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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Nos grands négociateurs palestiniens

Par

> amayreh@p-ol.com

Défendant la conférence grotesque d'Annapolis, le négociateur palestinien Sa’eb Ureikat s'est lancé dernièrement dans toute une série de déclarations théâtrales. Au cours de plusieurs entretiens avec les médias palestiniens incontestablement serviles, le "diable de Jéricho", comme l'appelait feu Yasser Arafat, a déclaré que les négociateurs palestiniens se livraient en fait à une véritable bataille avec Israël pour restaurer les droits palestiniens.

Nos grands négociateurs palestiniens


D'autres négociateurs palestiniens, pour la plupart des vétérans de l'ère Oslo à la mauvaise réputation, ont fait des déclarations similaires qui visent à duper les masses palestiniennes en accordant à l'ânerie d'Annapolis le bénéfice du doute.


Bon, si bataille il y a, il est très clair que les négociateurs palestiniens y vont presque sans aucune préparation, en dépit de l'existence d'un Département des Négociations (Negotiations Affairs Department - NAD), qui dépend de l'OLP, ainsi que d'une Unité de Soutien aux Négociations (Negotiations Support Unit - NSU) bien huilée, où règnent sans partage la corruption, le népotisme et le copinage.


La NSU est subventionnée et contrôlée par l'Institut Adam Smith (Adam Smith Institute - ASI), un groupe d'experts pro-israéliens de droite basé à Londres. L'ASI gère la NSU par l'intermédiaire d'un homme nommé Andrew Kuhn, qui a le titre officiel de "haut conseiller politique".

L'ASI se définit lui-même comme le principal innovateur des politiques de l'économie de marché. Depuis plus de 25 ans, il est le pionnier du mouvement mondial en faveur des marchés libres, de la réforme du secteur public et du libre échange.

L'Institut se centre principalement sur la réforme des gouvernements et des entreprises d'Etat, de manière à promouvoir le choix, la compétition, l'entreprise et l'usager. Il travaille au moyen de recherches, rapports, conférences, avis et débats dans les médias.

Qu'on puisse confier à cet institut la mission de formuler des recommandations sur la conduite, par les négociateurs palestiniens, des questions de statut final reste un mystère, du moins pour l'auteur de ces lignes.

Depuis 1999, la NSU a reçu 10 millions de dollars des donateurs européens, dont le Royaume Uni, qui paie la part de lion, la Norvège, les Pays-Bas et le Danemark.

Toutefois, il y a une zone d'ombre autour des activités de la NSU, et en particulier pour ce qui concerne sa transparence financière et ses connexions internationales non déclarées. Des sources internes ont laissé entendre que certains dirigeants de la NSU recevaient de gros salaires allant jusqu'à 15.000 $ par mois, en plus d'autres avantages non spécifiés.

Selon ces sources, la NSU, qui est étroitement contrôlé par l'ASI, reçoit comme instructions de n'avoir aucun contact avec les Palestiniens qui rejètent les Accords d'Oslo, ou qui sont affiliés à des organismes comme le Hamas. Les donateurs conseillent également à la NSU d'éviter les Palestiniens et autres qui "tiennent des positions maximalistes envers Israël et sur des questions centrales comme le droit au retour et Jérusalem".

La NSU a aussi reçu instruction de s'abstenir de donner un avis juridique au NAD et aux négociateurs palestiniens si cet avis est incompatible avec l'esprit et la lettre des Accords d'Oslo et des accords bilatéraux suivants entre Israël et l'Autorité Palestinienne.

Par exemple, la NSU a recommandé que la position d'ouverture des négociations adoptée par l'Autorité Palestinienne commence par la demande qu'Israël revienne aux frontières du 4 juin 1967, avec la possibilité d'un échange de terre n'excédant pas 5% de la surface totale de la Cisjordanie .

Je ne comprends vraiment pas pourquoi l'Autorité Palestinienne autorise un organisme aux fonds étrangers à avoir une influence sur une question aussi importante que les négociations avec Israël. N'y a-t-il pas d'experts palestiniens compétents pour faire le boulot ? Est-ce que l'Autorité Palestinienne ne peut pas avoir sa propre "unité de soutien aux négociations" ?

J'ai récemment discuté avec Ali Jerbawi, professeur en sciences politiques à l'Université de Birzeit et je lui ai demandé pourquoi les négociateurs palestiniens avaient décidé de faire remonter le retrait israélien aux frontières de 1967 et la résolution du calvaire continu des réfugiés à la résolution 194 des Nations Unies, le plafond maximum de leurs demandes ?

