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Naplouse -

Récents articles et reportages sur Naplouse

Par

L’ International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.

Le racisme devient patent quand des experts défendent la dernière invasion israélienne de Naplouse, avec les assassinats qui l'accompagnent, les punitions collectives, l'humiliation et l'emprisonnement de 180 000 personnes, comme nécessaires à la sécurité ou dommages collatéraux inévitables.

Gideon Levy a signé, il y a peu, deux articles importants dans Ha'aretz sur la violence israélienne lors de la récente invasion de Naplouse officiellement baptisée "Eaux Tranquilles".

Le cœur saigne au récit de l'histoire déchirante de Mohammed Araj, un enfant de cinq ans touché en plein cœur à la porte de sa maison du camp de Balata, mi-décembre.

Les récits de souffrances personnelles sont importants, mais ne se comparent pas forcément au tout militaire israélien.


Le dernier article de Levy, "Only the knafeh" est très mesuré mais rend-il compte de l'impact collectif du siège et des agressions régulières ?

"A une heure de voiture de Tel Aviv, une grande ville palestinienne se meurt et un autre objectif de l'occupation se réalise. Ce ne sont pas seulement d'anciennes maisons qui ont été écrasées et dévastées, mais aussi un nombre important d'habitants, dont beaucoup sont innocents, qui ont été tués; c’est toute la société qui vacille et sera bientôt anéantie.

Un destin identique a frappé Jénine, Qalqilyah, Tul Karm et Bethleem mais à Naplouse l'impact de l'agonie est encore plus violent parce qu’il s’agit d’une ville importante en tant que capitale régionale et en raison de sa beauté.

Un nuage de poussière et de sable enveloppe la cité ce qui donne l'impression d'une zone de combat pendant un cessez-le-feu. : les routes sont détruites, les poteaux électriques et les cabines téléphoniques sont brisés, les bâtiments du gouvernement ne sont réduits quà des décombres.

Mais la véritable blessure est plus profonde que la destruction physique : le tissu économique, culturel et social est en train de se désintégrer de même qu’une génération qui n'a connu que le vide de la vie et le désespoir. Plus qu'ailleurs dans les territoires, l'état d'anarchie est ici palpable. ............"



l'UN-OHCA (Office of Coordination of Humanitarian Affaires – Bureau de coordination des affaires humanitaires) a aussi publié un rapport il y a peu sur l'impact humanitaire de l'intrusion dans Naplouse au nouvel an, se focalisant en particulier sur le siège intensif de Qarioun Area .

C'est intéressant pour comprendre la destruction spécifique de cette région et les restrictions que l'armée israélienne à imposées aux plus élémentaires besoins de déplacement.
Mais en s’attachant aux dommages, qui résultent des "tensions de la rue à Naplouse entre l'IDF et la population locale", plutôt qu’aux "fusillades de soldats bien formés aux ordres, protégés dans leurs véhicules blindés, tirant sur des civils sans arme" ce sont encore les mensonges du discours sur la sécurité qui justifient d'une certaine manière le meurtre et l'agression.

Voilà pourquoi je ne suis pas très à l'aise pour critiquer la conduire de l'armée israélienne à la seule lumière des lois internationales.

La loi internationale a été élaborée par et pour des Etats forts mais c’est une arme inefficace, qui fait diversion, quand on l'utilise contre eux. L'utiliser finit par valider l'état de violence/terrorisme en général, même si on condamne des cas particuliers. Donc je ne suis pas d'accord avec tout, et certains de mes jugements concernant la loi internationale se retrouvent dans cet article du MERIP : "Le trou noir de Guantanamo : la Loi de la Guerre et l'Exception Souveraine".

Envoyés par Mika le 27 janvier 04


L'invasion, le meurtre de ceux qu'on aime et l'indifférence du monde conduit au suicide
Dimanche 24 janvier

L'invasion israélienne et le siège de Naplouse se sont terminés il y a maintenant deux semaines (mercredi 7 janvier) avec le retour, la nuit, des engins qui tirent depuis les montagnes, les mini incursions de jour et les poussées meurtrières des jeeps et des chars à l'occasion.

Quand les familles ont voulu revenir à leur quotidien, les signes de l'invasion étaient partout. : de nouvelles affiches de shaheed (martyrs) placardées sur les murs, des chaussées nouvellement pavées, maintenant défoncées par des tanks et une atmosphère de peur et de méfiance, les soldats pouvant revenir n'importe quand.

Bien qu’elles aient commencé par envahir le Camp de Balata puis Naplouse, imposé à 180 000 personnes le couvre feu et aient mis à sac des centaines de maisons, les forces israéliennes n'ont réussi à attraper aucun des hommes qu'ils prétendaient rechercher.

