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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Un regard en arrière sur Gaza

Par

Mme Jennifer Loewenstein a été un collaborateur attitré de The March media resources. Mme Loewenstein est reconnue comme un excellent reporter par les Médias nationaux et internationaux.

Le panneau à la sortie de Gaza dit réellement cela. Oui : "Bienvenue"
Ne faites pas attention aux fusils pointés sur votre tête. Suivez les flèches et obéissez aux signes. Levez les mains, laissez vos sacs derrière vous, marchez lentement, montrez-nous votre passeport, dites nous ce qu’est l’enfer de vivre dans ce tas d’ordures humain.
Non, on ne peut pas vous faire confiance, vous vivez à Gaza.

"Bienvenue au passage d’Erez"

Le panneau à la sortie de Gaza dit réellement cela. Oui :"Bienvenue"

Bienvenue dans un demi miles de barrières en béton et de barbelés.
Bienvenue dans les grillages électriques et les bunkers fortifiés des soldats.
Ne faites pas attention aux fusils pointés sur votre tête.
Suivez les flèches et obéissez aux signes.
Levez les mains, laissez vos sacs derrière vous, marchez lentement, montrez-nous votre passeport, dites nous ce qu’est l’enfer de vivre dans ce tas d’ordures humain.
Non, on ne peut pas vous faire confiance, vous vivez à Gaza.

Bienvenue au passage d’Eretz. Faites comme chez vous.

Un jeune soldat aux yeux bleus, les cheveux coupés en brosse et un fusil me regarde entrer dans le Bureau Pricnipal d’Eretz. Je dis un humble « Shalom » ; Je ne veux pas avoir de conversation. Mais il veut savoir d’où je viens et quel est mon nom. Ses yeux transpercent les miens et il sourit d’une façon antipathique. Il ressemble au stéréotype d’un soldat Nazi, pensais-je. Non. Je ne dois pas avoir ce type de pensée. Ce n’est pas permis.

A l’extérieur, une centaine de metres plus loin, se trouve le dernier poste de garde. Je le passe facilement, en remettant mon laisser-passer du barrage, et je me sens soulagé de voir que mon taxi m’attend. Mais entre moi et les derniers mètres de ce point de transit oublié de Dieu, il y a une famille de 4 personnes, la mère, le père et deux jeunes enfants – assis sur le trottoir en plein soleil, le soleil humide de Gaza – attendant que les maîtres en uniforme daignent les laisser retourner en prison. Depuis combien d’heures sont-ils là sous cette chaleur ?

Le soldat à la barrière crie au père d’avancer avec ce ton de voix utilisé envers les chiens désobéissants. Je me sentais malade. « Je suis désolée. Je sais que mon pays donne de l’argent pour ça. » Ce furent les seuls mots que j’ai pu trouver et leur dire dans un mauvais arabe. Le père me regarda avec surprise : « Ca ne fait rien. Ce n’est pas de votre faute. »

Des vies sans valeur peuvent rester assises pendant des heures aux portes d’un enfer. Personne ne le saura jamais.

Et l’homme qui attend à l’aéroport Ben Gourion pendant 10 heures pour avoir la permission de retourner dans son taudis de Gaza a enfin obtenu l’autorisation – sans sa femme et sa fille qui ont été menacées d’expulsion sans raison apparente. Vous n’avez jamais entendu parler ni de lui ni des centaines d’histoires similaires.

Ou de la femme assise à l’arrière d’un taxi avec son enfant un matin en juin dernier
:
Des soldats d’un avant-poste proche tirèrent des balles à travers les vitres de leur voiture et les tuèrent tous les deux. Ils n’ont pas de nom, pas de visages, pas d’intérêt.

Plus de 150 personnes ont été tuées par les Forces Israéliennes d’Occupation dans la Bande de Gaza depuis mi-mars. Les journaux aux Etats-Unis ont parlé de trois d’entre eux.

Le New-York Times les a classés comme « attaques suicides » pourtant ils n’avaient pas d’explosifs sur leurs corps. Il y a eu ces deux garcons de 14 et 15 ans qui ont trouvé la mort stupidement dans la colonie de Netzarim, située illégalement sur leur terre.

Ils ont été abattus par balles dans la tête et dans la poitrine tirées d’un véhicule blindé. Ils ont été éventrés et complètement défigurés puis laissés à la merci des chiens jusqu’au lendemain après-midi. Vous en rappelez-vous ?

Aussi, sommes-nous vraiment surpris qu’un chasseur F16 puisse lancer une bombe d’une tonne sur une maison à minuit tuant 15 personnes, 9 d’entre eux sont des enfants et 2 sont leurs mères ?

Où ont été les huées à ce jour au sujet d’un million d’êtres humains – traités comme des détritus, appelés « vermine », privés des Droits élémentaires de dignité – qui vivent dans un ghetto fortifié en dehors de l’humanité, encerclés et étranglés par une armée d’occupation qui les tuent à volonté et dans une complète impunité ?

Pourquoi 15 morts de plus intéresserait-il quand des centaines d’autres ne l’ont jamais fait ?

Parce que cette fois les tueurs ont été résolument peu judicieux.

Quand je suis montée dans mon taxi pour aller passer le week-end à Ramallah, mon chauffeur arabe israélien me salua d’abord de façon hésitante. Je le remerçiai d’être arrivé si vite à Erez ; pour que je n’aie pas à attendre dans cet endroit misérable. L’angoisse me remplit lorsque je me suis retournée pour regarder l’entrée de Gaza. Laissez moi oublier un moment.

"D’où venez-vous ?" demandai-je en arabe au chauffeur de taxi, en essayant de focaliser mes pensées ailleurs. "Je suis Palestinien" me répondit-il dans une voix d’un calme contenu.

Erez, il semble que votre accueil ait échoué.

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