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Egypte - 10 avril 2008
Par Al Akhbar
Extrait, traduit et largement inspiré de l’article du quotidien libanais Al-Akhbar du 10/04/08
Comment peut-on comprendre la neutralité et la non-implication des Frères Musulmans dans les récentes grèves ouvrières en Egypte ?
D’abord, et depuis leur création dans les années 1920, les Frères Musulmans n’ont jamais été intéressés par les questions dites « sociales » et se situent à droite en matière de politique économique.
Photo : Le père de l'une des victimes dans les manifestations du 6 avril dernier s'en prend aux Frères Musulmans
Pour eux, les ouvriers représentent plus une matière à propagande religieuse que des sujets sociopolitiques à part entière.
Ils ont, par exemple, approuve une loi récente sur les baux agricoles qui liquide la réforme agraire des années 1950 et permet aux propriétaires fonciers de récupérer leurs terres au détriment des paysans.
ils ne se sont jamais opposés aux politiques de privatisation du secteur public mis en œuvre par le gouvernement depuis plus de vingt ans, la seule réserve qu’ils avaient émise concernait la vente à des investisseurs étrangers…
Les Frères Musulmans se sont donc toujours positionnés en matière économique dans le camp de l’économie capitaliste radoucie par quelques interventions sociales des pouvoirs publics pour alléger les malheurs des pauvres.
L’origine sociale des Frères Musulmans peut fournir une explication : issus des classes moyennes, comme leur fondateur Hassan Banna, les Frères Musulmans recrutent traditionnellement et majoritairement des cadres moyens et des étudiants de l’enseignement supérieur.
Cependant, la société égyptienne a connu ces dernières années des transformations radicales qui ont mis en avant l’urgence de la question sociale. En effet, les politiques de privatisation, de restructuration et de transformation économiques ont profondément déstabilisé la société egyptienne : effondrement des classes moyennes, paupérisation des ouvriers et paysans, accroissement du chômage et disparition des petits métiers qui permettaient la survie d’une importante partie des classes populaires.
Plus récemment, une inflation record et la flambée des prix des produits alimentaires et des loyers ont déclenché des mouvements de protestation et de revendication qui ont rassemblé, au-delà des ouvriers et des artisans, de larges secteurs d’employés et de salariés (enseignants, médecins, journalistes, juges).
Les Frères Musulmans se sont trouvés impliqués dans un mouvement qui touchait désormais les classes moyennes.
C’est ainsi que leur groupe parlementaire a participé à des discussions concernant la politique sociale au sein de l’assemblée nationale pendant les années 2000-2005 et, plus récemment, à des débats houleux sur les privatisations du secteur public, les revendications sociales et salariales, la gestion des administrations locales, les comptes des organismes sociaux, la flambée des prix des matières de première nécessité.
Signalons en outre qu’en 2006, les Frères Musulmans ont présenté pour la première fois de leur histoire des candidats aux élections syndicales ouvrières.
Pourtant, lors de la grève des ouvriers du textile de Al Mahallah al Koubra du 6 avril, les Frères Musulmans n’ont ni appelé ni participé à la grève, ni dénoncé la féroce répression policière consécutive. (voir les photos)
Ils ont même choisi ce moment pour boycotter les élections municipales tandis que des centaines de leurs adhérents ont été (et sont toujours) détenus et, n’en doutons pas, torturés.
Alors, les Frères Musulmans, qui pourraient jouer un rôle dans l’organisation des mouvements de classe et de masse actuels, vont-ils réussir à tromper, ou à trahir, leur base sociale désormais embarquée dans le même naufrage avec les classes les plus déshéritées de la société égyptienne ?
Source : http://www.al-akhbar.com
Traduction : NA
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