Cette invasion concurrençant le terrible tremblement de terre iranien, les accidents d'avions, les discours de Sharon et les vacances de Noël, la couverture des médias a été minime dans la presse israélienne, internationale, arabe et même palestinienne, augmentant l'impression à Naplouse d'être abandonnée du monde.

En même temps le nombre de meurtres s’est monté à dix neuf, après qu'un môme ait été abattu en rentrant chez lui après avoir été atteint par des morceaux de fer, et après un raid sur une maison d'AlQassa à Rafidia.

Quand l'armée israélienne a commencé à se retirer de la ville le mardi 6 janvier, un collaborateur palestinien a dit qu'Ibrahim Atari, militant des brigades Al-Aqsa, s'y abritait. Après que sa famille ait quitté la maison, Atari a voulu quitter le bâtiment pour se livrer. Plutôt que de l'arrêter; les soldats israéliens préférant apparemment sa mort, le criblaient de balles. .

Abdul Al-Qassa, le père de la maisonnée, a été traîné dehors. Les soldats lui hurlaient dessus, demandant de savoir qui était cet Atari maintenant mort, et pourquoi il se trouvait dans la maison d'Al-Qassa. Apparemment sa réponse "Je ne sais pas" n'était pas la bonne, car les soldats lui ont tiré dans la jambe, la poitrine et la bouche. Ils l'ont laissé, saignant à mort.

Le violent impact de l'invasion de Naplouse continue à tuer des gens même une fois que les soldats se retirent dans leurs observatoires des montagnes et aux "stop points" (points d’arrêt : arrêter est plus commun que contrôler).

Le dimanche d'après (le 11 janvier) Bilal Al-Masri, 19 ans, s'est fait sauter près de Qalqilya, probablement en allant dans une ville israélienne hors des territoires occupés. Ce n'est pas difficile de comprendre ce qui peut avoir poussé Bilal à cet acte.
Le dimanche précédent, son frère de 15 ans, Amjad avait été tué alors qu'il jetait des pierres.
Le même après-midi des soldats avaient tiré sur son cousin Mohammad (15 ans) sous ses yeux alors qu'ils transportaient Amjad à sa tombe.

De jeunes Palestiniens se motivent pour se faire sauter et il est courant que d'autres le fassent juste après avoir perdu des proches.


Hanadi Jaradat, une avocate de 29 ans originaires de Jénine, s'est fait sauter au restaurant Maxim de Haïfa, début d'octobre, tuant 21 personnes y compris quatre enfants.
Son jeune frère Fedi avait été exécuté devant elle par les forces spéciales israéliennes bien qu'elle ait essayé de le protéger.

Le 12 juin, trois jours avant le mariage de Fedi, sa famille était dans le jardin de la maison; Salah Jaradat, le cousin de Fadi, membre du Jihad islamique, est venu voir Ismath, sa femme enceinte, et leur petit garçon de deux ans qui vivaient avec la famille.

Les évènements qui ont eu lieu dans les quelques minutes suivantes ont été décrits par Hanadi dans une interview à Al-Arab Al-Yum publiée le jour suivant la mort de son frère :

"Nous étions assis ensemble; Tout était normal, naturel, Salah qui était recherché, n'avait pas vu sa femme et son fils depuis longtemps. L'armée le poursuivait pour les mêmes raisons que toujours : il était combattant, commandant du Bataillon de Jérusalem (du Djihad Islamique).

A sa recherche, ils (les soldats) étaient souvent entrés dans sa maison de Silath al-Haratiyah.

Il a commencé à jouer avec son fil, et à l'embrasser. Nous buvions du café. Puis nous avons vu une voiture blanche avec une plaque arabe arriver doucement et s'arrêter près de la maison. Nous pensions que c'était des amis de Fadi.

Soudain deux hommes se sont précipités sur Salah, j'ai vu Salah étendu sur le sol. Alors brusquement une autre voiture est arrivée avec des gens à l'intérieur qui se sont mis à tirer aussi.
"Nous étions tous couchés par terre; La femme de Salah s'est jetée sur son fils pour le protéger; Mon frère Fadi est tombé par terre et j'ai vu qu'il saignait.

Je lui ai attrapé la main et j'ai voulu le tirer ves le sofa pour le cacher derrière.

Je criais "Fadi ! Salah !
« J'ai entendu Fadi qui parlait difficilement et disait "Sauvez moi, sauvez moi".

Alors un soldat est venu et m'a agressée.
Il m'a jetée brutalement sur le sol, il a enlevé la main de Fadi de la mienne et m'a dit "Rentre dans la maison sinon je te tue"

Je leur ai crié : "Laissez-moi tranquille, je veux sauver mon frère. Il est blessé, il saigne ».

Fadi respirait encore. Salah ne bougeait plus. J'ai vu qu'il avait été atteint à la tête. Trois soldats parlaient couramment arabe.
L'un d'eux m'a demandé "Où est l'arme de Fadi ?" J'ai dit "Je ne sais pas. Il n'a même pas d'arme". Je voyais mon frère allongé là..

