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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Que pensent réellement les Palestiniens ?

Par

"Les sondages palestiniens montrent un soutien au gouvernement Fatah sur le Hamas."
Ce titre du International Herald Tribune, semblable à beaucoup d'autres la semaine dernière, a dû réchauffer les cœurs des partisans du "gouvernement" de Salam Fayyad, illégal, non élu et soutenu par les Israéliens.

Que pensent réellement les Palestiniens ?


Photo Omar Rashidi/POOL/MaanImages : Salam Fayyad, le tout nouvellement nommé Premier Ministre du "gouvernement d'urgence" signe un accord avec Condoleezza Rice accordant 80 milliards de dollars à l'Autorité Palestinienne lors de sa visite à Ramallah le 2 août 2007


En juin dernier, le Président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a démissionné le Premier Ministre Ismail Haniyeh, du Hamas, ainsi que le gouvernement d'unité nationale qu'il dirigeait, et a nommé Fayyad sans l'approbation légalement requise du Conseil Législatif Palestinien.

Ceci faisait suite à la mise en déroute, par le Hamas, des milices du seigneur de guerre du Fatah, Mohammed Dahlan, soutenues par les Etats-Unis et Israël, dans la Bande de Gaza.

Ce sondage justifie-t-il la stratégie US et israélienne de subventionner et d'armer les chefs collaborateurs palestiniens à Ramallah, et la stratégie d'Abbas d'embrasser Israël, en prenant des mesures énergiques contre la résistance, en participant à un siège cruel sur le peuple de Gaza, et en refusant tout dialogue avec le Hamas ?

Une lecture plus fine de son résultat, ainsi que le contexte, suggèrent le contraire.

L'éditeur du sondage, le "Jerusalem Media and Communications Centre" (JMCC), a claironné qu'une "majorité" de Palestiniens "disait que les résultats du gouvernement de Fayyad sont meilleurs" que ceux du gouvernement démocratiquement élu d'Haniyeh, qui est toujours, de facto, Premier Ministre, en dépit de l'ordre de démission d'Abbas.

En fait, les résultats donnent 46,5% de sondés qui préfèrent les résultats de Fayyad (une pluralité n'est pas une majorité) contre 24,4% qui préfèrent les résultats d'Haniyeh depuis les événements de juin (voir JMCC, sondage 62, août 2007).

Malgré tout, si cela est vrai, ce serait une réussite impressionnante pour Abbas et Fayyad. Le sondage indique également que si des nouvelles élections législatives avaient lieu, 38% voteraient pour le Fatah, et seulement 24% voteraient pour le Hamas, le Fatah arrivant en tête à la fois en Cisjordanie et à Gaza.

Pourtant, il y a de bonnes raisons de penser que ce sondage, comme les précédents édités par JMCC et autres organismes, surestiment le soutien au Fatah et minimisent celui au Hamas d'une marge importante. (Rappelons-nous tous les sondages qui prédisaient faussement une victoire confortable du Fatah aux élections législatives de janvier 2006 et aux municipales de 2005).

Selon sa méthodologie, le sondage inclut des interviews face à face avec 1.199 Palestiniens dans des ménages sélectionnés au hasard en Cisjordanie et à Gaza.

Supposons que c'est le cas.

Abbas a effectivement déclaré le Hamas illégal et les forces de sécurité du Fatah soutenues par Israël collaborent avec les troupes israéliennes d'occupation pour conduire des rafles des partisans du Hamas.

Israël continue les kidnappings de masse et les exécutions extrajudiciaires des membres du Hamas et des autres résistants palestiniens, avec l'aide d'un réseau important de collaborateurs travaillant à l'intérieur et à l'extérieur des institutions officielles palestiniennes, et quelques organismes non gouvernementaux.

Dans de telles circonstances, il n'est pas surprenant qu'un véritable soutien au Hamas (comme mesuré par les scrutins secrets lors des élections) ait toujours été beaucoup plus élevé que celui que les gens veulent bien admettre lors d'interviews face à face avec des étrangers dont ils ne connaissent pas les véritables affiliations.

Ensuite, lorsqu'on demande aux Palestiniens d'évaluer "les résultats", ce qu'on leur demande d'évaluer n'est pas clair.

La question prend-elle en compte le fait que le gouvernement démocratiquement élu a à peine été en mesure de fonctionner à partir du moment où il a été aux affaires en mars 2006, à cause de l'enlèvement de la moitié de son gouvernement par Israël, le siège USA-UE-Israël qui l'a privé de ses ressources légitimes même pour payer les salaires, le sabotage du gang de Dahlan, et depuis juin, le blocus total de Gaza qui a pratiquement ruiné son économie ? (le tout dernier complot fut l'apparente collusion par Israël, l'Union Européenne et les conseillers d'Abbas de couper l'électricité à Gaza à partir d'accusations, démenties par les officiels de la compagnie électrique de Gaza, que le Hamas siphonnait les recettes).

En même temps, Abbas et Fayyad ont reçu des centaines de millions de dollars de leurs patrons étrangers. La comparaison n'est pas vraiment juste. Mais étant donné leurs avantages, leurs résultats dans le sondage sont remarquablement piètres.

