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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Gaza : Les veuves et les enfants commencent à mendier

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Il y a peu de parcs et d'espaces verts dans la bande de Gaza, et ceux qui existent sont remplis de gens avides de nature. Jour et nuit, les gens viennent en masse au Joondi ou au parc du Soldat Inconnu, dans le centre de Gaza.
Des vendeurs s’installent; ils vendent des noix grillées, des falafels, des boissons froides, du thé et du café. Plus à l'Est, le principal parc de Gaza, où l’on doit payer 1 shekel pour entrer, abrite des arbustes, des arbres décoratifs et des fleurs bien entretenus. Ce n'est rien en comparaison avec les arboretums ailleurs, mais il y a un peu de verdure.

Sur la principale rue Est-Ouest de Gaza, la rue Omar Mukthar, la zone commerçante la plus huppée de Rimal qui attire les acheteurs de vêtements, de parfum, d'électronique et de souvenirs. Le stock est une pauvre collection de tissus bon marché et de matériel électronique extrêmement cher. Les habitants de Gaza n'ont pas d'autre choix à part les marchés des tunnels à Rafah. Mais en fin de compte, la majorité des produits proviennent des mêmes tunnels et finissent tous par être excessivement chers.

Ceux qui ont des shekels à dépenser vont dans les cafés branchés de Rimal ou du quartier de l'hôpital Shifa. Mais les choix sont fondamentalement les mêmes: café arabe, cappuccino, jus de fruits, repas légers. Et le divertissement est limité à l'usage d’internet sans fil, de la musique arabe diffusée par les haut-parleurs du café et des discussions avec des amis, en fumant peut-être une pipe à eau.

Certains choisissent ces cafés pour organiser des fêtes d'anniversaire avec une interprétation en arabe de la chanson ‘Happy Birthday'. Un gâteau qui coûte en moyenne 70 shekels est le clou de la fête.

Mais seuls des rares privilégiés peuvent se l’offrir. La plupart des 1,5 millions d’habitants de Gaza ne peuvent pas se permettre de telles frivolités, sans parler des repas normaux, des couches, du lait pour bébé et vêtements et des livres scolaires.

Pour la plupart des Palestiniens de Gaza, il n'y a aucun moyen d'échapper aux contraintes du siège étouffant imposé par Israël qui, avec la complicité du gouvernement égyptien et de la communauté internationale, s’est renforcé depuis Juin 2007, lorsque le Hamas a pris le pouvoir dans la bande de Gaza. Mais le siège avait débuté encore deux ans plus tôt, peu de temps après que le Hamas ait été élu début 2006. Depuis lors, les Palestiniens ont vécu sous des restrictions de plus en plus étouffantes sur ce qui peut entrer et sortir de Gaza.

Dans le quartier commerçant de Rimal, un nombre croissant de Palestiniens ont recours à la mendicité. On y trouve des veuves qui tentent de subvenir aux besoins de leurs enfants, et des enfants qui mendient eux aussi pour contribuer aux revenus de la famille.

On trouve de plus en plus d'enfants qui vendent des articles à 1 shekel dans la plupart des rues de la ville de Gaza. Les enfants, âgés de sept ou huit ans, passent leurs journées à convaincre les piétons ou les conducteurs aux feux rouges d’acheter leurs bibelots.

Il y a peu d’options de loisirs pour les jeunes. Pas de cinéma, pas de concerts, pas de boîtes de nuit, aucun des passe-temps dont jouissent les jeunes du monde entier. C'est dû, en partie à la culture conservatrice dans la bande de Gaza, mais surtout au siège, et aux nombreuses attaques de l’armée israélienne contre Gaza.
Un lieu pour le théâtre, une scène en lambris de bois dans le bâtiment de l’hôpital Al-Qods, a été incendié par un bombardement israélien au cours de la guerre de trois semaines contre Gaza cet hiver.

Dans tous les cas, le principal est d'ordre financier: avec des niveaux de pauvreté extrême pour 90% de la population selon un rapport de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (UNCATD) de septembre 2009, la majorité des Palestiniens de Gaza dépendent de l'aide alimentaire, et se débrouillent en faisant des régimes riches en glucides inadaptés, sans argent supplémentaire pour les objets de luxe comme les vêtements et les livres scolaires.

Ibrahim, Mahmoud et Mahdi, des adolescents de Beit Hanoun, finissent encore leur dernière année de lycée, et n'ont pas atteint le niveau de frustration de nombreux jeunes diplômés universitaires qui ressentent la rareté du travail à Gaza. Ils ont encore quelques années devant eux avant de penser aux problèmes d’emploi à plein temps.

