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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Journée mondiale des réfugiés : la feuille de route palestinienne de l’espoir

Par

Le Dr. Salim Nazzal est un historien palestino-norvégien du Moyen-Orient, qui a écrit de nombreux ouvrages sur les questions sociales et politiques de la région.

Lorsque Yasser Arafat était dans le bateau qui quittait Beyrouth l’été 1982, un journaliste lui a demandé où il allait : “En Palestine,” a répondu Arafat en souriant. Le journaliste l’a regardé sans comprendre ; Arafat prononçait les mots d’espoir cultivés par les Palestiniens pendant leur histoire tragique. Il n’est pas allé en Palestine pendant l’été 1982, mais il a fini par y revenir.

Pas de greffon vidéo disponible...

Le penseur palestinien Edward Said a dit une fois qu’en dépit du long voyage des Palestiniens, il n’en avait jamais rencontré un seul qui ne soit optimiste sur l’avenir. Bien sûr l’espoir motive les Palestiniens à quitter l’endroit où ils se trouvent aujourd’hui, pour aller dans celui qu’ils désirent : de l’occupation à la libération, de la culture sioniste de la mort à la culture palestinienne de la vie. La stratégie de Mahmoud Darwish pour combattre l’horreur de l’occupation était la même : cultiver l’espoir. Ses poèmes sont des hymnes à la vie, à l’espoir et à l’optimisme : « Nous avons sur cette terre ce qui rend la vie digne d’être vécue, » dit un vers fameux.

La poésie de Darwish dessine la carte de l’espoir, la carte de la vie et la carte de la Palestine, qui est le début et la fin. « La Palestine se prépare pour l’aube, » écrivait Darwish dans l’un de ses poèmes. Il écrivait sur l’olivier immortel, le symbole de l’enracinement profond des Palestiniens dans leur terre. Peut-être est-ce là l’explication de la haine des colons d’extrême-droite envers les oliviers qu’ils essaient si souvent de déraciner ; ils leurs rappellent qu’ils sont des envahisseurs.

Ces images tracent les termes du conflit actuel ; la capacité affreuse des bulldozers à assassiner et à détruire, et les oliviers qui à travers l’histoire sont les témoins de la défaite des envahisseurs de la Palestine. Le même parallèle existe entre les villages palestiniens anciens et les colonies regroupées en bloc, construites sans organisation sur les collines et les montagnes, sans pensée pour la terre environnante.

Il y a dix ans, j’ai traduit un film documentaire réalisé par un groupe de solidarité norvégien, un film sur l’espoir d’une jeune femme et ses rêves de Palestine. A un moment du film, la femme fait une pause dans sa promenade à travers les collines de son village. « Ils sont en train de détruire tout le paysage vert que je regardais quand j’étais enfant, » dit-elle, puis, « ils tuent mes souvenirs d’enfance. » Mais, bien que la colonie la mette vraiment en colère et l’attriste, ses sentiments sont tournés vers l’espoir.

Comme Saint-Augustin, qui a dit que l’espoir avait deux enfants : la colère sur l’état des choses, et le courage d’agir sur lui, cette jeune femme était déterminée à modifier la situation. Elle a donc fait des études et travaille avec les jeunes de sa communauté pour que les symboles de l’occupation disparaissent de son paysage.

Pour la jeune génération née pendant l’occupation, ses symboles sont leur réalité, mais défier l’occupation et cultiver l’espoir est aussi leur réalité quotidienne. C’est la guerre entre le bulldozer monstrueux et le tendre olivier. Arafat appelait cette résistance la montagne qui reste inébranlable sous les vents violents.

Il y a quelques semaines, un groupe d’étudiants américains de l’Université de Washington a visité la Palestine pour apprendre à connaître quelques étudiants palestiniens. Après avoir passé une semaine à écouter les histoires des gens qu’ils avaient rencontrés, les étudiants ont commencé à se préoccuper du soutien de leur gouvernement à l’occupation qu’ils avaient observée ; une autre surprise fut de trouver les Palestiniens « un peuple brillant et amical », et une troisième notait que la plupart des gens qu’elle avait rencontrés parlaient de l’ avenir d’une « vie sans guerre ».

L’histoire d’il y a quelques semaines sur de jeunes Palestiniens qui ont secouru une femme colon et sa petite fille illustre les impressions ressenties par les étudiants. Comme ces jeunes gens, les universités de Palestine sont aujourd’hui pleines de milliers d’étudiants palestiniens aux sentiments et aux espoirs similaires. Ils ont et l’éducation, et la volonté d’être une nation libre.

Mon amie Sherri, écrivain palestino-américaine, aime comparer le sort de la Palestine au Phénix, l’oiseau mythique symbole de renaissance. Il renaît de ses cendres. Ceux qui tuent le phénix le voient renaître ; la résistance reprendra, et l’espoir suivra.

« Mais d’où les Palestiniens tirent-ils leur force et leur espoir pour résister à cette occupation cruelle ? » m’a demandé une fois un artiste français. Je n’ai pas trouvé de meilleurs arguments que les mots de Darwish pour répondre à cette question. « Nous avons sur cette terre ce qui rend la vie digne d’être vécue ». Pour cette raison, Palestine et espoir sont devenus des synonymes.

La Palestine est le début, la Palestine est la fin.

Cet article a été écrit le soir du 17 juin 2009, la veille du 79ème anniversaire de l’exécution de trois amoureux de la Palestine, à la suite de leur participation à la protestation de Buraq le 17 juin 1930, sous le mandat britannique. Leur crime fut de protester contre l’arrivée des sionistes sur la terre de Palestine. Leurs noms sont Muhammad Jamjoum, Foad Hijazi et Ata Al Zeer. Ils avaient tous une vingtaine d’années. Leurs dernières paroles furent pour dire qu’ils sacrifiaient leurs vies pour leur pays. Cet article est écrit en leur mémoire, et pour refléter leurs espérances.

[Leur histoire est racontée dans le très beau et très émouvant chant (vidéo ci-dessus) que tous les Palestiniens connaissent par cœur, « min sijjn akka » (‘dans la prison d’Acre’) (ndt)].



Source : Maan News

Traduction : MR pour ISM

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20 juin 2009