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Naplouse - 2 décembre 2004
Par John
Les territoires palestiniens sont-ils le seul endroit au monde déchiré par la guerre non couvert par les journalistes?
Comment peut-on avoir des reportages précis sur le conflit si les journalistes ne quittent jamais Jérusalem ou Ramallah - des villes qui sont généralement à l’abri du harcèlement et de la violence quotidienne dans les territoires palestiniens ?
Depuis que je suis arrivé il y a quelques semaines, j'ai rencontré seulement deux journalistes étrangers en Cisjordanie . L’un était un journaliste free-lance indépendant; l'autre, que j'ai rencontré seulement ce matin, est une Galloise âgée qui travaille avec la BBC.
Poursuivant leur passion pour la justice, ils sont venus seuls ici et sans équipe - et généralement sans appui institutionnel.
Ainsi à Naplouse, une ville de 300.000 personnes constamment sous le siège des incursions et de la violence militaire israélienne, le journaliste occasionnel ou le pacifiste international se distingue immédiatement.
La semaine dernière à Jenine, par exemple, cinq internationaux de l’ISM étaient les seuls étrangers dans la ville. Il n'y avait pas un journaliste seul étranger. Par rapport à l'Irak, la Cisjordanie est généralement un endroit sûr pour voyager et travailler.
Les Palestiniens sont extraordinairement généreux et hospitaliers. Tout comme d’autres qui ont passé quelque temps ici, je me sens plus en sécurité ici que dans de nombreuses villes américaines.
Est-ce que les journalistes absents sont trop paresseux, l’occupation dure telle depuis tellement longtemps que ce n'est plus attirant, ou ils sont intimidés par le gouvernement israélien ?
Israël se réserve le droit de censurer les images et les informations des journalistes étrangers, mais il y a bien des façons de ramener des histoires vraies si l’on veut faire un effort.
La journaliste de la BBC que j'ai rencontré à Naplouse ce matin est dans ce cas. Elle a changé son nom quatres fois en deux ans afin de pouvoir entrer dans le pays pour y travailler. Agir ainsi lui a permis d’effectuer des reportages fidèles et d’échapper à la censure et aux directives strictes de médias qu'Israël impose à ses journalistes.
Les deux journalistes que j'ai rencontrés sont uniques du fait qu’ils ont dû se donner beaucoup de peine rien que pour entrer dans Naplouse.
Au cours du mois dernier, la ville était fermée à tous les Étrangers. Cela aussi bien les activistes des droits de l'homme, tels que les volontaires de l’ISM, que Les journalistes.
Pour entrer dans la ville, on doit s’y glisser furtivement, ce qui exige que vous devez trouver quelqu'un pour vous montrer un chemin que les soldats israéliens ne connaissent pas.
Ces routes secrètes vous obligent à passer en voiture sur quelques routes très mauvaises, marcher, mais ce voyage peut être fait en quelques heures.
Cependant, la nécessité d'utiliser des routes secrètes pour entrer et sortir d'une ville dont le périmètre est contrôlé par des soldats israéliens criminalise les gens qui doivent ou veulent entrer ou sortir sans censure ou sans harcèlement.
Il y a deux ans à Naplouse (quand la ville était officiellement "ouverte" aux Étrangers et aux d'autres), je me tenais un jour à côté d'un photographe de la BBC qui effectuait un reportage sur une invasion israélienne en cours ce jour-là.
Alors qu’ils essayaient d’aller à l'école, des enfants ont été aspergés de gaz lacrymogène, arrêtés et frappés par des soldats Israëliens.
Nous étions tous deux en train de documenter les événements quand un soldat s’est approché de nous et a demandé notre film.
Nous avons tous les deux refusé mais par la suite le journaliste de la BBC a renoncé au film pour le donner au soldat. Je lui ai demandé pourquoi il l’avait donné.
Il a répondu : "Si je ne leur donnais pas le film, je ne pourrai plus travailler ici et ce serait mauvais pour ma carrière".
Étant le seul journaliste étranger dans la ville à ce moment-là - dont le film a plus tard été confisqué - le monde ne pourra jamais être témoin de la violence incroyable des soldats israéliens envers ces écoliers.
Israël croit que sa guerre avec les Palestiniens est, au moins en partie, une guerre de relations publiques.
Les membres du gouvernement parlent ouvertement de leur besoin de contrôler la façon dont le conflit est expliqué aux Etats-Unis et en Europe.
Les gens qui s’informent sur le conflit par les médias traditionnels Euro-Américains ne pourront jamais comprendre ce conflit.
Sans rechercher les nombreux sites d’informations alternatifs et indépendants qui couvrent le conflit ici, la plupart des personnes en "Occident" comprennent mal le conflit : Ils pensent qu’il s’agit d’une "guerre entre deux peuples" de haine ethnique, primordiale, et religieuse ou, alors, comme la réponse israélienne à la violence palestinienne.
Ils ne comprennent pas le fait le plus élémentaire de la vie pour la population dans les territoires occupés, qui est : les Palestiniens vivent sous une occupation militaire dure et brutale d'une armée étrangère. L’occupation, qui est aujourd'hui la plus longue au monde, est rarement mentionnée.
Aussi longtemps que les journalistes ne sont pas disposés à prendre des risques, à informer sans tenir compte des intérêts israéliens ou à voyager dans les secteurs interdits par le gouvernement israélien, le monde n’aura jamais l'objectivité et la connaissance dont il a besoin afin de comprendre vraiment ce conflit et l'injustice sociale qu'il perpétue.
Source : www.palsolidarity.org
Traduction : MG pour ISM-France
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