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Palestine -

Ramadan Abdullah Shalah : « Les négociations ne mènent à rien ! »

Par

Propos recueillis par Ali Hashem, journaliste et commentateur. On peut le suivre sur Twitter : @alihashem_tv

Dans l’immensité de la capitale iranienne, j’ai rencontré l’un des hommes les plus recherchés au monde et dont la tête est mise à prix pour 5 millions de dollars : le dirigeant du Jihad islamique palestinien, Ramadan Abdullah Shalah.
Alors que nous étions en rendez-vous, l’organisation de Shalah appliquait un nouveau cessez-le-feu avec Israël grâce à la médiation égyptienne et moins de 24 heures après les derniers affrontements qui ont touché la bande de Gaza. Les tensions ont fortement augmenté le 11 mars, quand un raid aérien israélien a massacré trois Palestiniens dans la ville méridionale de Khan Yunis.

Ramadan Abdullah Shalah : « Les négociations ne mènent à rien ! »

Le Jihad islamique et d’autres factions palestiniennes armées ont riposté en tirant quelques 130 roquettes par dessus la frontière, dans ce qui était la confrontation la plus intense depuis l’agression israélienne de novembre 2012, qui s’était également terminée par une trêve négociée sous l’égide de l’Égypte.

J’ai interrogé Shalah sur cette trêve, et pour savoir aussi si elle était coordonnée avec le Hamas. Le jihadiste - qui a vécu et étudié en Grande-Bretagne - a déclaré que son groupe avait été contacté par les Égyptiens qui ont offert de servir de médiateur.

« Nous leur avons dit que nous sommes engagés dans la dernière trêve autant que les Israéliens sont engagés. Restaurer la dernière trêve ou en signer une nouvelle revient au même, » a déclaré Shalah. Il a précisé : « Au cours des deux dernières années, nous avons respecté la trêve, mais l’occupation israélienne n’a eu de cesse de la briser. Les factions palestiniennes ont observé au cours de ces deux années un maximum de retenue, mais après la dernière attaque par Israël, nous avons eu le sentiment qu’ils faisaient une erreur de calcul. Israël semblait imaginer que nous avions peur ou que les paramètres qui importaient lors des guerres précédentes étaient maintenant sans pertinence, en raison de la situation dans la région. Nous voulions montrer à l’ennemi, comme à nos amis, qu’il ne fallait pas s’y tromper. C’est vrai que nous avons signé une trêve en 2012, mais c’était une trêve, pas une capitulation ! ».

« Était-ce en coordination avec le Hamas ? » ai-je demandé, citant un responsable du Hamas qui avait affirmé ne rien savoir de la trêve. Shalah a répondu : « Peut-être y a-t-il eu un retard, mais tout ce que nous faisons est coordonné. » Il a aussi expliqué : « Nous avons toujours coordonné toutes nos actions, dans la guerre comme dans la paix, et je vais vous révéler quelque chose : il y a quelques jours, j’étais l’invité [au Qatar] d’Abou al-Walid [Khaled Mechaal], et nous avons tenu de nombreuses réunions, allant au fond des choses pour discuter de presque tous les sujets, mais surtout de la résistance et de la situation dans la bande de Gaza. Aussi celui qui dit qu’il n’y a pas de coordination est mal informé. Nous avons convenu ensemble des mesures de représailles en cas d’attaque [israélienne]. »

La suite de l’interview :

Al-Monitor : Dans la guerre de novembre 2012, des roquettes palestiniennes ont frappé Tel-Aviv, ce qui a changé la donne. Si cette guerre se poursuit, allez-vous frapper Tel-Aviv à nouveau ?

Shalah : Notre expérience prouve que notre performance d’une guerre à l’autre ne fait que s’améliorer. Si en 2012 nous avons atteint Tel-Aviv, je pense que l’ennemi peut imaginer ce qui pourrait être au-delà de Tel-Aviv.

Al-Monitor : Certains suggèrent que cette dernière escalade a été commanditée par vos soutiens dans la région.