Alors que 44% des habitants de Gaza disent que leur situation en matière de sécurité s'est améliorée depuis que le Hamas en a pris le contrôle (et 31% disent qu'elle a empiré), seulement 17% des habitants de Cisjordanie interrogés disent que leur situation sécuritaire s'est améliorée sous Abbas et Fayyad, alors que 36,5% disent qu'elle a empiré.

Plus de la moitié des sondés sont "insatisfaits" des résultats d'Abbas, alors que seulement un cinquième sont "très satisfaits".

Dans l'ensemble, 26% des Palestiniens sous occupation disent que le gouvernement Fayyad devrait être "annulé" et le gouvernement d'unité nationale (qui a été dirigé par Haniyeh) ramené au pouvoir (21% en Cisjordanie et 34% à Gaza). Seulement 17% pensent que le gouvernement Haniyeh devrait être "annulé" de manière à permettre à Fayyad de gouverner sur la Cisjordanie et Gaza (18% en Cisjordanie et 16% à Gaza). Lu d'une autre façon, ceci suggère que seulement 17% des Palestiniens sous occupation considèrent le gouvernement Fayyad comme l'autorité légitime.

Une majorité des Palestiniens veulent un retour au dialogue et à l'unité nationale – un rejet du refus intransigeant d'Abbas de discuter avec le Hamas.

Interrogés sur les leaders en qui ils font le plus confiance, Abbas arrive en premier avec 18% des voix (17% en Cisjordanie , 20% à Gaza). Haniyeh arrive ensuite avec 16% (11% en Cisjordanie , 25% à Gaza). Fayyad arrive en cinquième position avec seulement 3,5% et le même score dans les deux territoires. Près d'un tiers des Palestiniens disent qu'ils ne font confiance en personne.

A la question de leurs votes en cas d'élections présidentielles, les sondés donnent statistiquement un soutien égal à Abbas et Haniyeh (21% et 19%), alors que Fayyad obtient 5%.

Si le sondage montre un soutien faible pour Abbas et Fayyad (et une grande désaffection pour toutes les factions politiques), il montre un rejet catégorique de l'approche capitulationniste d'Abbas dans les négociations de paix avec Israël. L'annulation du droit au retour, l'acceptation des colonies israéliennes et l'abandon de la plus grande partie de Jérusalem en échange d'un Etat-croupion sur une fraction de la Cisjordanie semblent être au cœur de "l'accord de principes" qu'Abbas est en train de négocier avec le Premier Ministre israélien Ehud Olmert.

Près de 70% des Palestiniens sous occupation, selon le sondage, adhèrent au droit au retour "de tous les réfugiés sur leur terre originelle". 12% envisagent le retour de seulement quelques réfugiés sur leurs terres originelles. Seulement 7% sont d'accord avec la position qu'aucun réfugié ne doit rentrer chez lui.

82% sont opposés à permettre qu'Israël garde le contrôle "des principaux blocs de colonie de Cisjordanie en échange d'autant de terre israélienne" et 94% rejettent "le maintien de l'autorité d'Israël sur le secteur de la Mosquée Al-Aqsa" à Jérusalem.

Les propagandistes de l'industrie du processus de paix clament systématiquement que la solution à Deux-Etats est massivement soutenue par une grande majorité de Palestiniens.

Ceci n'a jamais été vrai (des millions de réfugiés et d'exilés palestiniens n'ont jamais pris part aux élections, et ne font l'objet d'aucun sondage régulier).

Ce sondage montre que parmi les Palestiniens sous occupation, le soutien à la solution à Deux-Etats est de 51% (49% en Cisjordanie et 54% à Gaza). En même temps, le soutien à "un Etat binational sur toute la Palestine où les Palestiniens et les Israéliens (sic) jouiraient de droits et représentations égaux" obtient maintenant le soutien de 30% (pratiquement similaire dans les deux territoires).

Le soutien à la solution à Deux-Etats restent remarquablement faible, étant donné les efforts massifs investis pour la promouvoir, alors que le soutien à la solution à Un-Etat est très élevée et continue de gagner du terrain, en dépit du fait qu'aucune faction ni leader politique important ne l'appuie ouvertement, et que tellement d'efforts sont déployés pour la discréditer.

La méthodologie du sondage de JMCC, le libellé des questions et le contexte posent légitimement question. Sur le site Palestinian Pundit, il y a au moins un blogger pour en douter parce que le sondeur, Ghassan Khatib, a été de nombreuses fois Ministre dans l'Autorité Palestinienne dirigée par le Fatah.

Néanmoins, quels que soient les doutes, ce sondage confirme simplement que les Palestiniens sous occupation demeurent unis sur les revendications fondamentales de leur cause.

En dépit de la conspiration à laquelle ils font face, qui vise à les affamer et les brutaliser pour qu'ils abandonnent leurs droits, le peuple palestinien reste constant dans leur défense.

Source : Electronic Intifada

Traduction : MR pour ISM

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