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Palestine occupée -

Un coup d'Etat se trame-t-il contre Abbas ?

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Cet article, publié le vendredi 19 février 2014 sur Al-Akhbar en anglais, est une traduction de l'édition en arabe.

Pendant que l'Autorité palestinienne (AP) mène un combat au Conseil de Sécurité, à Ramallah le feu couve sous la braise. Le président de l'AP Mahmoud Abbas fait face à une épreuve en matière de leadership au sein de la Mouqata'a, le siège de la présidence, du fait de chevauchement de questions politiques et personnelles. Ceci suggère qu'Abbas est peut-être sur le point d'appliquer plusieurs décisions de limogeage de personnalités qui ne collent plus à sa ligne politique, d'autant plus que ses phobies sur des complots le visant se sont déplacées de ses opposants connus à des personnalités qui étaient autrefois proches de lui.

Un coup d'Etat se trame-t-il contre Abbas ?

Mahmoud Abbas assiste une réunion extraordinaire des membres de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) après le décès du responsable palestinien Ziad Abu Ein, mort asphyxié par des gaz lacrymogène tirés par la police israélienne lors d'une manifestation le 10 décembre 2014. (Photo Agence Anadolu / Rimawi Issam)
Gaza - Tout comme il n'y a pas de fumée sans feu, il ne peut pas y avoir de mesures et de mouvements soudains de sécurité dans les médias sans un litige réel, sinon majeur. A Ramallah, il y a actuellement une bataille ouverte entre le président de l'AP Mahmoud Abbas d'un côté, et le secrétaire de l'OLP Yasser Abed Rabbo et l'ancien Premier ministre Salam Fayyad de l'autre. Le différend s'ajoute à la rivalité considérable avec le leader expulsé du Fatah Mohammed Dahlan, qui a surgi comme une sorte de Cheval de Troie dans le paysage politique palestinien, se glissant dans les brêches qui ont commencé à apparaître. Pour la première fois en huit ans, ses partisans se montrent en public à Gaza brandissant son portrait, avec le consentement du Fatah.

C'est un message Fatah-Fatah de Dahlan à Abbas. Dahlan a dit que ce qui se passe est la première étape pour "briser le silence après que nous ayons supporté patiemment l'approche déviante du petit tyran." C'est aussi un message du Hamas pour faire du chantage à Abbas, en profitant des tentacules de Dahlan qui s'étendent jusqu'au Golfe et à l'Egypte.

Pour sa part, Yasser Abed Rabbo est un nouveau vieil ennemi. La confrontation la plus récente avec Rabbo a éclaté lorsque l'animateur de télévision proche d'Abbas, Maher Shalabi, a accusé Abed Rabbo, Dahlan et Fayyad de rencontrer en secret le secrétaire d'Etat américain John Kerry aux Emirats Arabes Unis. Les accusations, qui ont été portées pendant l'émission de Shalabi sur la chaine de télévision officielle Palestine, ont suffi à alimenter davantage le feu qui faisait rage entre Abbas et Abed Rabbo depuis plus de trois ans. Abed Rabbo a répondu aux allégations avec véhémence, disant : "[…] ce que Shalabi a dit est dégradant et vise à perturber la ligne patriotique que nous défendons à la lumière de l'attaque de Gaza, de la réconciliation [avec le Hamas] et la bataille au Conseil de Sécurité."

Abed Rabbo assiégé

Abbas n'a pas tardé à exploiter les accusations mentionnées par Shalabi pour couper les ailes d'Abed Rabbo. Il l'a dépouillé de ses fonctions liées aux dotations financières de l'OLP (le véritable rôle d'Abed Rabbo a toujours été un mystère, c'est un personnage très puissant au sein de l'OLP bien qu'il ne soit pas affilié au Fatah).

Toutefois, Ghassan Shaka, membre du Comité exécutif du Fatah, réfute qu'il y ait un lien entre le différend entre Abbas et Abed Rabbo et le fait de lui avoir retiré ses fonctions financières et administratives.

Interrogé par Al-Akhbar, Shaka a dit, "retirer au secrétariat du Comité exécutif des fonctions qui sont à l'origine confiées au Fonds national palestinien n'est pas une question politique. Il n'y a pas besoin d'un intermédiaire pour gérer les dotations financières." Shaka a ajouté, "un bureau a été ouvert pour le Fonds national en Cisjordanie , dirigé par Ramzi Khoury. Toutes les questions financières ont été récemment renvoyées au Fonds."

