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Naplouse - 18 février 2004
Par Mika
L’ International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.
Nous avions à peine atteint le sommet que quatre colons garés dans une voiture près du village des Samaritains ont commencé à exprimer leur mécontentement de voir notre joie. Peut-être ne voulaient-ils pas partager la neige avec nous, ou comme l’a dit mon ami Thaer : "Peut-être pensent-ils que nous avons l'intention de les tuer avec nos boules de neige."
De toute façon, ils ont salué notre présence par des tirs de leur M16. Alors que la cinquantaine de garçons sautaient/ tombaient/se heurtaient/glissaient en bas de la pente, les tirs ont continué, les balles atterrissant dans les tas de neige à proximité.
Samedi dernier, c’était le jour de la St Valentin. Les boutiques de Naplouse s’étaient approvisionnées de cœurs et de tasses qui disaient « Je t’aime » que les adolescents, garçons et filles, ont acheté ou ils ont acheté des cartes de la St Valentin pour leurs amoureux. La commercialisation de l'amour et du romanesque existe ici tout comme au Royaume-Uni ou aux USA, bien qu'elle soit nettement plus subversive dans les milieux conservateurs du camp de Balata.
Le jour de la St Valentin a également apporté une tempête de neige et de verglas qui a fermé les boutiques tôt dans l'après-midi. Dimanche matin, les collines étaient blanches de neige et la ville était recouverte d’une mince couche de blanc. Pluvieux, le camp de Balata n'en a pas eu, sauf quelques petits amas sur les voitures blanches.
Pourtant les garçons et les filles du camp n'allaient pas être privés de s’amuser, aussi ils sont montés jusqu'à la banlieue d'Odachieh et sur les flancs de la colline au-dessus. Alors qu'ils montaient dans la neige, ils se sont dirigés vers le château de Salahdin, une ancienne ruine au sommet du Mt At-tur. Ici la neige atteignait presque leurs tailles, et leur permettait de glisser jusqu’en bas de la colline en riant.
Le Mt At-tur est l'emplacement de l'un des deux seuls villages des Samaritains restant, qui ont de bonnes relations avec les Palestiniens de Naplouse. Pourtant le désavantage de la montagne est que c'est également l'endroit d'une base militaire et de Baracha, une colonie extrémiste.
En grimpant péniblement sur les quatre côtés de la colline enneigée, les garçons demandaient à ceux qui étaient au-dessus : 'Fi jesh?' (y a il des soldats?).
Pourtant la base militaire est demeurée silencieuse pendant que nous passions à portée de vue. Peut-être que les soldats étaient occupés, ou moins probablement, ils avaient peut-être décidé qu'aujourd'hui les garçons de Balata étaient autorisés à apprécier la neige.
Notre enthousiame fut de courte durée. Nous avions à peine atteint le sommet que quatre colons garés dans une voiture près du village des Samaritains ont commencé à exprimer leur mécontentement de voir notre joie. Peut-être ne voulaient-ils pas partager la neige avec nous, ou comme l’a dit mon ami Thaer : "Peut-être pensent-ils que nous avons l'intention de les tuer avec nos boules de neige."
De toute façon, ils ont salué notre présence par des tirs de leur M16. Alors que la cinquantaine de garçons sautaient/ tombaient/se heurtaient/glissaient en bas de la pente, les tirs ont continué, les balles atterrissant dans les tas de neige à proximité.
Personne n'a été blessé, indépendamment des contusions et des éraflures dues à la descente rapide. Et nous aurions vraiment dû savoir que de toute façon : "la neige est pour les colons".
A part cela, Naplouse a été relativement 'calme' ces deux dernières semaines :
• L’étouffement dû aux points de contrôle fermés est 'normal ',
• le bourdonnement quotidien des avions F16 israéliens vont de soi et
• les visites noctures des jeeps sont à peine publiables, bien qu'elles demeurent aussi terrifiantes que jamais.
