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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Si vous ne pouvez pas construire, faites de la pâtisserie : Les opérations humanitaires s’adaptent aux réalités du blocus de Gaza

Par

Daniela CavinI est le responsable régional de l'information de l'ECHO, l'Aide Humanitaire de la Commission Européenne

Vous devez faire preuve d'imagination de nos jours à Gaza. Gaza a appris cette leçon il y a bien longtemps, mais aujourd'hui les choses sont pires que jamais, et la créativité est nécessaire pour continuer.
Pas d’importations, pas d'exportations, pas d'emplois. Le moyen de transport le plus courant, ce sont les (maigres) ânes. Depuis que les frontières de la bande de Gaza ont été fermées, les gens n'ont pas été autorisés à se rendre en Egypte ou en Israël.

Si vous ne pouvez pas construire, faites de la pâtisserie : Les opérations humanitaires s’adaptent aux réalités du blocus de Gaza


Cette photo de Free Gaza montre bien toute la misère et la désolation que le blocus israélien a créées dans Gaza

Seuls les produits de base sont autorisés à entrer par les autorités israéliennes : la farine, le sucre, l’huile, les conserves de viande et des médicaments. C’est à peine suffisant. Tout le reste est soit interdit, soit d'un coût prohibitif.
Les produits de nettoyage sont presque impossibles à obtenir dans les épiceries qui manquent de tout.

En effet, le marché économique s’est effondré. Le secteur privé n’a plus de travail et les possibilités d'emploi pour les employés non qualifiés qui sont les plus vulnérables ont disparu. Les pauvres sont devenus encore plus pauvres et les familles n'ont plus de soutien de famille.

Les organisations internationales ont intensifié leurs efforts d’aide d’urgence, mais là aussi, le prix à payer dans une économie fermée - si «économie» est le mot juste - est lourd.

Prenons, par exemple, un projet de travail contre rémunération financé par le service d'aide humanitaire de la Commission Européenne et mis en œuvre par Mercy Corps.

Jusqu'à il y a quelques mois, les chômeurs pouvaient gagner un salaire modeste mais vital en faisant des petits travaux de remise en état des écoles, des parcs et des rues. Mais les murs ne peuvent pas être construits sans ciment - et à Gaza, il n’y a plus de ciment.

Alors, que faire? Avec un peu d’imagination, Mercy Corps s’est adapté en mettant en place de nouvelles solutions pour maintenir leur projet en cours. Si les gens ne peuvent pas construire, ils peuvent enseigner ou coudre ou faire de la pâtisserie.

Dans le nouveau programme de création d'emplois d'urgence, différentes catégories de Palestiniens, ayant tous à leur charge une grande famille dans le besoin, font des choses différentes.

Par exemple, 220 femmes ont été sélectionnées pour coudre des vêtements pour les enfants pauvres à Deir Al-Balah et à Khan Younis - bien que le manque de vêtements mette déjà cette nouvelle activité en danger.

Les capacités intellectuelles ne peuvent être supprimées aussi facilement. Environ 100 jeunes diplômés ont été engagés pour donner des cours supplémentaires d’Arabe, de mathématiques et d’anglais à 500 enfants ayant des difficultés dans leurs études.
La jeune génération est la plus touchée par la crise dans la bande de Gaza.
Le système éducatif est soumis à une pression considérable, avec des cours tournants dans 85% des écoles. Les enseignants signalent que de nombreux enfants ont développé un comportement agressif et que leur concentration et leur motivation ont sérieusement diminué.

La réalité de leur vie quotidienne est très stressante. Les enfants passent de moins en moins de temps à l'école, et de plus en plus dans les rues. Là, nombreux sont des témoins silencieux d’une violence imprévisible susceptible de nuire à leur vie à jamais. Ils voient leur père à la maison à ne rien faire. Et ils ont faim.

La nutrition est un troisième volet du projet de Mercy Corps, impliquant 4000 enfants dans 43 écoles. Chaque enfant reçoit chaque jour une pâtisserie enrichie aux vitamines et aux minéraux. Environ 80 femmes participent à la fabrication.

«Je n’aurai jamais pensé qu’un jour, je deviendrais soutien de famille, mais ici je sors les pâtisseries du four», explique Amal Al Masri, qui a sept enfants à nourrir. La famille est passée sous le seuil de subsistance.
En clair, ils essaient de survivre avec environ un euro par jour. Ils ont déjà vendu tout ce qu'ils pouvaient : la voiture, les meubles, le bracelet qui était un cadeau de mariage. Il ne reste plus rien à vendre, et même s'il restait quelque chose, il n’y a personne dans les environs qui a de l'argent à dépenser.

D'autres moyens d'adaptation ont été développés par une population désormais fortement tributaire de l'aide humanitaire extérieure.

Les enfants quittent prématurément l'école : les filles se marient et quittent le domicile familial, les garçons arpentent les rues à la recherche de tout ce qui pourrait rapporter de l’argent. Les repas de famille ont été réduits, passant de trois à deux et de deux à un.

"Cet été, mes enfants nous suppliaient de les emmener à la plage», déclare Amal. "Mon mari a dû refuser car il n'avait pas d'argent pour y aller, même à dos d'âne."

Amal n'est pas une réfugiée. Elle est née à Gaza et elle a toujours vécu là.
Lorsqu’il y avait du travail, nous dit-elle, la vie était difficile, mais pas insupportable. Les choses ont commencé s’aggraver nettement après la deuxième Intifada, lorsque les travailleurs palestiniens n’ont plus été autorisés à passer en Israël pour y travailler.
"C'est alors que mon mari a perdu son emploi. Après cela, ma famille et les voisins nous ont beaucoup aidés et nous nous sommes plus ou moins débrouillés. Mais aujourd'hui, les gens ne peuvent s'aider entre eux. Notre réseau de solidarité a disparu.
A Gaza, nous ne pouvons pas faire de commerce, cultiver, pêcher ou construire. Avec les coupures d’électricité, nous passons de longues heures dans l'obscurité. Il y a de l’eau pour le moment mais nous ne pouvons pas compter dessus. Que voulez-vous qu’on fasse? "


L'aide humanitaire permet de maintenir les gens en vie et de limiter les souffrances dans la mesure du possible jusqu'à ce que le problème politique soit résolu. Vu la désolation dans la bande de Gaza, une solution à long terme semble bien éloignée, mais même les injections sporadiques d’argent offrent un certain soulagement pour les familles qui luttent.

Amal sait ce qu'elle fera avec l'argent qu'elle gagne comme boulangère temporaire. «Je vais rembourser une partie de mes dettes à l'épicerie. Ensuite, je vais acheter des chaussures pour les enfants. Et enfin, je vais essayer d'obtenir des analgésiques pour le dos de mon mari."

Source : http://www.reliefweb.int/rw/

Traduction : MG pour ISM

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