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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Les Palestiniens reconstruisent avec de la glaise

Par

Jihad el-Shaar est satisfait de sa maison de brique en terre, dans le quartier Moraj de Gaza. Sa maison de 80 m² est de plain-pied, avec deux chambres, une petite cuisine, une salle de bains et une salle de séjour, faite principalement de terre et de paille.

Pas de greffon vidéo disponible...

« Ma femme, nos quatre filles et moi nous vivions chez des membres de notre famille, mais nous étions trop nombreux, c’était impossible. Nous savions que nous devions construire notre propre maison, » dit Shaar. « Nous avons attendu le ciment pendant deux ans mais à cause du siège, il n’y en a pas. Que devions-nous faire, attendre jusqu’à quand ? »

Alors il a décidé de le faire avec de la glaise.

La construction de structures en terre comme les fours à pain et de petits enclos pour les animaux est une technique que connaissent beaucoup de Palestiniens, mais utiliser cette méthode pour les maisons n’est pas une coutume habituelle à Gaza.

Jihad el-Shaar en a eu l’idée après des voyages en Asie et au Moyen-Orient. « J’ai voyagé au Bangladesh, en Inde, au Yémen, en Turquie… ils utilisent tous une technique similaire pour bâtir les maisons, à partir de la terre. Tout ce dont vous avez besoin, c’est d’argile, de sable et d’un peu de paille. » Il a tout mélangé à de l’eau, a versé le mélange dans des moules à brique qu’il a laissés au soleil, pour qu’ils sèchent, pendant trois jours. Parfaits pour la construction d’une jolie maison.

Alors que des Gazaouis ont honte que leur manière de vivre « ait reculé » depuis le siège – utiliser de l’huile de cuisine pour les voitures, du bois pour cuisiner, et des chevaux et des ânes pour le transport – Shaar est fier de sa maison d’argile.

« C’est chaud en hiver, et cet été, il y fera frais. Il n’y a pas de problème de fuite, et ce type de maison durera une vie, » dit-il. « Et elle ne m’a pas coûté cher. Une maison de cette dimension, en ciment, coûterait au moins 16.000 $ (12.000 €). Celle-ci, parce qu’elle est simple, et avec des matériaux locaux, a coûté à peine 3.000 $ (2.200 €). »

Avant le siège dévastateur d’Israël sur Gaza, un sac de ciment coûtait 20 shekels (environ 4 €). Aujourd’hui que le ciment fait partie des produits interdits, le ciment qui arrive par les tunnels depuis l’Egypte coûte dix fois plus.

Les 2.200 € que Shaar a dépensés consistaient essentiellement en support métallique, et pour la paille qu’il a mise dans les briques de glaise, pour les renforcer. Le prix des tiges de métal, jadis d’un peu plus de 1.000 NIS (180 €) la tonne, a quadruplé, ce qui contribue à rendre précieux un autre procédé de construction.

La paille abonde, mais à cause du siège, elle est plus souvent utilisée pour nourrir les animaux, la rendant plus précieuse et plus onéreuse. Restent à transporter sur le lieu de construction la glaise et le sable, qu’on trouve partout à Gaza.

Comparée à une maison en ciment, les maisons en terre que Shaar a dessinées et qu’il a appris à construire à d’autres Gazaouis sont néanmoins la solution la plus pratique et la plus immédiate.

Nidal Eid, 35 ans, a 7 enfants et il loue une maison dans la région de Rafah depuis que sa maison a été écrasée par les bulldozers de l’armée israélienne il y a 4 ans. Plus grande que celle de Shaar, il lui faut encore deux semaines pour la terminer, estime-t-il, et elle coûtera environ 4.000 $ (3.000€).

« Elle va être formidable, » dit Eid, ajoutant briques sur briques au mur d’un mètre de haut qu’il a déjà bâti. « Nous faisons environ 1.000 briques tous les 3 jours. »

Le travail, dit-il, a été partagé entre 6 personnes. « Je ne peux pas attendre la fin du siège. J’ai une famille et nous avons besoin d’une maison, alors je la construis. Tout est difficile à Gaza, mais nous devons trouver les moyens de nous débrouiller. »

Une visite de la maison de Jihad el-Shaar montre toutes sortes de touches créatives apportées à la structure simple. Des étagères insérées ont la taille adéquate pour y poser les lampes à gaz, les assiettes, les vases, les livres… un lit de briques évite d’avoir un châlit. Les murs, de 35cm d’épaisseur, maintiennent une fraîcheur étonnante, et les fenêtres en bois consolidées par des montants permettent à la brise de passer.

C’est une idée qui fait son chemin. Yousef Al-Mansi, Ministre des travaux publics et du logement, dit que le ministère construira une école, une mosquée et une clinique à partir des décombres recyclés des bâtiments bombardés.

La base de donnée sur les passages frontaliers de Gaza du Bureau pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) indique que seulement 2 camions transportant des matériaux de construction ont été autorisés à entrer à Gaza depuis le 19 janvier dernier. L’attaque israélienne contre Gaza s’est terminée le 18 janvier…

Alors que 4,5 milliards de dollars d’aide à la reconstruction ont été promis par les donateurs internationaux, à ce jour Israël n’a permis aucune entrée de matériaux à Gaza.

Pendant ses trois semaines d’attaques, Israël a détruit quelques 5.000 maisons et 20.000 bâtiments.

« Depuis que j’ai construit ma maison, je reçois beaucoup d’appels, en particulier de Rafah, de gens qui veulent reconstruire leurs maisons selon la même technique, » dit Shaar. « Des familles entières vivent sous des tentes. Pourquoi ne pas construire sa maison comme ça ? A cause du siège, nous trouvons d’autres manières de vivre. »

Ici les photos de la construction de la maison.


Source : In Gaza

Traduction : MR pour ISM

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