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Cisjordanie -

Le retour d'un héros - Thaer Halahleh, gréviste de la faim pendant 77 jours, de retour chez lui (vidéo)

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Le 5 juin 2012, le jour où les Palestiniens commémorent habituellement la Naksa (l'occupation israélienne de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza en juin 1967), le village de Kharaas, près d'Hébron, célébrait le retour de prison de son fils et frère Thaer Halahleh, qui a mené une grève historique de la faim de 77 jours.
La grève de Halahleh a commencé le 9 mars, avec son camarade co-détenu Bilal Thiab. Ils étaient incarcérés respectivement depuis 2 ans et 7 mois comme détenus administratifs, ce qui signifie sans qu'aucune accusation n'ait jamais été portée contre eux. Halahleh et Thiab étaient tous les deux en grève de la faim en solidarité avec Khader Adnan puis avec Hana Shalabi, et ils ont décidé d'entreprendre leur propre grève suite à l'oppression des services pénitentiaires israéliens (IPS).

Le retour d'un héros - Thaer Halahleh, gréviste de la faim pendant 77 jours, de retour chez lui (vidéo)

L'accord des prisonniers, signé par l'IPS et le Haut comité pour les prisonniers la veille du jour de la Nakba (le 15 mai) stipulait que les grévistes de la faim qui étaient entrés dans leur troisième mois sans nourriture, ainsi que les prisonniers emprisonnés dans le cadre de la détention administrative, seraient libérés à la fin de leur période de détention.

Les autorités israéliennes ont révélé que Halahleh serait libéré au checkpoint Beit Sira, mais sans donner aucune indication de l'heure. Des journalistes et des membres de la famille ont attendu de 10h du matin à 7h du soir au checkpoint, avant d'apprendre que Halahleh serait libéré au checkpoint Turkimia, près d'Hébron. En raison de l'afflux de médias, ce n'est que vers 22h que Halahleh a finalement réussi à rejoindre sa famille qui l'attendait avec impatience, en particulier son épouse Shireen et sa fille de 2 ans Lamar.

Le lendemain matin, Halahleh a été emmené à l'hôpital 'Ali d'Hébron pour un examen médical. La nuit précédente, on lui avait coupé les cheveux et rafraichi la barbe et un drapeau palestinien a été accroché derrière son lit d'hôpital. Allongé sur un lit médicalisé, les signes de sa grève de la faim visibles dans ses vêtements trop grands et son visage émacié, il a répondu aux nombreux appels téléphoniques d'amis, de connaissances, de journalistes et de membres de sa famille. Le poids d'Halahleh a chuté de 83 à 52 kilos.

Vivre sans nourriture

Après 30 jours de grève de la faim, Halahleh avait été transféré à l'hôpital de la prison Ramleh. Le traitement des services pénitentiaires israéliens n'a pas varié même après la fin de la grève de la faim et pendant les trois semaines restantes de sa détention passées à récupérer.

"Ils n'ont pas utiliser de force physique," dit Halahleh, "mais c'était surtout de la torture psychologique. Ils n'arrêtaient pas de me dire, ainsi qu'aux autres grévistes de la faim, que personne au monde ne se souciait de nous, que notre grève de la faim était un échec et que nous allions mourir oubliés et seuls."

Les dix premiers jours de sa grève de la faim et de celle de Bilal Thiab ont été très durs.

"Nos organismes réagissaient à la privation de nourriture... c'était douloureux, pour dire le moins," dit Halahleh. "Après 30 jours de grève, nous n'avions absolument plus aucun appétit pour la nourriture. L'eau fut ma camarade loyale," dit-il en souriant.

Photo

Sa lettre à sa fille, qu'il n'avait jamais vue puisqu'elle est née un mois après son arrestation en 2010, fut un message d'adieu poignant écrit au 75ème jour de sa grève de la faim, un miracle qu'il ait même eu la force de prendre un stylo et d'écrire de façon aussi éloquente.

"Bilal me dit toujours que mes mots et mon style sont si lucides... J'imaginais Lamar, dans sa robe blanche, virevoltant autour de mon lit d'hôpital en prison pendant que j'écrivais la lettre, et mes larmes n'arrêtaient pas de couler. Le Comité de la Croix-Rouge m'avait apporté des photos de Lamar mais l'IPS les a confisquées et ne m'a pas laissé les voir."

Les grévistes de la faim à l'hôpital de la prison Ramle n'avaient qu'un accès limité aux informations et n'avaient ni TV ni radio. Le peu d'informations qui leur parvenaient leur étaient apportées par les avocats pendant les visites. Quelquefois, les grévistes étaient tous dans la même pièce, mais au fur et à mesure que la grève progressait, ils ont été mis par deux dans des pièces différentes. La plupart du temps, Halahleh et Bilal Diab sont restés ensemble.

"Bilal est comme mon frère... nous nous encouragions chaque fois que notre moral baissait. En général, nous avions un très bon moral mais quelquefois, inévitablement, la triste réalité qui nous entourait nous rattrapait."

La grève de la faim comme projet de vie

Décider de se mettre en grève de la faim ne fut pas un choix facile. Halahleh a beaucoup réfléchi avant de se décider, pesant ce qu'il appelait "des projets de vie".

"Je devais prendre en considération ce qui me semblait être le plus important," dit-il. "Mon mariage et l'accomplissement de mon rôle d'époux et de père d'une fille que je ne connaissais pas, ou une grève de la faim qui pouvait se terminer par la mort. J'ai réalisé que ma grève de la faim, provoquée par le fait d'être soumis à une telle humiliation abjecte et à la tyrannie d'Israël, était essentielle pour mener une vie dont je puisse être fier."

Halahleh et Thiab ont commencé une autre grève de la faim deux jours avant la date prévue pour sa libération, au cas où les autorités israéliennes feraient l'erreur de trouver une excuse pour le maintenir plus longtemps en prison. Menotté et les pieds enchaînés, il n'a pas été transféré en ambulance mais emmené au checkpoint Turkimia dans un "bosta", un fourgon blindé avec des barres en métal comme sièges.

"Je ne leur fais aucune confiance," dit-il simplement. "Si je suis à nouveau arrêté, je me remettrai immédiatement en grève de la faim. Personne n'aime la prison ; c'est une tombe."


Source : Palestine Monitor

Traduction : MR pour ISM

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