Depuis début janvier, il y a eu une augmentation des tirs d’armes automatiques provenant de la base israélienne du Mt At-Tur. Toutes les 2 ou 3 nuits, ils retentissent à travers la ville.
Il n'y a aucune cible, les soldats semblent avoir simplement décidé que leurs armes ont besoin de plus d'utilisation.
Tôt cette semaine, un groupe d’hommes, habillés de vêtements palestiniens et des accents étranges ont descendu la rue principale du camp de Balata en pleine journée. Rien de très surprenant à cela, jusqu'à ce qu'ils aient trouvé leur cible. Ils lui ont tiré dans chaque jambe à plusieurs reprises avant de le mettre dans une voiture et le frapper à la base militaire de Huwwarra.
L’autre nuit, des jeeps israéliennes sont arrivées près de la maison où nous dormions dans la vieille ville, et ont tiré sur les réverbères. C'est une pratique habituelle.
C’est la 4ème ou 5ème fois que cela se produit ces derniers mois.
Les bruits sont facilement reconnaissables : 2 à 4 tirs bien espacés. La porte de la jeep se ferme. Le véhicule avance de quelques mètres. La porte s’ouvre. 2 à 4 tirs bien espacés. Et cela continue ainsi.
A 2 h du matin, la même nuit, 9 ou 10 jeeps se sont garées à l’extérieur de la maison de mon ami, pour la énième fois en un mois. Ils recherchaient son frère de 16 ans, mais ni S ni son frère ne dormait là . Sa mère et sa plus jeune soeur étaient seules à la maison, et elles ont été forcées de sortir de leur maison à la pointe du fusil, les mains sur la tête.
Jusqu'Ã ce que tous les voisins sortent aussi de leurs maisons.
Tout le monde est resté dans la rue alors que les chiens et les soldats militaires erraient autour de la maison. A 5 h 30 les femmes et les enfants, frigorifiés, ont été autorisés à se recoucher.
Ce rituel s’effectue presque chaque nuit dans des maisons différentes.
En outre, la semaine dernière la ville entière de Naplouse a été secouée. Alors que j’étais dans un sous-sol dans la vieille ville, j'ai pensé que la maison allait s’effondrer sur nous, et qu'un F16 avait attaqué une maison voisine. Tout le monde a supposé que Naplouse était soumise à une attaque massive, que de nombreux tanks envahissaient la ville ou qu’un bombardement aérien commençait.
Le soulagement fut palpable lorsque nous avons réalisé que c'était un tremblement de terre (5,5 sur l'échelle de Richter).
J'ai quitté Naplouse hier. Pour éviter de passer par les principaux checkpoints en quittant la ville, je suis parti à pied vers le Nord-Est. Une promenade vivifiante sur un terrain dangereux et accidenté m'a emmené jusqu’à Asira Shamaliyya, d'où j'ai été emmené en voiture jusqu’à Sebastiya et au checkpoint de Shave Shomron à côté de la colonie du même nom. (nous avions calculé que ce point de contrôle serait moins problématique, car les soldats ne savaient pas que j'avais été à Naplouse).
J'ai passé près de quinze minutes à discuter avec les soldats. Pourtant une longue ligne des camions et d’autobus palestiniens continuaient d’attendre pour partir dans la direction opposée. Les autobus étaient remplis d'étudiants rentrant à la maison juste avant un long week-end.
En dépit d’avoir déjà été contrôlé en quittant Naplouse au checkpoint de Beit Iba, et de se diriger dans la direction opposée des villes israéliennes soi-disant menacées par ces étudiants dangereux, chaque autobus était vidé.
Les soldats criaient sur les jeunes hommes et les femmes, ont fait sortir ceux qu’ils avaient décidé mériter un « interrogatoire supplémentaire » et dont ils prétendaient vérifier leurs identités, jusqu'à ce qu'ils n'aient vraiment plus d’excuse idiote pour les laisser partir.
Oui, on peut s’arranger d’une heure de retard. Mais pas de l’humiliation et de l’oppression répétées.
Mais naturellement, la neige est pour les colons, les files d'attente pour les Palestiniens.
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