Shaka a continué, "Abed Rabbo continue de servir, et il était présent à la dernière réunion des dirigeants palestiniens pour discuter de la démarche au Conseil de Sécurité." En outre, Shaka a défendu Abed Rabbo, disant, "[Il est l'une des] personnalités qui se tient à l'écart des manœuvres," notant en même temps que le limogeage d'un membre du Comité exécutif n'est pas l'initiative du seul président, mais implique "des mesures juridiques pour accepter ou refuser les limogeages et les démissions."

Malgré les déclarations de Shaka, des signes indiquent que l'exclusion d'Abed Rabbo du front politique est imminente, bien qu'aucun décret présidentiel n'ait été encore publié en ce sens. Cependant, la mesure du chef anti-corruption Rafik Natsheh pour lutter contre la corruption dans les organisations de la société civile prépare le terrain pour qu'Abbas bannisse le cerveau de l'Initiative de Genève pour des raisons liées au trafic d'influence. Abed Rabbo dirige une organisation de la société civile, l'Alliance de la Paix, qu'il a créée en 2000 suite à l'Initiative, et Salam Fayyad a fait de même avec Palestine Demain, une organisation de la société civile très active.

Des articles sur la démarche de Natsheh concordent avec des déclarations faites par des sources qui ont dit à d'Al-Akhbar, "La décision du président (recommandation financière) est entrée en vigueur, en dépit du fait qu'Abbas est certain que le tout dernier rapport de la sécurité concernant une réunion secrète aux Emirats Arabes Unis est inexact." Les sources ont poursuivi, "[Abbas] envisage deux options pour se débarrasser d'Abed Rabbo, soit en le virant directement, soit en lançant des accusations de corruption financière contre lui."

La seconde solution est la plus probable à la lumière de la position de la direction, puisque la première option contournerait les décisions du Conseil national. A cet égard, Jamil Shehadeh, membre du Comité exécutif, a dit à Al-Akhbar, "Le Conseil national n'a pas encore été convoqué en tant que partie en charge des décisions de limogeage. En outre, les réunion du Comité n'ont pas du tout abordé les conflits aigus entre les deux bords," notant que les disputes ne sont que "des divergences d'opinion".

Abed Rabbo n'a pas de titre officiel à l'AP, ce qui rend difficile de l'obliger à prendre sa retraite, comme c'est arrivé à Jamal Zaqout il y a quelques jours. Zaquout était un proche collaborateur d'Abed Rabbo. Le 8 décembre, Abbas a fait publier un décret présidentiel obligeant Zaqout à prendre sa retraite. Zaqout fut pendant six ans conseiller de l'ancien Premier ministre de l'AP Salam Fayyad et membre de la délégation de négociateurs sur le statut final conduite par Abed Rabbo. Al-Akhbar a joint Zaqout, qui a refusé de donner des détails sur la mesure soudaine, mais a dit, "C'est une décision très arbitraire, parce qu'elle a été prise sans donner les raisons véritables."

Le contexte des différends

Le différend entre Abbas et Abed Rabbo remonte à Septembre 2011, quand le premier a accusé le second d'essayer de faire échouer ses efforts politiques pour la reconnaissance internationale d'un Etat palestinien. Abed Rabbo et Fayyad ont été accusés d'avoir laissé entendre dans des capitales arabes que le président de l'AP ne voulait pas sérieusement obtenir la reconnaissance. Après une bataille de déclarations et de contre-déclarations, Abbas a retiré à Abed Rabbo les fonctions liées à la supervision des médias officiels de l'AP, y compris la radio et la télévision, qualifiant ce qui venait de se passer de « coup de poignard dans le dos à un moment historique critique."

Le point de rupture s'est produit peu de temps après, quand Abed Rabbo et Fayyad ont refusé de participer à une délégation palestinienne chargée de relayer le message de M. Abbas au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ce que les observateurs ont considéré comme « la goutte qui a fait déborder le vase." A l'époque, le différend a culminé, et Abbas a interdit à la télévision palestinienne de recevoir Abed Rabbo et Fayyad, avant qu'il ne lève l'interdiction pendant un certain temps. Aujourd'hui, l'interdiction est à nouveau en vigueur.

Ceci s'est produit malgré le fait qu'Abed Rabbo fut d'une des principales "colombes de la paix" et un avocat de la normalisation avec Israël et les Etats-Unis, depuis qu'il a été nommé à l'OLP en 1971. Pendant la dernière guerre sur Gaza, cependant, Abed Rabbo a fait des déclarations inhabituelles pour lui. Répondant à Abbas à l'époque, il a dit, "Gaza n'est pas un sponsor du terrorisme, mais un bouclier qui subsiste contre l'occupation. Malheur à nous, Palestiniens, si Gaza est brisée." Abed Rabbo a également dit, "Ni le Hamas ni ses armes ne sont à blâmer pour ce qui arrive, mais plutôt Israël, le criminel."