"Allah akbar aleikum, il va mourir" j'ai dit.

Ils m'ont plaquée par terre face contre sol et l’un d'eux a dit : "putain de toi, tu es une terroriste, nous allons te tuer avec eux".

Ils ont pointé leurs armes vers ma tête, et l'un d'eux a dit aux autres : "Tue-les (Salah et Fadi) et entasse-les l'un sur l'autre ".

Ces mots m'ont rendu folle, j'ai dit : "Vous êtes des terroristes, chiens, laissez-les tranquilles ». J'ai essayé de me mettre debout, mais ils m'ont frappée pour me faire encore tomber. Ils ont trainé Salah et Fadi sur quelques mètres et ont tiré une nouvelle fois sur eux. Ils les ont tués de sang froid."

Le but de l'opération était de liquider le combattant Salah et son cousin Fadi. Il auraient pu les arrêter puisqu'ils nous avaient surpris , qu'ils avaient encerclé la maison, et que personne n'avait pu s'échapper.
Pourquoi ont-ils tiré directement ?
Même après avoir atteint Fadi, ils auraient pu l'arrêter, mais ils ont continué à tirer pour être sûrs qu'il soit bien mort.
Quand nous avons emporté les corps, j'ai vu qu’il avait été touché sur tout le corps. Tout ça a achevé mon père. Ca l'a paralysé. Il s'apprêtait à marier son fils, et au lieu de ça, on lui annonce que Fadi est mort. C'est un choc dont il ne se remettra pas.

Je suis très triste. Depuis que j'ai vu couler le sang de mon frère, je me sens terriblement mal. Mais la libération de la Palestine est une cause bien plus importante et plus sérieuse que ma propre peine "


L'attaque suivante et la dernière à l'intérieur des frontières de 1948 a eu lieu le 27 décembre à Geha Junction, et a tué trois soldats et une jeune femme.

Le gouvernement juif israélien, l'armée, les journaux et la société ont fait le décompte " 81 jours de calme" et pendant ce temps les Palestiniens sont régulièrement victimes de meurtres, de blessures et de bouclages.

Shehad Hanani, ce jeune de 21 ans, originaire de Beit Furik, qui s'est fait sauter à Geha Juction au nom du groupe de gauche, le FPLP, avait perdu son frère aîné Fadi Hanani exécuté sur un toit de Naplouse dix jours plus tôt.

Le journaliste israélien décrit "le quasi chômage universel, la pauvreté, le siège interminable et les humiliations de la vie en prison" tels que les habitants de Beit Furik les connaissent et qui ont pu conduire Shehad à se tuer.

Cette attaque a, incidemment, fait une brèche dans la politique d'attaques suicides du PFLP à l'intérieur des seuls territoires occupés, bien qu’ils restent toujours sous le feu des soldats La précédente opération du PFLP et la seule à l'intérieur des frontières d'Israël de 1948 a été l'exécution de Ze'evi le Ministre du Tourisme d'Extrême-Droite, après l’assassinat du leader Abu Ali Mustaha par un (hélicoptère) Apache.


En dépit du suicide de Shehad qui a tué trois soldats et une jeune fille qui venait de Beit Furik (toute proche, mais coupée de Naplouse) et du FPLP, l'armée israélienne a cyniquement utilisé ça pour justifier l'étendue de son invasion sur la totalité de Naplouse où elle prétend rechercher des militants d'Al-Asqa.

Il est vital que la population se demande "pourquoi » des Palestiniens sont prêts à se faire sauter et que d’autres s’y préparent. Une fois qu'on en connaît le contexte, il n'est pas difficile de comprendre.
Il est risible de parler de Palestiniens enragés, vicieux et primitifs.

La "vengeance" est un motif qui entre parfaitement dans le système moral véhiculé par la majorité des films d’actions produits aux Etats-Unis.

La volée de condamnations qui a suivi le commentaire pertinent de la députée (anglaise) Lib. Dem, Jenny Tonge, disant que si elle était une Palestinienne vivant sous occupation elle "pourrait envisager de devenir" une kamikaze, fut exemplaire, étant donné l'absence de réelle liberté d'expression et le régime qui règne en Grande Bretagne et aux Etats-Unis.

Pourtant il est triste que des déclarations comme celle ci, qui sont vitales dans un débat honnête sur la situation, soient inacceptables politiquement et tombent sous le coup de la loi.

Le racisme devient patent quand des experts défendent la dernière invasion israélienne de Naplouse, avec les assassinats qui l'accompagnent, les punitions collectives, l'humiliation et l'emprisonnement de 180 000 personnes, comme nécessaires à la sécurité ou dommages collatéraux inévitables.


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