Gaza - 18 octobre 2003

La destruction de Rafah.....

Par Mohammed Q.

Alors que l'occupation du camp de réfugiés d'Al Barazil continue, le nombre de Palestiniens tués augmente.

Ces deux dernières semaines, l'armée d'occupation israélienne saccage tout à Rafah, profitant du consentement presque total américain et du silence de la communauté internationale. Les vagues successives d'attaques militaires israéliennes sur des quartiers de Rafah ont causé jusqu'à ce jour la mort de 16 palestiniens, et 100 autres ont été blessés. Les tanks israéliens et les bulldozers ont détruits des quartiers entiers, faisant des centaines de sans abri parmi la population civile.

L'occupation du camp de réfugiés d'Al Barazil entre maintenant dans sa troisième journée avec pour conséquence plus de morts. Tôt samedi matin, l'armée israélienne a de nouveaux attaqué les civils palestiniens dans le camp de réfugiés d'Al Barazil. Aux environs de 3h du matin, des tanks israéliens ont ouvert le feu à l'aveuglette partout dans la zone et un certains nombre d'importantes explosions ont été entendues, en provenance, comme nous l'avons constaté plus tard, d'Israël.

Des sources à l'hôpital Al - Najal de Rafah ont dit qu'une femme et son fils ont été tués ce matin au cours de l'invasion israélienne par un obus de char tiré dans leur maison. Wedad Alagramy 53 ans, a été touchée à la poitrine et à l'épaule par un éclat d'obus; son fils de 20 ans Husam a aussi été tué. Tous deux étaient à l'intérieur de leur maison. Tous les autres membres de la famille ont été blessés.

Un responsable de la branche militaire du Hamas du sud de Gaza a été tué à 5 heures ce matin. Tareq Abu Elhessen, 39 ans, a été touché par plusieurs balles tirées en pleine poitrine. En plus de ces 3 morts, 9 autres palestiniens ont été blessés dont 3 sérieusement. Le docteur Ali Musa, le directeur de l'hôpital, décrit les assassinats quotidiens de civils par les forces d'occupation israéliennes comme des " exécutions extras judiciaires".

Les volontaires d'ISM à Rafah ont réussi à téléphoner aux personnes assiégées à l'intérieur d'Al Barazil le jeudi 16 octobre. ils nous ont dit que les soldats israéliens ont annonçé par hauts parleurs aux civils palestiniens du camp qu'ils devaient évacuer leurs maisons, dans le cadre d'une procédure devant s'achever par la destruction de ces maisons.

Le vendredi 17 octobre, des sources à l'intérieur d'Al Barazil ont informé les volontaires ISM de Rafah que l'armée israélienne avait détruits 2 maisons, l'une appartenant à Kawrhar Abu Elwan et abritant 4 familles, et l'autre appartenant à Naseer Aljamal et abritant 2 familles. Ils ont également détruit le centre informatique d'Al Noor appartenant à Abdelazeez Ewedah, ainsi que l'usine agro alimentaire fabricant des glaces, et 2 autres boutiques propriétés de Lotfi Abu Taha.

L'armée israélienne a effectué un raid dans la maison de 3 étages de Khaleel El Jamal forçant les membres de la famille à s'entasser dans une seule pièce au rez de chaussée, pendant que des tireurs d'élite prenaient position. ils ont fait la même chose avec la maison de 4 étages de Tawfiq Barbakh ainsi qu'avec celle de 3 étages de Tala Temraz. Ce matin 2 palestiniens sont morts aprés avoir été touchés par des tirs de soldats israéliens. Waleed Abdelal, 20 ans, a été touché à la tête, et Waleed Abdel Wahab, 36 ans, a été touché au cou et à la poitrine.

Ces dernières 48 heures, les habitants d'Hay Salaam et d'Al Barazil ont soufferts d'une pénurie de nourriture, l'armée israélienne refusant qu'ils soient approvisionnés par les autorités de la ville de Rafah. Des responsables locaux rapportent que les militaires israéliens ont refusé au croissant rouge ainsi qu'à la municipalité et à l'UN d'approvisionner les civils des zones touchées et que leurs équipes ont été prises pour cible et ont essuyé des tirs de chars israéliens alors qu'elles essayaient de ravitailler les civils, mais personne n'a été blessé. L'armée israélienne est toujours à Hay Salaam, maintenant un contrôle strict de la zone. C'est maintenant le cinquième jour que les résidents endurent des restrictions sévères. Ils sont bloqués dans leurs maisons et ont besoin d'une aide d'urgence.

Les militaires israéliens ont dynamité une maison cette après midi dans Hay Salaam. Je me trouvais à approximativement 200 mètres quand j'ai entendu l'énorme explosion. Parfois, lorsque nous allions chez Abu Ahmed, nous avions l'habitude de suivre la route qui va jusqu'au cimetière et puis tourner à droite. La maison se trouvait sur cette route.

Aujourd'hui à Yibnah c'était encore plus effrayant. D'un tank, positionné près de la mosquée Towheed, les militaires israéliens ont ouvert le feu. Le journaliste local avec qui j'étais, et son équipe, ont couru dans une petite rue à l'intérieur du camp. Je n'ai pas pu courir aussi vite, car j'étais un peu plus loin, aussi j'ai dû me cacher derrière un monticule de sable jusqu'à ce qu'ils arrêtent de tirer. On pouvait entendre le sifflement des balles passant par dessus nos têtes. Je suis très surpris que personne parmi les gens qui se trouvaient dans la rue n'ait été blessé à la tête; ils étaient environ 15 ou 20, certains se jetant par terre. Je n'ai seulement pu voir que le journaliste et son équipe courir. ils ont tirés au moins 5 rafales d'affilée puis ont cessé pendant quelques secondes pour reprendre en tirant de nouveau 3 à 5 rafales, et tout cela tiré à moins de 2 mètres de hauteur du sol. C'était des balles de M16, tirées d'un tank par un soldat.