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Jénine - 18 novembre 2004
Par Ali Samoudi
"La prison est moins dure que le vagabondage que nous imposent les forces israéliennes après qu'elles nous ont chassés de chez nous et obligé de le quitter sans raison." C'est avec ces mots que décrit Riad Abdelkarim Abou'Arrab ses sentiments et la situation de sa famille qui n'a plus de toit après l'occupation, par une grande force israélienne, de leur maison qui se situe dans le village de Nazla Wousta près de Jénine, sur décision du commandement de l'armée israélienne en Cisjordanie.
Abou'Arrab qui est le Directeur-adjoint de la Banque de Palestine à Jénine poursuit : "en un clin d'oeil, nous avons perdu notre maison, nous nous sommes retrouvés à la rue sans connaître les raisons et nous ignorons notre sort.
Les forces de l'occupation ont envahi notre domicile à l'aube du mardi . Ils étaient plus d'une centaine de soldats fortement armés.
L'officier m'a convoqué et m'a dit que j'avais 10 minutes pour vider les lieux et évacuer ma famille et tous mes biens car la maison était mise sous l'autorité de l'armée israélienne."
Cloué sur place par cette nouvelle "qui m'a foudroyé" Abou'Arrab, a demandé à l'officier des explications "car je ne comprenais pas la situation qui signifiait pour moi une catastrophe.
Dans cette maison de deux étages nous vivons à 14 personnes, ma femme, mes enfants, ma mère, mes frères et mes sours. Il a alors sorti des papiers écrits en hébreu, et lorsque je lui ai dit que je ne comprenais pas la langue, il m'a simplement expliqué :
"C'est une décision militaire émanent du commandement de l'armée vous signifiant la réquisition de la maison jusqu'au 22/12 prochain, vous devez vous y soumettre sans poser de question ni objection parce qu'il sera exécuté pour des raisons de sécurité d'Israël."
Abou'Arrab a crié "quelle relation ma famille et ma maison ont-ils avec la sécurité d'Israël ?
S'il s'agit d'occuper ma maison et chasser ma famille et mes enfants, qu'en est-il de notre sécurité à nous, de notre vie et de notre stabilité ?
Où devons-nous aller ?
Celui qui a pris cette décision, n'a-t-il pas réfléchi au sort d'une famille entière ?
Surtout en ces temps durs. Nous sommes en plein Ramadan, et la fête de l'Aïd approche, quel droit autorise cela ?
Qu'ont fait mes enfants pour être privés de la joie de la fête ?
Qu'allons-nous faire et où irons-nous ?"
Ces plaintes et les conditions décrites n'ont rien changé à la situation, "l'officier s'est tu et m'a tendu la décision et un plan aérien de la situation de ma maison en me disant qu'il n'y avait pas lieu de discussion :
Nous sommes prêts à l'exécution, vous avez 10 minutes pour quitter les lieux et il vous est interdit de revenir ou de vous approcher de la maison avant la fin de la période prévue."
Il ne restait plus à la famille que de se soumettre à la dure réalité. "J'ai rassemblé ma famille et nous avons commencé à évacuer la maison sous les regards des soldats qui nous pressaient après avoir transformé notre maison en caserne militaire."
La peur, le choc, l'amertume et le stress saisissaient la famille.
"Le délai était très court, les meubles nécessitaient un grand nombre de personnes pour les transporter et une question persistait : Où irons-nous et comment pouvons-nous évacuer nos affaires rapidement dans cette nuit ?"
Après avoir ramassé ce qu'il a pu, il a été interrompu par les soldats qui lui ont signifié que le temps s'était écoulé. "Ils nous ont fait sortir de la maison, entamé les fouilles et fait entrer du matériel et des appareils qui indiquaient que la décision était sérieuse et l'opération longue.
Les soldats se sont déployé dans la maison, élevé le drapeau israélien dessus et nous avons enfermé à l'extérieur. Nous nous sommes retrouvés en vagabondage forcé, ma famille s'est partagée entre les proches et les voisins dans un climat de tristesse et de douleur. Je me suis adressé à diverses administrations, j'ai frappé à toutes les portes, sans succès.
Tout le monde a déclaré son impuissance pendant que ma famille continuait de payer le prix . mes enfants vivent séparés sans pouvoir suivre leurs études et passer leurs examens, ma mère et ma femme vivent ailleurs. Ils nous ont privés de profiter du Ramadan et de la joie de la fête. Nous avons reçu l'Aïd dispersés.
Quelle législation autorise cela ? et la justice ? et les droits de l'Homme ? quel droit permet la privation de notre vie, la réquisition de notre liberté et la confiscation de nos droits pour le seul tort d'être palestiniens."
Source : www.amin.org
Traduction : Palestine en Marche
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