Ils passent leur temps libre à faire des choses simples: «Nous jouons au football quatre ou cinq fois par semaine», dit Mahdi. «Je vais nager presque tous les jours», explique Mahmoud, "mais je suis toujours peur des navires de guerre israéliens. Ils ont déjà bombardé la plage."

Ibrahim montre une moto garée à proximité. "Si nous avions de l'argent pour s'acheter une comme ça, nous ferions des virées sur la route côtière", dit-il.

Sinon, les hommes (et quelques femmes) jeunes et plus âgés s’offrent le soir un narguilé et du café, du thé ou du jus de fruits, certains choisissent les cafés relativement à la mode dans la ville de Gaza, d'autres préfèrent un café local. D'autres encore se rassemblent au bord de la mer, pour profiter de l'air de la nuit et de la brise en fumant le narguilé.

Malgré les dangers des navires de guerre israéliens et la forte contamination de la mer de Gaza - avec plus de 80 millions de litres d'eaux usées déversés quotidiennement dans la mer, par manque d’usines de traitement des eaux usées - beaucoup choisissent de nager quand même. Ils ont peu d'autres options pour se rafraîchir et pour les loisirs.

«Nous avons installé une sorte de plongeoir à la pointe de la jetée», dit un garde-côte. "Chaque jour, on se baigne là-bas." Le port de Gaza est l'une des zones les plus polluées, avec un ensemble d'eaux usées, d’huiles de bateau et les déchets habituels que l’on trouve dans les marinas.

L'économie de Gaza est décimée – 95% des industries ont fermé leurs portes. Les pêcheurs sont continuellement confrontés à la menace des navires de guerre israéliens, et luttent pour subvenir aux besoins de leurs familles. Les marchands ne peuvent pas importer de marchandises via Israël, comme ils le faisaient auparavant, et à la place ils font entrer des marchandises de contrebande par les tunnels.

Hamsa Al-Bateran, 22 ans, représente l'extrême pauvreté de Gaza. Il vit dans une seule pièce avec un plafond en amiante avec sa femme Iman et leur fils de trois mois. Il est maintenant désespéré.

Avant la naissance de son fils, Al-Bateran parcourait les rues de Gaza à la recherche de plastiques recyclables et les chargeait sur une charrette à cheval. Parfois, les gens louaient son cheval et la charrette pour déplacer des éléments importants.

«Mon fils est tombé malade. J'ai dû vendre le cheval et la charrette pour payer ses factures d'hôpital. Maintenant, je n'ai aucun moyen pour gagner de l'argent."

Al-Bateran recherche toujours des moyens pour survivre. Les loisirs est un concept qu'il n’envisage même pas.

«J'ai même pensé à travailler dans les tunnels. Je ferai n'importe quel travail, j'ai juste besoin de gagner de l'argent pour nourrir ma femme et mon bébé, lui acheter du lait", dit-il.
Il n’a pas de carte de réfugié palestinien, et n'a donc pas droit à l'aide d'aliments secs que la plupart des réfugiés à Gaza reçoivent. Sans cela et sans aucune source de revenu, il dépend de l'aide de ses pauvres parents.

Pour un récent diplômé de l’université, les perspectives ne sont pas bonnes. Ahmed travaille dans une épicerie à Beit Hanoun.
«Je travaille tous les jours, de 8h du matin à 18h le soir", dit-il. «Je gagne environ 20 shekels par jour." C’est le même salaire que gagnent la plupart des travailleurs agricoles, bien que ceux qui travaillent dans et à proximité de la zone tampon soient mieux payés. Mais ils affrontent la mort en raison de la politique du tirer-pour-tuer des soldats israéliens.

Mahfouz Kabariti, 51 ans, possède un magasin de décoration dans la ville de Gaza. «J'importais de Chine. Mon entreprise a fait faillite en raison des restrictions aux importations. Maintenant j’achète des produits chers et de mauvaise qualité qui arrivent par les tunnels."

Comme beaucoup, il pense que ça ne sert à pas grand-chose d’ouvrir plus tôt. «J'ouvrais ma boutique à 8 heures. Mais maintenant, je l’ouvre vers 11 heures et je ferme tôt. J’ai juste mon fils et je travaille dans la boutique maintenant. Nous avons dû laisser partir nos employés, il n'y avait pas de travail pour eux. "

Saïd Al-Saedi, 50 ans, est pêcheur depuis plus de 30 ans. «Dans les années 1980, nous partions en mer pendant six ou sept jours avant de revenir. Nous naviguions près la Libye, à Port Said en Egypte. Nous gagnions facilement 20.000 shekels par mois", dit-il. "Aujourd'hui, je ne pêche pas, je ne peux pas pêcher."

Source : http://www.ipsnews.net/

Traduction : MG pour ISM

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