Jénine - 4 novembre 2004

Ramadan karim

Par Dave

Ce soir, quelque part dans une prison militaire israélienne, Ali sera très certainement interrogé.
Il aura sans doute un sac dégueulasse, trempé dans de l'urine animale sur la tête.
Il sera sans doute attaché à une petite chaise dont les pieds avant sont plus courts que ceux arrière de sorte qu'il soit assis dans une position inconfortable pendant des heures sans fin.
Ses interrogateurs le frapperont sans doute.

Démonstration par Physicians for Human Rights de la torture infligée aux Palestiniens lors des interrogatoires


Ramadan karim est bienvenu en Palestine durant le mois saint. Cela signifie le "Ramadan généreux."

C’est rarement ainsi sous l’occupation.

Abu Ali is est vraiment un homme merveilleux.

Un jour, je suis resté assis avec lui dans sa boutique à Jénine pendant 3 heures et il m’a raconté histoires après histoires au sujet des familles de Jénine qu’il connaissait et que son père avait connu.

Il m'a parlé du jour où la voiture d'une famille juive est tombée en panne près de Jenine. Des gens l'ont remorqué jusqu’à son garage. La famille était nerveuse et les pièces indispensables à la réparation n'arriveraient pas avant le lendemain.

Abu Ali a emmené la famille dans sa maison du camp de Jénine, et ils ont partagé ensemble le dîner, chanté des chansons et les enfants ont joué. Il a toujours l'adresse de la famille au cas où il serait autorisé un jour à aller de nouveau à Haïfa, d'où il est et où cette famille vit maintenant.

Les deux filles d'Abu Ali sont retenues dans les prisons israéliennes en tant que prisonnières politiques.

Le jeune mari de sa fille la plus âgée a été impliqué dans certains groupes armés de la résistance et a été arrêté il y a plusieurs années. Les Israéliens sont venus pour son épouse un mois plus tard et pour sa plus jeune sœur, il y a presque sept mois.

Le juge du tribunal militaire a jugé que sa détention était illégale et a déclaré qu'elle devait être remise en liberté en raison du manque de preuves.

Les renseignements militaires l’ont déclarée comme « risque pour la sécurité », en tant que belle-soeur d'un homme en prison, et l'ont immédiatement mise en "détention administrative."

Abu Ali m'a indiqué qu'il s'est effondré devant le tribunal et ils ont dû le transporter à l’extérieur. Il a sur lui, quotidiennement, les 5000 shekels que le juge lui a demandé de payer pour sa libération.

La nuit dernière, juste avant que les militaires israéliens se retirentdu camp et qu’ils s’installent aux périphéries de la ville, ils sont venus pour son fils, Ali. J'ai parlé et ai plaisanté avec Ali de nombreuses fois.

Il travaille la nuit et les week-end dans le petit magasin que son père. Il aime les gateaux et les sandwichs aux fallafels. C’est un un gosse vraiment gentil, de 17 ou 18 ans.


Ce soir, je suis dans une autre ville et je doir encore bouger demain. Je vais aller dans d’autres réunions et je parlerai de comment je peux aider à soutenir la non-violence palestinienne.

Ce soir, quelque part dans une prison militaire israélienne, Ali sera très certainement interrogé.

Il aura sans doute un sac dégueulasse, trempé dans de l'urine animale sur la tête.

Il sera sans doute attaché à une petite chaise dont les pieds avant sont plus courts que ceux arrière de sorte qu'il soit assis dans une position inconfortable pendant des heures sans fin.

Ses interrogateurs le frapperont sans doute.

Ils menaceront sans doute la vie de sa soeur.

Ils la frapperont devant lui ou le frapperont devant elle.

Ce serait en effet un Ramadan généreux si Abu Ali et son épouse, Umm Ali, voyaient leurs enfants rentrer à la maison.

Inshallah.

Source : www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM-France