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ISM France - Archives 2001-2021

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Hébron -

Justice d'âne

Par

Michael Goode appartient au "Christian Peacemaker Teams" qui maintient une présence permanente à Hébron depuis dix ans ; Le CPT, Christian Peacemaker Teams est une initiative de plusieurs églises menant des activités pacifiques (Mennonites, Eglise de la Fraternité, et Quakers) soutenue par des membres des communautés catholiques et protestantes. Son mandat : soutenir dans le monde entier tous les efforts visant à réduire la violence; à Hébron aide aux populations civiles palestiniennes au quotidien, médiation avec les forces d'occupation israéliennes, et observation.

Quand une nation étrangère occupe votre terre et que l’un de ses citoyens commet un délit contre vous ou vos biens, qui êtes-vous supposé appeler à l’aide ? La police ?
Il y a quelques semaines, Al-Hajj (ce n’est pas son vrai nom), un bédouin Palestinien qui vit près d’At-Tuwani, a demandé au CPT de l’accompagner au poste de police israélien de Kiryat Arba pour porter plainte contre des colons des environs de Carmel qui lui ont volé son âne.

Comme je l’ai vite appris, remplir une simple plainte peut prendre toute une journée ; quand Al-Hajj et moi sommes arrivés au poste de police, à au moins une heure d’At-Tuwani par les routes palestiniennes, nous avons dû entrer par derrière, là où il y avait une barrière fermée, sans personne autour.

Plusieurs appels téléphoniques et 40 minutes plus tard, un officier a fini par sortir pour nous laisser entrer. Une fois à l’intérieur, un officier qui parlait l’arabe nous a informés que nous devions aller à Carmel pour porter plainte et qu’une jeep de la police serait prête pour nous y emmener dans trois-quarts d’heure.


Pendant que nous attendions un colon israélien amical est passé par là et a affirmé à Al-Hajj que, bien que lui-même soit un colon, il ne portait pas d’armes et qu’il voulait seulement vivre en paix.
En admettant même qu’il soit sincère, ce colon est encore passé à cêté de quelque chose d’évident pour des Palestiniens assis dans un poste de police israélien : il n’a pas besoin, lui, de porter des armes.

Lui et sa cohorte de colons ont déployé autour d’eux un appareil de sécurité très sophistiqué, dédié à leur protection. Les problèmes des Palestiniens étaient au mieux secondaires et au pire gênaient leur tâche prioritaire.


Nous avons attendu presque deux heures avant qu’on nous dise que la jeep ne partirait pas aujourd’hui et que Al-Hajj devrait se débrouiller lui-même pour aller à Carmel.



Comme Aj-Hajj est Palestinien, il n’a pas eu le droit de passer par les routes de "contournement" pour Israéliens seulement. Ce qui signife que nous avons dû prendre une route plus longue qui a pris une heure de plus.


Notre homérique randonnée nous a fait prendre trois taxis différents, traverser deux barrages militaires israéliens, et marcher pendant plus de 6 km le long d’une route "de contournement" avant qu’Al-Hajj puisse héler un taxi pour Carmel.

Quand nous sommes arrivés, j’ai remarqué une jeep de la police devant l’entrée principale avec quatre colons, un officier de la police privée des colons et un âne qui attendaient derrière la barrière.


La police de Carmel a pris la plainte d’Al-Hajj pendant que la porte s’ouvrait et que les colons rejoignaient la jeep avec l’âne.

Aussi étonnant que ça puisse paraître, ils avaient l’air de prendre cette défaite symbolique avec calme, et sans trop de sarcasmes.
Ils se sont photographiés près de l’âne, et l’un d’entre eux s’est même tourné vers moi et a eu un sourire en coin : "Paix et amour, n’est-ce pas ?".

Ce qu’il y a de plus remarquable, dans cette histoire, ce n’est pas qu’on ait rendu son âne à Al-Hajj. C’est plutêt la manière dont la police israélienne a traité cette histoire. Il était évident pour moi qu’Al-Hajj ne retrouverait pas son âne sans l’aide d’un international.

Le plus scandaleux, c’est ce que visiblement, la police israélienne savait depuis le début qui avait pris l’âne. Il était là quand nous sommes arrivés.

Le plus insensé, peut-être, c’était de voir l’un des officiers de police israélien faire copain-copain avec les colons, les prenant par l’épaule et leur tapant amicalement dans le dos pendant qu’ils échangeaient de grands rires.

Imaginez que vous vous adressiez à la police pour déposer plainte pour le vol d’une télévision et que les officiers de police se comportent avec le voleur comme s’ils avaient été des copains de cour de récréation. Vous aussi, vous vous demanderiez de quel cêté ils sont.


Source : www.palsolidarity.org

Traduction : CS pour ISM

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