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Palestine -

La détention administrative, où comment Israël court-circuite le droit

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Nul doute que la grève de la faim historique menée par le prisonnier palestinien Khader Adnan, membre dirigeant du Jihad Islamique - qui a duré 66 jours - a jeté la lumière sur l'injustice de la loi de détention administrative de l'occupation. Aujourd'hui, une prisonnière, Hana Shalabi, fait de même. Elle est en grève de la faim illimitée depuis son arrestation, le 16 février, pour protester contre son arrestation, les méthodes d'interrogatoire et les fouilles à nu.

La détention administrative, où comment Israël court-circuite le droit

Des Palestiniens tiennent des photos de la prisonnière Hana Shalabi, lors d'une manifestation de soutien à l'extérieur de la prison d'Ofer, près de Ramallah le 15 Mars 2012. (Photo: Reuters-Mohamad Torokman)

Origines britanniques

La désastreuse Déclaration Balfour, qui a conduit à la Catastrophe palestinienne, n'a pas suffi aux Britanniques. Ils sont allés plus loin dans l'injustice en Palestine avec une série de lois iniques qui sont toujours en vigueur aujourd'hui. Les forces de l'occupation israélienne ont trouvé que ces mesures étaient parfaitement adaptées à leurs besoins et ils les ont donc immédiatement mises en œuvre.

L'une d'entre elles est "la détention administrative", qui autorise la détention de Palestiniens pour une durée allant jusqu'à 6 mois, sans inculpation. Pire encore, la période peut être renouvelée plusieurs fois, court-circuitant complètement la procédure régulière.

Selon le ministre palestinien des Affaires des prisonniers, le droit militaire israélien sanctionne expressément la détention administrative.

Initialement, la loi a été ratifiée parce que des ordonnances de détention administrative étaient prises dans le cadre des "lois d'exception" promulguées par le mandat britannique en 1945. Mais en 1979, Israël a voté une nouvelle loi adoptant les mêmes pouvoirs que la loi d'exception.

Un nombre record de détenus administratifs ont été détenus pendant la première Intifada. Entre 1987 et 1994, 20.000 ordres de détention administrative ont été délivrés. Pendant la deuxième Intifada (2000), les tribunaux militaires israéliens ont enregistré plus de 19.000 détentions administratives.

Selon Amnesty International, Khader Adnan est l'un des plus de 300 palestiniens actuellement en détention administrative, dont un homme détenu depuis plus de cinq ans et 24 membres du Conseil législatif palestinien.

La plus grande grève de la faim

Ces derniers jours, l'administration des prisons de Gilboa, Shatta et Megiddo a effectué des tests ADN sur des prisonniers, sous la menace. C'est une des raisons pour lesquelles les prisonniers palestiniens viennent de mettre "la touche finale à la plus grande grève de la faim illimitée menée dans les prisons israéliennes. Elle débutera en avril," selon Waed, qui travaille à la Société pour les Détenus et les Ex-Détenus.

Selon les prisonniers, la grève sera un tournant décisif et durera jusqu'à ce que leurs revendications soient satisfaites.

Photo
Le député Ahmed Al-Haj Ali, 75 ans, le plus âgé des détenus administratifs, en grève de la faim illimitée depuis le 14 mars 2012. Kidnappé à son domicile de Naplouse en juin 2011 par les forces de l'occupation à Naplouse, en détention administrative depuis. (1)


Une de leurs principales exigences est la fin de la politique d'isolement, en particulier pour ceux qui y ont été soumis pendant de longues périodes.

Ils ont d'autres plaintes cruciales comme la négligence médicale, la détention administrative et les droits de visite.

Les visiteurs, par exemple, doivent attendre pendant des mois pour obtenir l'accord des forces d'occupation. Leurs liens de parenté et des renseignements sur les personnalités des visiteurs sont passés au peigne fin.

Les choses ne s'arrêtent cependant pas avec l'autorisation israélienne. Les visiteurs doivent alors affronter le voyage ardu vers la prison, où les membres de la famille sont soumis à des fouilles humiliantes aux checkpoints israéliens.

Les prisons du sud, comme Ramon et Nafha, sont un véritable cauchemar pour les gens de Bethléem et Hébron. S'ils obtiennent un permis de visite, ils savent qu'ils doivent traverser les checkpoints de Zahiriyya et de al-Shamaa, au sud d'Hébron. Ces checkpoints sont devenus un point chaud entre les membres des familles et les soldats de l'occupation tant les proches des prisonniers y sont délibérément humiliés.

Selon des déclarations de témoins oculaires faites au ministère des Affaires des Prisonniers par des proches : "A ces checkpoints, les soldats font exprès de fouiller les familles. Ils obligent les hommes et les femmes à se déshabiller. Ceci engendre de nombreuses plaintes des familles."

Le récit se poursuit, notant que "un certain nombre de personnes refusent les fouilles... elles ne peuvent donc pas terminer leur voyage, parce que ces checkpoints sont les entrées aux prisons du sud, et les familles doivent les traverser."

Les familles des prisonniers dans les secteurs de Bethléem et d'Hébron ont annoncé qu'elles cesseraient d'aller voir leurs proches si ces traitements humiliants continuaient.

Bien que plusieurs réunions aient eu lieu avec la Croix-Rouge Internationale, un des organismes qui coordonnent les visites avec les Israéliens, rien n'a changé.

Jamal al-Rajjoub, représentant des prisonniers de Ramon et condamné à perpétuité, dit : "Notre dignité est plus importante que tout. Nous ne voulons pas de visites où nos femmes et nos sœurs sont humiliées."

Parmi les centaines de checkpoints militaires de Cisjordanie occupée, celui de Zahiriyya représente le sommet des sévices et de l'humiliation pour les familles des prisonniers. Les visites sont devenues un véritable châtiment pour les familles, et le voyage une épreuve amère.

En outre, un grand nombre de ces proches, qui passent de longues heures au checkpoint, dans le froid extrême ou la canicule, repartent chez eux parce qu'ils refusent d'endurer tant de souffrances interminables. Certains voient leurs permis déchirés sans raison par les soldats. De telles mesures font qu'il est impossible pour les malades et les vieux de rendre visite aux prisonniers.

Une des histoires les plus tristes est celle de la mère de Mounif Abu Atwan. Humiliée au checkpoint Zahiriyya, elle s'est évanouie d'épuisement. Elle est morte aussitôt après la visite à son fils.


(1) Le Centre Palestinien d'Information indique que le tribunal militaire israélien d'Ofer a prolongé lundi 19 la détention administrative de Ahmed Al-Haj Ali de 6 mois, bien qu'il soit en grève de la faim et que son état de santé empire.
Le tribunal a rejeté l'objection soumise par l'avocat de la défense et a maintenu sa sentence arbitraire. (ndlr)





Source : Al Akhbar

Traduction : MR pour ISM

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