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ISM France - Archives 2001-2021

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USA -

L'Apartheid s'est invité dans le New Jersey

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C'était un dimanche matin froid à Teaneck, dans le New Jersey.
Environ deux cent Américains juifs entraient dans la synagogue Orthodoxe de la Congrégation B'nai Yeshurun où ils devaient entendre un boniment du Mouvement des Colons d'Amana visant à les convaincre d'acheter des maisons dans des colonies israéliennes illégales.

L'Apartheid s'est invité dans le New Jersey


Photo : Une colonie israélienne bien verte avec en arrière-plan la Cisjordanie

L'Amérique, la terre qui a donné au monde la séparation entre l'église et de l'état, accueille une vente où seuls les membres d'une religion peuvent acheter les propriétés.

Et je suis un Palestinien qui a grandi à quelques centaines de mètres de certaines de ces colonies. Je ne peux pas acheter l'une de ces maisons et je n'ai même pas été admis dans la salle des ventes.

Au sens littéral et figuré dur terme, j'ai été laissé dans le froid. J'ai allumé une cigarette et je l'ai jetée immédiatement ; mais se voir refuser l'entrée n'est pas une expérience totalement nouvelle pour un Palestinien

Un groupe d'environ 50 pacifistes s'étaient réunis à l'extérieur pour protester contre la vente.

Le rabbin Steven Pruzansky est sorti pour parler aux journalistes ; il ne semblait pas comprendre la polémique.
"Tout monde peut acheter de la terre n'importe où. J'étais aux Bahamas et ils vendaient la terre ; en Floride, ils vendent la terre à n'importe qui, pourquoi ne pouvons-nous pas acheter de la terre en Israël ?"

Quand un journaliste lui a mentionné qu'il s'agissait de colonies seulement pour les juifs, il a répondu qu'il priait de toutes ses forces pour la Paix et qu'il attendait le jour où les juifs et les Arabes pourraient vivre ensemble, mais qu'actuellement, cela était difficile en raison de la "situation de sécurité".

Il ne lui est pas venu à l'esprit que cette "situation de sécurité" était peut-être le résultat de ces colonies exclusives qui sont construites sur des terres volées aux Palestiniens.

J'ai demandé à un homme d'âge moyen qui quittait la présentation ce qu'il en pensait. Il m'a dit qu'il irait certainement un jour s'installer en Israël. Je lui ai demandé s'il était au courant du statut juridique de ces colonies et il m'a répondu qu'il s'agissait de "terres non-revendiquées."

Je lui ai mentionné un récent rapport du groupe israélien Peace Now qui constate que 40% des colonies sont établies sur des terrains privés palestiniens qui ont été confisqués (par opposition aux autres 60% qui sont établies sur des terrains illégalement occupés.)

"Peace Now et B'Tselem sont les deux organisations les plus anti-sémites au monde", m'a-t'il répondu.
"Peuvent ils le prouver ?"


Je lui ai expliqué que ce rapport était basé sur des documents de "l'Administration Civile" israélienne et que le gouvernement israélien n'avait jamais nié ces rapports, mais il n'en savait rien.

Je lui ai demandé s'il avait pensé à interroger Amana au sujet de la légalité de la terre, mais il a répondu sur un ton dur : "Je ne veux pas leur demander. Je n'ai pas besoin de savoir."

L'un de mes souvenirs les plus frappants de ma vie sous l'Apartheid israélien s'est déroulé pendant l'été 1993, quand notre maison à Ramallah avait de l'eau seulement trois jours par semaine.

Je me souviens d'être passé en voiture à côté de la colonie de Shilo (c'était le bon temps où nous pouvions encore nous déplacer en voiture entre les villes palestiniennes) et d'y avoir vu des tuyaux d'arrosage fonctionner à plein régime à l'extérieur de la colonie pour arroser les collines environnantes, donnant aux colons une vue un peu plus verte.


Aujourd'hui, quelqu'un va acheter une maison à Shilo, et dans quelques années, un jour chaud d'été, il se réveillera avec ce magnifique paysage vert, alors que je me réveillerai en priant d'avoir assez d'eau pour la douche.


Les colonies reçoivent à peu près 10 fois plus d'eau par habitant que les villes et les villages palestiniens. Alors que nous devons recourir à l'achat de plats en plastique pour réduire le nombre de vaisselles, les colons passent leurs journées dans des piscines à apprécier les nombreux paysages verts que leurs systèmes d'arrosage permettent d'entretenir.


Et aujourd'hui, ce colonialisme a pris des proportions absurdes. Après avoir aidé à transformer l'ensemble de la Cisjordanie en la plus grande constellation au monde de ghettos entourés par des murs et des colonies et des routes essentiellement racistes, Amana n'est toujours pas satisfait.

Ils ne sont pas satisfaits du soutien économique et politique que le gouvernement américain fournit aux abus des droits de l'homme et du droit international du gouvernement israélien.

Ils viennent soutirer de l'argent aux gens du New Jersey pour construire encore plus de colonies illégales exclusives, pour déposséder encore plus de Palestiniens et pour prendre encore plus d'eau à ma famille. Tout cela pour "Garder en vie le Rêve Sioniste" comme le dit la brochure d'Amana.


Regarder la famille américaine avec le papa, la maman, et leurs trois enfants sortir avec enthousiasme de leur Ford SUV bleue pour aller à la vente me fait penser à toutes ces familles que je connais et dont la terre a été prise par Israël ; souvent déplacées et séparées de force.
Ces familles ne pourraient même pas acheter ces terres même si elles le voulaient.


Dans "la seule démocratie du Moyen-Orient", les biens immobiliers sont exploités par des fantômes imaginaires sortis de livres datant de plus de 3.000 ans qui déplacent des familles de leurs maisons pour venir assister à une vente offrant aux Américains une seconde ou une troisième maison.

Je me demande qu'est ce qui pousse cette belle famille à se réveiller un dimanche matin pour rejoindre un projet colonial au lieu d'aller se promener ; contribuant à son succès avec leur argent tout en ne sachant pas et en ne voulant pas connaitre la réalité qui se cache derrière ce qu'ils font.

Cela semble trop banal pour être vrai, mais un consommationisme qui choisit obstinément et sciemment de ne pas connaître les conséquences de ses achats aide à soutenir le dernier système d'Apartheid colonial au monde.


Avant de venir ici, cette famille a sans doute eu à choisir entre venir rejoindre ce projet et aller au ski, faire du shopping ou rendre visite à la famille.

Malheureusement pour mes perspectives futures, elle a décidé de s'associer à la demande d'Amana pour "Garder en Vie le Rêve Sioniste."


Source : http://media.www.columbiaspectator.com/

Traduction : MG pour ISM

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