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Palestine -

Ismail Haniyeh : "Négocier ne signifie pas capituler"

Par

Interview d’Ismail Haniyeh pour le journal italien L’Unità, réalisé par Umberto De Giovannangeli, le 4 juin 2010. Traduit de l’italien en anglais par Daniela Filippin pour Palestine Think Tank.

« Toutes les victimes de l’attaque israélienne doivent être considérées comme des martyrs de la cause palestinienne… Israël a perpétré son énième acte de terrorisme. De terrorisme d’Etat. Exactement comme le siège de Gaza. » Ainsi parle Ismail Haniyeh, Premier ministre affilié au Hamas. « Comment peut-on parler de négociations, même indirectes, » ajoute M. Haniyeh, dans cet entretien exclusif pour L’Unità, (1) « avec quelqu’un qui commet et revendique de tels actes criminels ? La réponse du peuple palestinien à cet acte de terrorisme d’Etat est une, forte et déterminée. C’est une détermination que le Président Abbas (Abu Mazen) doit lui aussi montrer : nous appelons une fois de plus l’OLP à cesser toutes négociations avec Israël, tant directes qu’indirectes. Cela ne sert à rien de continuer à négocier à la lumière d’un crime qui va bien au-delà de l'acceptable. »

Ismail Haniyeh : 'Négocier ne signifie pas capituler'


Israël affirme qu’il empêchera par tous les moyens la levée du siège de Gaza. Quelle est la réponse du Hamas ?

C’est la réponse de chaque Palestinien – nous n’avons pas l’intention de reculer devant ceux pour qui le terrorisme d’Etat est une politique. Ces quelques derniers jours, j’ai entendu les mots « vérité », « justice » de tous les côtés… Mais le mot « justice » n’a pas vraiment de sens lorsqu’il s’agit d’Israël. Des enquêtes internationales ont fait état des crimes commis par les forces armées israéliennes pendant la guerre provoquée à Gaza. Eh bien, personne n’a fini par être déclaré responsable de ces crimes. La vérité est qu’Israël continue de jouir d’une impunité internationale totale. Ce ne sont pas des paroles de condamnation qui l’arrêteront, ni des appels à la modération. Y compris des appels à une Palestine libre…

Le Président Mahmoud Abbas (Abu Mazen) a qualifié l’attaque de la Flottille de la Liberté comme un acte de terrorisme d’Etat...

Le Président Abbas ne peut pas fermer les yeux et les oreilles devant l’indignation d’un peuple tout entier. Mais le Président Abbas doit en tirer les conclusions, et passer à l’acte après ces paroles de condamnation…

D’après le Hamas, en quoi pourrait consister ce « passage à l’acte » ?

Interrompre toutes les négociations, qu’elles soient directes ou indirectes, avec Israël. Il est inutile de parler à quelqu’un qui ne connaît et ne pratique que le langage de la violence.

C’est un langage que le Hamas n’a jamais cessé lui-même d’utiliser…

Le droit à la résistance est reconnu, même par la Convention de Genève. Nous résistons contre une des armées les plus puissantes au monde. Les Etats-Unis et l’Europe font bien trop souvent semblant d’oublier que le blocus de Gaza a été imposé par Israël après que le Hamas ait remporté les premières élections libres organisées dans les Territoires. Notre gouvernement a été légitimé par le vote. Mais ça n’a compté pour rien pour les Israéliens. La population de Gaza devait être punie pour son choix. Ils le font en l’affamant, en transformant Gaza en prison à ciel ouvert. Nous continuons à combattre contre cette situation. Si le mot de “justice” avait toujours un sens, la communauté internationale imposerait la fin du siège à Israël. Mais ce n’est pas près d’arriver.

Le fait est que le Président Abbas a annoncé qu’en dépit de tout, les négociations indirectes continueront…

Si cela arrive, ce sera une situation très difficile, en particulier en ce moment. La résistance contre l’agression israélienne requiert de l’unité plutôt que des choix qui amènent la fragmentation.

Certains affirment que l’attaque contre des bateaux pacifistes fut un cadeau au Hamas.

Cette affirmation est scandaleuse, cynique et honteuse, et une insulte aux victimes de cet acte de piraterie israélienne. Seuls ceux qui ont oublié Gaza peuvent avoir été surpris par les actes des Israéliens. Leur arrogance est sans limites. Tout comme leur impunité. Toutes les victimes de l’attaque israélienne doivent être considérées comme des martyrs de la cause palestinienne. Et c’est en tant que tels que nous nous souviendrons d’elles. Toujours.

Vous avez parlé du « langage de la force ». Mais dans le « langage du Hamas », le mot négociation existe.

Bien sûr. Mais ce n’est pas le synonyme de capitulation.

Même ceux qui pensent qu’exclure le Hamas du processus de paix est une erreur attendent de vous un signe d’ouverture : reconnaître l’Etat d’Israël.

C’est comme si on demandait à une victime de reconnaître, et donc de légitimer son agresseur. Je veux être très clair sur ce point : aucune forme de reconnaissance ne peut aider, sauf à faire partie d’une négociation, pas une forme de conduite préjudiciable. Le Hamas est prêt à négocier une hudna (trêve) à long terme avec Israël. A condition que le siège de Gaza soit levé et que la colonisation des Territoires Occupés cesse immédiatement, dont celle d’Al-Quds (Jérusalem). C’est notre exigence. Comme vous voyez, elle est parfaitement dans la ligne des exigences de nombreux leaders mondiaux. Pourtant, tout un chacun a pu voir la réponse d’Israël.

Au sujet de la « Flottille de la Liberté », Israël a qualifié les organisateurs et les participants de « pro-Hamas ».

Pour la propagande israélienne, ça revient à les transformer en criminels. Pour nous, c’est un honneur. Mais là n’est pas la question. Les centaines de personnes qui ont défié le terrorisme d’Etat d’Israël étaient mues par un sentiment profond de justice et de solidarité envers un peuple opprimé, un peuple empêché de voyager, et poussé au bord de la famine. Ils ont défié l’armée israélienne. Cela en fait des héros.

Vous avez demandé à la communauté internationale de faire quelque chose pour lever le blocus de Gaza. Le Hamas accepterait-il une force internationale d’interposition stationnée à la frontière entre la Bande de Gaza et Israël ?

C’est une possibilité. Il faut en discuter, clarifier les conditions et les détails.

Le modèle de référence pourrait-il être l’UNIFIL au Liban Sud ?

Oui, ça pourrait l’être.


(Entretien réalisé avec la coopération d’Osama Hamdan)

(1) Ismail Hanyeh: «Via il blocco da Gaza»


Source : Gulagnik.wordpress

Traduction : MR pour ISM

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