a été créée en 2004, avec l’aide d’un organisme agricole palestinien, le PARC (Palestinian Agricultural Relief Committee). Là, 55 fermiers coopèrent à l’amélioration de la qualité et de la commercialisation de l’huile d’olive palestinienne. Rien que cette année, environ 20 tonnes d’huile d’olive biologique ont été produits, dont la moitié a été exportée vers l’Europe. « L’huile d’olive est au centre de notre alimentation, » dit Taysir, le chef de la coopérative agricole d’Azzun. « Nous avons même des vieux qui en boivent tous les matins, c’est pour ça qu’ils restent en bonne santé si longtemps, » affirme-t-il en souriant.

Mais derrière le paysage vert et le rythme harmonieux du village, Azzun est aussi entouré par cinq colonies israéliennes qui brisent constamment l’atmosphère paisible de la ville, causant aux villageois des problèmes par l’attaque des biens et des productions palestiniens. Ici, la création de colonies ne se passe jamais sans sa série de fermetures arbitraires, confiscation de terre et restrictions de mouvement pour les habitants et les fermiers.

Et donc à Azzun, comme dans la majorité des verts paradis ruraux de Palestine, l’harmonie de la ville est remise en cause par l’occupation israélienne et le projet sioniste. Avant la guerre arabo-israélienne de 1948, la ville possédait 24.496 dunums de terre (environ 24 km). Entre les colonies et les routes, et la confiscation qu’elles ont causées, la ville a aujourd’hui 9.130 dunums de terre, dont 1.209 sont construites.

En novembre 2008, l’Administration civile israélienne – l’organe qui gère les aspects de l’occupation en Cisjordanie – a remis aux résidents d’Azzun des ordres militaires pour la confiscation de 7 dunums supplémentaires de terre sous prétexte de la sécurité et de la protection des colons israéliens. Selon l’ordre militaire, une grille de 5 km de long sera construite le long d’une section de rocade contrôlée par Israël, par laquelle les colons israéliens pourront accéder à leurs colonies tout en restant connectés avec Israël lui-même.

Il est utile de souligner que les colonies en question sont considérées comme illégales selon la loi israélienne. Cependant, le nouveau gouvernement israélien a promis de changer les règles pour permettre à toutes les terres volées par Israël en Cisjordanie d’être reconnues par le gouvernement israélien – en dépit de leur illégalité selon les lois israélienne et internationales.

Il va sans dire que les Palestiniens touchés par le vol de terre israélien ont peu de moyens de recours.

Certains villages ayant subi des confiscations de terre à grande échelle ont poursuivi le gouvernement israélien devant les tribunaux mais c’est extrêmement onéreux et difficile, car la plupart des Palestiniens sont interdits d’entrée en Israël, où sont situés les tribunaux. De plus, le système juridique israélien penche lourdement en faveur des Israéliens, alors que les Palestiniens n’ont aucune disposition légale ni aucun droits dans le système. Même dans les rares cas où les tribunaux israéliens ont pris des décisions favorables aux villageois palestiniens, comme à Bil’in, la confiscation des terres a continué alors que le gouvernement israélien refuse d’appliquer sa propre décision de cour.

En avril dernier à Azzun, les troupes israéliennes ont commencé la construction d’une grille métallique surmontée de barbelés à lames dans la ville presque totalement entourée par le mur, qui est entièrement construit à l’intérieur de la ligne verte officielle établie en 1967. Aujourd’hui, la nouvelle grille bouclera le ville dans une enclave encore plus petite.

Les villageois ont rapporté que la grille métallique haute de trois mètres, surmontée des barbelés, fait déjà environ 5 km à partir de l’entrée du village et le long de la route principale à travers la section nord d’Azzun. La grille a séparé les villageois de leurs terres, dans un secteur qui dépend presque entièrement de l’agriculture, unique ressource.

Il y a deux semaines, l’entrée principale d’Azzun a été fermée aux véhicules par un monticule de terre que les Israéliens ont récemment installé. En conséquences, les travailleurs et leurs familles laissent leurs voitures sur la route principale, près de la ville, et doivent faire le reste de la route à pied pour aller chez eux, rendant leur vie encore plus dure chaque jour pour entrer et sortir de la ville pour aller travailler dans les villes voisines.

Les fermiers ont de grandes difficultés à accéder à leurs fermes et aux pâturages. « Si vous n’allez pas tous les jours sur votre terre pour arroser les plantes et ramasser les légumes, » dit Taysir, « la production est très abimée. » Mais en plus, les interdictions de circulation et les heures d’attente aux checkpoints affectent aussi les revenus des travailleurs. « Quelquefois, nos tomates sont bloquées aux checkpoints pendant des heures, ou notre production est retardée à cause des fermetures. Qui veut acheter un produit vieux de 3 jours ? Les prix chutent, et c’est une perte de temps, d’argent et de travail, » dit-il.

Le coordinateur du PARC, qui est titulaire d’un diplôme universitaire en agronomie et qui a par le passé travaillé en Israël dans une usine, appuie les dires de l’homme. « Nous sommes sans arrêt confrontés à des fermetures arbitraires ou des difficultés supplémentaires. Ceux qui ne travaillent pas à la ferme sont confrontés aux mêmes problèmes. Quelquefois, les Israéliens ferment toutes les entrées de la ville, » explique-t-il, « ensuite, nous devons faire au moins 10 km à pied pour rejoindre la route principale qui va à Naplouse. »

Mais en dépit de cette dureté de vie, la résilience palestinienne n’’est jamais très loin, et aujourd’hui, l’atmosphère est plus légère. Le PARC, très actif à Azzun, a organisé une journée de courses d’ânes, qui fait partie d’un projet pour s’assurer que les animaux soient bien traités dans les villes rurales palestiniennes et promouvoir le respect des ânes quand ils sont utilisés pour les activités agricoles, aussi bien que le partage de méthodes de bonne pratique.

Nassir, le coordonnateur du projet, rejoint un groupe d’environ 30 jeunes palestiniens et leurs ânes pour une course improvisée au milieu de la ville. Les « shebab » - comme on appelle ici les jeunes hommes – sont très excités et un public joyeux suit la course.

Les ânes sont prêts, chacun portant un numéro, et les cavaliers espèrent gagner le prix, constitué de matériel pour nourrir et prendre soin des bêtes.

La vie quotidienne palestinienne est pleine de l’occupation, mais la résilience palestinienne demeure. La vie continue et d’autres aspects de nos vies gardent de l’importance. Ce fut le cas aujourd’hui à Azzun.

Au-delà de l’occupation, il y a beaucoup plus à dire sur la Palestine que le nuage gris de violence et d’occupation qui affecte la population quotidiennement. Derrière le stress et l’occupation, il y a le divertissement.

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Source : Palestine Monitor

Traduction : MR pour ISM

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