Le mois dernier, Abed Rabbo est intervenu suite à la répression des syndicats et de l'arrestation du président du Syndicat des Fonctionnaires, Bassam Zakameh, et du vice-président du Syndicat, Moein Ansawi. Alors qu'Abed Rabbo assistait ensuite à une réunion convoquée par la commission des listes électorales au Conseil législatif, il a dit, "L'OLP ne peut être que du côté des voix qui demandent à l'exécutif de cesser ses attaques sur la liberté du travail syndical."

Fayyad et la succession d'Abbas

Contrairement à la bataille avec Dahlan et Abed Rabbo, la bataille entre Abbas et Fayyad n'est pas publique. Il semble que Fayyad profite du ressentiment arabe du fait qu'Abbas reste en fonction pour vendre ses actions dans la rue palestinienne et renforcer ses relations avec des gouvernements étrangers. Avant d'entrer dans les détails, cependant, il est important de noter que la liste électorale Troisième Voie lancée par Fayyad lors de l'élection générale de 2006 a été secrètement dirigée par Abed Rabbo et soutenue par les Émirats Arabes Unis.

Le différend entre Fayyad et Abbas a fait surface de manière aiguë en 2012, lorsque Fayyad a démissionné à la suite d'un affrontement avec Abbas sur l'acceptation ou le refus de la démission du ministre des Finances d'alors Nabeel Kassis, car Fayyad avait tenu ce portefeuille pendant plusieurs années. Depuis sa démission, Fayyad s'est retiré de toute action politique officielle, et a concentré ses efforts sur la Fondation Palestine Demain, qui est active dans "la réalisation du développement durable et l'amélioration de la qualité des services offerts dans les zones négligées de la Cisjordanie et de Gaza." La fondation a provoqué beaucoup de controverses au sein du Fatah et de l'Autorité palestinienne en raison de ses énormes capacités financières et de ses liens avec les pays donateurs et les organisations locales.

En raison de l'hostilité du Fatah, le Service de Sécurité préventive - qui n'est pas autorisé à traiter avec les ONG - a attaqué la fondation de Fayyad et réquisitionné des documents électroniques, et même convoqué Fayyad en personne pour un interrogatoire en août. Bien que les actifs de Palestine Demain n'aient pas été gelés et que la fondation n'ait pas été fermée, l'opinion dominante est qu'Abbas continuera à faire pression dans ce sens.

D'autres sources ont dit à Al-Akhbar, "Fayyad a une bonne réputation parmi les pays donateurs. Il essaie d'élargir sa base populaire pour devenir un candidat à la présidentielle solide car il a de liens étroits avec les responsables de la sécurité et les capitalistes de l'AP ; de plus il se présente comme le successeur d'Abbas dans les milieux américains et israéliens, qui ne l'ont toujours pas contesté."

Ainsi une triple migraine encercle maintenant Abbas, qui n'a pas encore fixé la date de l'élection présidentielle ni exprimé son intention de se retirer. Les soucis d'Abbas ont empiré quand le ministre des Affaires civiles et des liaisons entre Palestiniens et Israéliens, Hussein al-Sheikh, lui a parlé d'un coup d'Etat planifié par Abed Rabbo, Fayyad et Dahlan, ainsi que par l'ex chef du renseignement Tawfiq Tirawi, et d'autres membres du Comité central du Fatah, selon ce que des sources ont dit à Al-Akhbar.

Jeudi, Gaza a découvert à son réveil de grandes affiches accusant Abbas de trahison et le menaçant d'un événement capital du Fatah à la mi-janvier prochain. Une personne proche de Dahlan a dit, "Abbas ne fait plus confiance à personne, en particulier parce qu'il souffre de symptômes liés à la vieillesse et il veut éliminer tout ce qui reste d'une direction collective." Il a ajouté : "Toutes les préoccupations d'Abbas sont délirantes. La situation palestinienne est complexe et il n'est facile pour personne de prendre la relève."

Quant au responsable du Fatah Yahya Rabah, il a déclaré, "Ceux qui agissent à titre individuel en dehors du cadre légitime et outrepassent leurs prérogatives seront punis." Il a ajouté, "Aucun membre de l'OLP n'a le droit de traiter avec des tiers sur la base de son point de vue personnel en dehors des lois et des règlements," en référence à la prétendue réunion secrète dans les Emirats Arabes Unis.


Source : Al Akhbar

Traduction : MR pour ISM

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