Gaza - 22 octobre 2003

Les conséquences.

Par Mohammed Q.

L'armée a disséminé des tracts dans les rues, indiquant que l'opération à moitié menée, était toujours en cours. Les tracts détaillaient les nombre "d'heures de travail " prévu pour l'opération. Un calcul rapide a montré que seule la moitié des heures prévues avait été effectuée.... Ceci , en fait, à plus à voir avec un plan de construction d'une route pour les colons, le long de la frontière égyptienne, qu'une chasse aux tunnels.

Finalement, aux premières heures dimanche matin, l'armée israélienne s'est retirée d'Hay Salaam. Ils ont quitté Al Barazil aux environs de 11h ce même matin. Je suis allé là bas peu de temps après la fin de l'invasion, en même temps que plein d'autre personnes qui y sont allées pour voir ce qui s'y était passé. Pour moi, aux endroits ou il y avait le plus de destruction, tout me paraissait vraiment différent.

Certains des anciens ISMers qui connaissent cette zone n'ont pu reconnaître les chemins autour de la maison d'Abu Ahmed. Je connais quelques personnes qui ont vécu l'invasion. Un homme d'Al Barazil a ressenti beaucoup de détresse du fait d'y avoir été enfermé sans eau ni nourriture pendant des jours, effrayé, et se sentant abandonné de tous. Il était en colère contre le gouvernement israélien et les autorités.

Dans Al Barazil, l'armée a " bien fait son boulot". ils ont réussi à faire exploser plusieurs maisons et en démolir partiellement des douzaines d'autres. Ceci vient en plus des destructions massives des principales infrastructures de ces zones. A ce jour, dans Al Barazil, les employés de tous les services de la municipalité de Rafah sont toujours en train de réparer. Des chiffres du gouvernorat de Rafah montrent que dans Al Barazil, 6 maisons ont été complètement détruites, et 27 l'ont été partiellement. Le centre de maintenance informatique de Al Noor a été également complètement détruit, ainsi qu'une pépinière. Dans Hay Salaam, 7 maisons ont été complètement détruites, et 19 autres l'ont été partiellement. 18 oliveraies ont été complètement rasées.

J'ai parlé avec le propriétaire du centre informatique d'Al Noor. Il a dit : " j'ai perdu 5000 dollars , regardes ce qui est arrivé à ma boutique. Je n'arrive plus à croire que j'ai possédé ce centre. Pourquoi cela? C'est quoi la démocratie dont ils parlent, et ou sont les tunnels qui existeraient selon eux? "

J'ai également parlé à une femme et à sa famille, dont la maison a été utilisée par les tireurs d'élite des forces d'occupation israéliennes. Sa maison est proche de la frontière. Elle appartient à l'oncle du petit garçon, Ali, qui a été tué au moment ou Rachel arrivait à Rafah et dont elle parlait dans un de ses emails. Ali habitait à côté. Elle a dit : " nous étions assis dans la maison, et brusquement nous avons entendu des tirs d'armes lourdes dehors. Nous avons vite compris que le quartier était en train d'être envahi.

En quelques minutes, un bulldozer des Forces d'Occupation israéliennes a tapé dans le mur du jardin et écrasé le portail principal de la maison. Puis environ 12 soldats bien équipés ont conduit un raid dans la maison, commençant à détruire les meubles. Ils ont fait des trous dans les murs de la maison, et les ont utilisés comme positions pour poster des tireurs d'élite. 20 personnes habitent dans cette maison.

Ils nous ont emprisonnés dans une pièce pendant 3 jours, sans nourriture. Nous avons vu les soldats qui mangeaient parfois, et leur avons demandé de donner de la nourriture aux enfants qui pleuraient. Mais ils n'ont pas arrêté de nous crier en pleine figure, nous ordonnant d'arrêter. Nous avons survécu grâce à l'eau que nous avons bu, mais sans nourriture".

Elle n'arrêtait pas de brandir un écrin rouge, disant que les soldats avaient pris tout ce qu'elle possédait. Elle était en colère parce qu'ils avaient volé ses bijoux. Elle avait l'habitude de conserver son or dans un placard, et après que les soldats eurent quitté la maison, elle est allée vérifier et n'a rien trouvé si ce n'est cet écrin rouge.

Hier, le soulagement que j'ai éprouvé en allant visiter la famille d'Abu Ahmed dans Hay Salaam fut revigorant. La famille était revenu dans sa maison. Et leur maison tenait toujours debout. Quand l'armée est entrée dans Hay Salaam, ils ont été obligés de s'enfuir chez des voisins , piégés jusqu'à ce que l'armée partent. Mais ils étaient OK. Des amis inquiets ont appelé de différents pays pour voir si le grand-père qu'ils ont adopté allait bien. Abu Ahmed avait toujours ce regard pétillant alors qu'il me cueillait des figues fraîches d'un arbre de sa cour.

L'armée a disséminé des tracts dans les rues, indiquant que l'opération à moitié menée, était toujours en cours. Les tracts détaillaient les nombre "d'heures de travail " prévu pour l'opération. Un calcul rapide a montré que seul la moitié des heures prévues avaient été effectuées.

J'ai entendu quelque chose de très intéressant hier. Un journaliste m'a dit que selon une source officielle, un plan avait été révélé, montrant en fait que l'opération militaire visait surtout l'élargissement de la zone tampon prés de la frontière, ce qu'ont très certainement compris les habitants du coin. Ceci , en fait, a plus à voir avec un plan de construction d'une route pour les colons le long de la frontière égyptienne, qu'une chasse aux tunnels.

L'idée, c'est la création d'une nouvelle route pour les colons, pour connecter les colonies de Gush Katif dans la bande de Gaza, entre elles. Apparemment, les colons ne sont pas satisfaits par l'utilisation de la passerelle située à Abu Holi. Sharon ne veut pas non plus que le futur Etat palestinien ait des frontières internationales.

Suivant ce plan, il y aura une route militaire derrière le mur existant, mais la route des colons sera construite avant celle ci. Pour cela, les Forces d'Occupation Israélienne vont détruire encore plus de maisons et construire un autre mur. On ne sait pas encore quand les Israéliens veulent démarrer la construction de la route. Cependant, on affirme que les Forces d'Occupation Israélienne ont à peine commencer leur programme de démolition de maisons dans Rafah.

On s'inquiète de la possibilité que plusieurs milliers de maisons palestiniennes soient rasées. La zone tampon sera agrandie, et encore plus de murs, de barbelés, et de miradors seront également construits. Pour construire un seul mur, les Forces d'Occupation Israélienne sont en train de détruire des centaines de maisons à Rafah - plus de 1000 maisons depuis que la construction à commencer l'année dernière.

Imaginez s'il y aussi une route, et qu'il faut un autre mur pour la protéger, et ainsi de suite.
Quel aspect prendra cette destruction ?