Shalah : C’est une honte que certains puissent propager de telles rumeurs. Qui a commencé la guerre ? Israël a commencé la guerre. Malheureusement, notre guerre avec Israël est de plus en plus limitée à la bande de Gaza. Il y a une Palestine occupée que nous devons libérer et nous n’abandonnerons pas cet objectif. Nous prenons toujours ceci en compte, mais nous agissons conformément aux circonstances dans la région et selon nos capacités. Notre résistance va continuer tant qu’il y aura Israël, tant qu’il y aura l’occupation, les agressions quotidiennes contre notre peuple. Permettez-moi de le préciser : nos armes ne sont que pour la Palestine ; nos armes ne sont pas à louer ; nous continuerons jusqu’à ce que nous voyons à nouveau le Dôme du Rocher, Jaffa et Haïfa.

Al-Monitor : Pourquoi ne voulez-vous pas prendre le chemin de la négociation ?

Shalah : Parce que ceux qui ont choisi la voie de la négociation n’ont rien gagné. Nous avons tout perdu à cause d’eux. Lorsque les accords d’Oslo ont été signés, il y avait 180 000 colons israéliens. Après Oslo, nous en avons environ 560 000. La Cisjordanie aujourd’hui est pleine de colonies, de barrages militaires israéliens. [Il y a] aussi les prisonniers. Jérusalem souffre également, en particulier avec le processus de judaïsation qui a vu beaucoup de ses habitants autochtones jetés hors de la ville. Malheureusement, la réponse de l’Autorité palestinienne [AP], c’est l’interdiction de la résistance. Mais il y a un grand potentiel et notre peuple est prêt à se soulever à nouveau. Pourquoi l’AP est-elle engagée dans la coordination de la sécurité avec Israël ? Qu’est-ce que la coordination de la sécurité veut dire ? Cela signifie que l’AP roule pour Israël.

Al-Monitor : En Israël, il y a toute une campagne pour qu’Israël soit déclaré un État juif. Quel est votre avis à ce sujet ?

Shalah : Déclarer Israël un État juif revient à dire que ce sont eux les propriétaires de la terre et que depuis 1400 ans, nous avions tort et que nous sommes historiquement les envahisseurs, non seulement les Arabes mais aussi les Cananéens. Cela signifie que toutes nos guerres étaient sans fondement. Même nos martyrs - [le défunt leader palestinien] Yasser Arafat, [le co-fondateur du Hamas] Ahmad Yassin, [le fondateur du Jihad islamique palestinien] Fathi Shaqaqi - seraient tous des criminels et non des combattants de la liberté. Si nous faisions un tel compromis, nous verrions bientôt 1,5 millions de Palestiniens en Palestine occupée traverser le Jourdain pour fuir vers la Jordanie. Ce sera la première étape vers la division de l’ensemble de la région en petits États sectaires. Pendant des décennies, nous avons condamné et attaqué l’accord Sykes-Picot. Si cela arrive, nous allons alors écrire des poésies pour louer Sykes-Picot. La Syrie en est un clair exemple.

Al-Monitor : Pendant des années, avant la crise syrienne, vous avez vécu en Syrie. Avez-vous des idées sur la situation et s’il y a une solution pour mettre fin à l’effusion de sang ?

Shalah : Au bout de trois ans, personne ne se réjouit de cette effusion de sang. Je pense qu’il est évident que toutes les parties sur le terrain sont tout à fait convaincues qu’aucune solution militaire n’est possible. La seule chose que le conflit amène aujourd’hui, c’est une effusion de sang sans espoir de fin. Si la guerre continue de cette façon, cela pourrait durer encore 100 ans. C’est ce qui s’est passé avant en Europe entre l’Angleterre et la France. Ils se sont battus pendant 116 ans. Cela peut arriver ici aussi. Beaucoup d’autres guerres sectaires et religieuses ont duré des centaines d’années. Il n’y a pas de solution pour la Syrie hors d’une solution politique, et ici, tout le monde doit être représenté. Je pose la question à ceux qui demandent au président [palestinien] Mahmoud Abbas de faire des compromis douloureux en faveur d’Israël, pourquoi ne font-ils pas eux-mêmes des compromis douloureux pour débarrasser le peuple syrien de cette guerre ?


L'article original, en anglais, a été publié le 14 mars 2004 sur Al-Monitor.
Traduction pour Info-Palestine.eu : al-Mukhtar

Source : Info-Palestine

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