Jerbawi s'est mis à rire et m'a répondu : "Parce qu'ils sont stupides, parce qu'ils sont ignorants, parce qu'ils ne comprennent pas les bases des négociations. Même ma grand-mère a compris que pour acheter quelque chose à un prix correct, on commence par un prix le plus haut possible de manière à avoir finalement le prix qu'on veut."

"Ils auraient dû partir du plan de partition de 1947, pas des résolutions 242 et 338, leur position d'ouverture des négociations. Après tout, si les négociations doivent être conduites selon la loi internationale, les négociateurs devraient rappeler à Israël et au monde que les frontières de 1967 étaient en réalité, et ne sont toujours, que des lignes d'armistices militaires, pas des frontières de droit."

Jerbawi a parfaitement raison. Les Accords d'Armistice de 1949 ont autorisé Israël à prendre 77% de la terre totale de la Palestine mandataire. Ces accords ont donné à Israël le droit d'occuper 22% de Palestine de plus que la surface allouée à l'Etat juif par la Résolution de Partition n° 181 de 1947.

De plus, il était évident que les accords d'armistice étaient dictés exclusivement par des considérations militaires, pas politiques. Cela signifie qu'Israël n'avait aucun droit légal pour posséder les territoires occupés pendant les hostilités de 1948 au-delà des lignes spécifiées dans la Résolution de Partition.

En d'autres termes, les seules frontières de jure et légales qu'Israël a jamais eu sont celles qui ont été spécifiées par la Résolution de Partition, et les frontières pré-1967 d'Israël ne sont rien d'autres que des frontières de facto.

En conséquence, la ligne d'armistice de 1949 n'a en aucun cas créé de nouvelles frontières de jure, auxquelles on pourrait attribuer des prérogatives de souveraineté.

Il est intéressant de noter que cette vision a été stipulée sans ambiguïté dans l'Article II, paragraphe 2 de l'Accord d'Armistice, qui déclare : "Il est également reconnu qu'aucune provision de cet accord ne portera préjudice aux droits, demandes et positions des parties signataires."

De même, l'Article VI, paragraphe 9, établit : "Les lignes de démarcation d'armistice définies aux articles V et VI de cet agrément sont acceptées par les Parties sans préjudice aux futures installations territoriales ou lignes frontalières ou aux demandes des parties."

A la lumière de ce qui est mentionné ci-dessus, il ne serait pas inacceptable que les négociateurs palestiniens demandent, et même insistent, pour qu'Israël se retire aux lignes de partition de 1947. Bien sûr l'inverse est vrai, puisqu'une telle insistance, ou du moins comme position d'ouverture de négociation, est parfaitement compatible avec l'esprit et la lettre des résolutions de l'ONU.

Il ne fait pas de doutes que l'actuelle stratégie palestinienne de négociation est un désastre gigantesque à tous les niveaux.
La raison en est claire. L'Autorité Palestinienne, si elle continue dans la voie actuel, va finir par être soumise à d'intenses pressions pour la faire plier, pour qu'elle recule sur les positions de négociation de départ, c'est-à-dire accepter moins qu'un retrait total de Cisjordanie , de la Bande de Gaza et de Jérusalem Est.

En faisant ainsi, l'Autorité Palestinienne ne compromettrait pas seulement les constantes nationales palestiniennes qu'elle prétend, systématiquement mais mensongèrement soutenir, mais elle succomberait de fait à la vision israélienne que les territoires occupés en 1967 sont en réalité des territoires disputés, plus qu'occupés.

Ceci est un vrai désastre qui aurait dû être rectifié depuis longtemps. Cependant, à cause de l'occupation rampante passant à travers l'Autorité Palestinienne, les mêmes failles scandaleuses qui ont caractérisé le funeste processus d'Oslo sont restées inchangées et ont même été, dans certains cas, exacerbées.

Je sais que les chefs militaires ne doivent pas être révoqués au milieu de la "bataille". Cependant, dans le cas palestinien, il est absolument certain que confier des négociations stratégiques avec un Israël avide aux mêmes vieilles figures en faillite mènera à un désastre encore plus grand.

Les années Oslo stériles auraient dû nous enseigner de nombreuses leçons sur la façon de traiter avec les prévarications et les mensonges israéliens. Cependant, la lamentable performance des négociateurs de l'Autorité Palestinienne montre qu'ils n'ont rien appris du tout.

Source : http://www.maannews.net/

Traduction : MR pour ISM

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