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Israël - 8 août 2007
Par IRIN
Les habitants du village d'Ein Houd sont sans électricité depuis presque 60 ans, mais aujourd'hui, la maison de Muhammed Abu al-Haija a été connectée au réseau électrique d'Israël.
Muhammed Abu al-Haija se tient près du portrait de son grand-père (fondateur du village après la création de l'Etat d'Israël, qui est à l'origine de l'expulsion de plus de 750.000 palestiniens de leur terre) et près d'une photo de lui-même, enfant, avec son père (Shabtai Gold/IRIN).
"Jusqu'à présent, il n'y a que moi qui ai l'électricité", dit Al-Aija, qui, comme les 250 autres habitants, est citoyen israélien. "Mais j'espère que tout le village l'aura bientôt."
Al-Haija dit que les villageois ont fait campagne pour être connectés au réseau électrique depuis presque 30 ans.
Les villageois d'Ein Houd sont des gens déplacés en interne (internally displaced people – IDPs) depuis la guerre de 1948 et leurs descendants.
Pendant la guerre, les 900 villageois d'Ein Houd, près du port d'Haifa, ont fui et lorsque les hostilités se sont terminées, l'armée israélienne ne les a pas autorisés à rentrer chez eux. La plupart ont fini par se disperser à l'étranger.
Certains, toutefois, ont refusé de partir.
Le grand-père de Muhammed Abu al-Haija, avec 35 autres familles déplacées, a créé le village sur les collines, à deux kilomètres de l'ancien village qui a été occupé par les immigrants juifs et qui est devenu une colonie d'artistes.
Villages non reconnus
Le cas d'Ein Houd met en lumière la situation critique des villages non reconnus par l'Etat d'Israël, qui dit qu'ils n'étaient pas sur la carte.
Un officiel israélien a dit que la reconnaissance du village était "une question politique" qui avait pris du temps mais qui avait été résolue dans les années 1990.
Une fois reconnus, "cela a pris de nombreuses années pour que le plan d'ensemble soit approuvé, en particulier à cause des plaintes des habitants", a dit un porte-parole du Ministre israélien de l'Intérieur. Une fois que ceci a été réglé, a-t-elle ajouté, la compagnie électrique a pu commencer son travail, qui a abouti à la connexion de la première maison.
Les ONG arabes qui travaillent au nord d'Israël, dont l'"Association des 40", estime que plusieurs milliers d'arabes dans le nord d'Israël vivent toujours sans électricité et, dans quelques cas, sans eau courante. Dans le sud, des dizaines de milliers de Bédouins partagent le même sort.
L'Association des 40 est une ONG qui travaille pour la reconnaissance des villages arabes en Israël ; elle a été créée en 1988 à Ein Houd.
"Résultat de ce défaut de reconnaissance, les villages manquent toujours d'infrastructures de base. Aujourd'hui, il y a environ 100.000 personnes qui n'ont pas accès aux services de base comme l'eau courante, l'électricité, l'éducation, les services de santé et des routes d'accès", indique le website de l'ONG.
"L'Etat n'a reconnu le village qu'en 1992 – et seulement sur le papier. Ce n'est qu'en 2005 que nous avons reçu une reconnaissance totale", dit Muhammed, qui ajoute que les autorités ont essayé de les chasser de leurs maisons et leur ont envoyé des ordres de démolition.
Le porte-parole d'une compagnie électrique israélienne a dit qu'elle relierait d'autres habitants d'Ein Houd dès que les documents et inspections adéquats seraient terminés.
Sources d'énergie alternatives
Dans les années 1980, les villageois ont cherché des sources d'énergie alternatives par panneaux solaires et générateurs à pétrole. Mais les panneaux solaires étaient très chers et avaient tendance à se briser facilement, disent-ils.
"Il faut un grand nombre de panneaux très chers pour faire fonctionner les appareils d'une maison comme les machines à laver le linge et les réfrigérateurs", ont-ils dit à IRIN. (1)
Jaber Abu al-Haija ressent de façon aigue la contrainte économique ; il ne peut pas se permettre l'achat d'un générateur. Sa fille aînée, Tasnim, 12 ans, a des fièvres chroniques et des troubles respiratoires.
"Elle a besoin de médicaments qui doivent être réfrigérés. Nous les laissons dans les maisons des voisins", dit Jaber. Mais le problème principal est celui du trouble respiratoire.
"Nous avons une machine pour l'aider à respirer, mais elle marche à l'électricité. Quand elle a une crise, nous courons chez les voisins qui branchent leurs générateurs pour nous", dit-il.
"Nous vivons comme il y a 100 ans", dit Jaber.
L'éducation aussi a été problématique à Ein Houd. Pendant de nombreuses années, les enfants ont dû faire plusieurs kilomètres pour se rendre au village le plus proche et être ensuite transporté jusqu'aux écoles d'Haifa.
"Lorsque nous avons été connectés, la première chose que nous avons faite, c'est mettre la lumière", dit Muhammed, qui se souvient comment ses aînés faisaient leurs devoirs en s'éclairant à la lampe à huile.
(1) Copyright © IRIN 2007
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Source : Electronic Intifada
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